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122.

Suite.

- Laura, attends !

Il la rattrape sur un trottoir minuscule mouillé par une pluie de gouttes éparses. Elle n'a pas pris le temps d'enfiler son manteau. Elle se retourne lorsqu'elle le sent proche. Ne lâchant pas son sac elle essaie de s'habiller mais n'y arrive pas. Elle a les yeux pleins de larmes. Lui a pitié de ce mascara qui coule sous ses yeux et dans ses rides précoces. Au lycée, elle disait « les yeux pandas ». Il voudrait la prendre dans ses bras mais ne bouge pas.

- Je suis désolé.

- Pour quoi ?

Un autre jour, il aurait ri. Toute sa vie d'adulte, il l'a risquée, l'a mise en jeu, l'a jetée sur le tapis pour arriver à cette minute même. Revenir aux origines du mal. Il a envie d'en finir. Dire la vérité à Laura pour réparer ses torts.

- J'ai beaucoup pensé à nous. Au mal que je t'ai fait. Et tu méritais juste l'inverse, l'inverse total de ce qui est arrivé. J'ai été un monstre. – Il se met à pleurer – Je m'en suis voulu et je m'en veux encore de t'avoir infligé ce cauchemar. Je suis un connard. Je n'ai jamais rien mérité de ce que j'ai eu, de ce que la vie m'a offert. Toi, ma sœur, j'ai rien fait, rien fait pour vous mériter, pour vous avoir eues près de moi. J'ai essayé de compenser ce qui m'est arrivé et vous n'étiez pas suffisantes, je suis désolé, je ne vous voyais pas. Je ne t'ai pas vu.

Il a honte et il voudrait qu'elle réagisse et qu'elle le croie. Il dit :

- On m'a volé ma vie.

- Quelle vie ?

- Tu as le droit d'aller voir un autre flic. On t'en enverra un autre. Un gars ou une femme contre qui tu n'as pas envie d'écraser ta bagnole.

Laura amorce un geste vers lui mais s'abstient. Jules s'approche. Elle se laisse faire. Il la serre trop fort. Il pleure. Elle ne dit rien, se crispe. La pluie tombe plus fort et se mêle à leurs larmes.

- Pardon Laura. Pardon.

Elle ne répond pas. Il continue :

- Je suis proche de la vérité, il faut que je sache avant les autres. Cette fille dont je t'ai parlée a disparu il y a cinq jours. Il ne me reste plus que 72h avant d'avoir les poings liés. Il faut que tu me racontes ce soir où Manon est morte. Je crois que le coupable de cette affaire est l'assassin de Manon.

Il lui prend le visage.

- Il faut que tu me dises ce que tu as vu.

Il s'attendait à autre chose que :

- On va dans ta voiture.

- Quoi ?

- Il pleut et j'ai pas envie de retourner là-dedans, dit-elle en désignant le restaurant d'un signe de tête. C'est trop cher pour ce que c'est.  

Avenue MercedesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant