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LOLA FERGUSSON

Mardi 2 mars 2021. 3 avenue Mercedes.

- De moi ?

Matteo s'est avancé sur son canapé.

- Alors tu ne te rappelles pas ? Vraiment ?

Il s'est levé, s'est approché de moi, s'est assis sur l'accoudoir de mon canapé et m'a fixée. Il regardait mes cheveux, ma poitrine. Je me suis levée.

- Écoutez, je ne sais pas de quoi vous parlez.

- Tu ne te souviens pas de moi ?

Il attendait.

- Tu ne te rappelles pas quand je t'apprenais à faire tes lacets ? Ni les indiens, ni les lacets ?

- Mes lacets ?

- Au Château. Été 99. A Bordeaux. On a passé trois semaines avec ton frère dans ce centre aéré. Tes parents t'avaient laissée une journée avec nous. Tu nous accompagnais partout. On jouait aux indiens, on faisait comme si on avait des plumes sur la tête et on croyait que scalper c'était s'arracher les plumes et je t'ai appris à faire tes lacets. Tu avais pleuré dans la voiture en partant.

Je me souvins des herbes hautes et jaunes de l'été, des tables du réfectoire où l'on mangeait des légumes immondes, violets, « Betterave » répétait Jules pour m'apprendre le mot. Je ne visualisais pas Raphaelli à la table.

Je revis les arbres et le château. Je me souvins m'être retournée dans la voiture de mes parents qui roulait sur le chemin pour partir. Matteo était au pied des marches du château avec Jules et une femme à côté d'eux. Je me souvins de mes pleurs et de mon père me demandant de m'asseoir correctement et de ma mère m'attrapant en essayant de ne pas me faire mal pour attacher la ceinture du siège auto.

- Tu diras à ton frère de passer lui-même quand il aura de nouvelles questions à me poser. Nous aurons certainement des choses à nous dire. 

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