Avenue Mercedes

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MATTEO RAPHAELLI

Dimanche 28 mars 2021. Champigny. Chez Nathan Gazan et sa fiancée.

Nous étions à Champigny, une petite ville à l'est de Paris. Nathan et sa fiancée m'avaient invité à passer le dimanche avec eux.

Nathan était dans le jardin. Amandine et moi débarrassions la table. Elle lança un regard à travers la fenêtre de la cuisine de leur maison pour vérifier qu'elle pouvait me parler.

- Il t'adore.

Elle posa les deux bouteilles de vin vides sur la table un peu trop fort. Je compris alors que la suite n'allait pas être facile à dire pour elle.

- Une policière est venue lui poser des questions. Jeudi. Une femme. Jeune.

Je souris pour la détendre.

- C'est une devinette ?

Elle était sérieuse. C'était notre première véritable discussion depuis le début de l'affaire.

- Matteo. Je sais que tu es innocent mais l'autre jour une jeune femme est aussi venue ici. Nathan fait venir ses témoins ici, tu te rends compte ?

- Je n'ai donné votre adresse à personne. Nathan est mon avocat. Je n'ai pas à lui dire comment faire son métier. Si tu veux qu'il ne le soit plus, parles-en avec lui.

Elle pinça ses lèvres. Je l'avais blessée.

Ils avaient acheté à crédit une jolie maison. Une ancienne pharmacie. Il y avait une petite terrasse et un jardin à l'arrière. Nathan le contemplait comme s'il avait tout fait lui-même avec une fierté extraordinaire. Lorsque je l'eus rejoint, il me sourit.

- C'était un bon déjeuner à la campagne, hein ?

Je pris une inspiration :

- Tu peux ne plus être mon avocat si tu veux.

- Quoi ?

- Je sais que ça te cause des soucis. Je viens de discuter...

- Qu'est-ce que tu racontes ? C'est mon métier. Je veux que ce soit moi.

- Toi quoi ?

- Qui te sauve la vie.

Il vint me donner une tape dans le dos.

- Ça ne plaît pas beaucoup à Amandine, insistai-je.

- J'ai pas fait des études d'horloger ok ? Je lui en parlerai. – Sur le ton de la plaisanterie il ajouta – Il faudrait qu'elle voit un peu le héros que je suis. – Comme il me voyait encore soucieux. – L'affaire se passe bien. Je... Je peux te dire certaines choses.

Il s'assit dans un fauteuil qu'il plaça face au jardin et je fis de même. Il dit :

- Lola Fergusson est venue me voir il y a quelques jours.