Tome 2 : Chapitre 5

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17 juillet 2020

Ken

- Elle me manque.

Edna chouine sur mon épaule au même moment où je m'apprête à boire une gorgée de mon thé. Je vais la tuer. Après je m'en fou hein, c'est son canapé.

- C'est trop long, elle continue à râler.

C'est une éternité, ouais. Entre le covid et l'absence de Jad, j'ai l'impression que le temps ne passe plus. Comme elle l'a si bien dit, c'est trop long.

J'ai quand même eu un regain d'énergie après avoir ouvert ses cadeaux de Taiwan. Je me suis senti comme un gosse, j'ai sentit mon coeur s'accélérer, taper fort contre ma poitrine. Je me suis sentit vivant. Et pour ne pas que ça cesse,  j'ai lu et relu sa lettre une bonne centaine de fois. Je vous le donne dans le mille, je la connait par cœur.

- À moi aussi elle me manque, je soupir en passant un bras autour de ses épaules.

- Tu sens son odeur en plus, elle marmonne en attrapant mon col pour le coller sous son nez.

Je la regarde inspirer comme une folle et me retiens d'exploser de rire. Elle est cinglée.

- On dirait que c'est toi sa meuf, calme toi.

- Je l'aime d'amicalité, c'est un amour que tu ne pourras jamais comprendre, c'est pas pour ça que tu dois le dénigrer.

- Je préfère comment elle m'aime moi, je lui dit d'un air faussement hautain.

Elle m'imite en grimaçant avant de replonger son nez sur le col de mon pull. Libérez- moi.

- Ça va, je vous dérange pas ?

Voilà, parfait, elle va pouvoir se consoler dans les bras de son mec. Elle est en train d'aspirer toute l'odeur de Jad, si jamais je sens plus rien je crois que je la tue.

Aucun de nous deux ne réagis face à la pique de Deen, simplement parce que ça n'en est pas une, c'était juste sa manière de s'annoncer. Edna, c'est vraiment comme une soeur, j'ai pas un soupçon d'attirance pour cette personne. Ni pour aucune autre fille d'ailleurs, inclue Lucille.

A la base, c'est pour ça que je suis venue prendre un thé avec elle dans le salon. Pour parler de Lucille.
J'ai du mettre les choses aux claire avec elle il y a quelques mois parce qu'elle m'a presque coincé dans la salle de bain pour me proposer d'aller boire un verre, pour le réouverture des bars. J'ai refusé, je l'ai regarde droit dans les yeux et je lui ai dit que je ne voulait pas rencontrer de nouvelles filles que mon coeur était entièrement pris et qu'il n'y avait plus aucune place. Tout d'un coup elle n'a plus sourit, ses yeux ont fixés mes chaussures pendant quelques secondes puis quand elle à relevé la tête j'ai compris. Qu'elle ne lâcherait pas l'affaire. Je les connait trop ces sourires vicieux, j'en ai fait et on m'en a fait. Elle a fini par me dire qu'elle comprenait, qu'elle était désolée, puis elle est partie.
Après ça, quand elle était ici pour travailler avec Edna, elle ne m'a plus parlé que quand c'était nécessaire, à la place, elle me jetait des regards insistant, elle faisait en sorte de se baisser devant mes yeux et toutes sorte d'autre petits gestes qui m'ont rendu mal à l'aise.

J'aurais pu en parler avec Edna dès le début, et je voulais le faire. Mais le jour même, au moment du repas, quand Lucille est rentré chez elle, elle m'a expliqué que sans elle aujourd'hui, elle aurait sûrement du retaper son année. Elle avait attaqué a bosser en groupe avec Jad pour le dossier final avant qu'elle ne quitte la ville. Les groupes étaient déjà tous formés et il ne restait que Lucille, nouvelle à Paris venue de Toulouse. Alors j'ai eu le choix entre tout lui dire et faire prendre le risque de lui faire foirer son année  à cause de "différents" avec sa camarade de groupe ou tout garder pour moi et faire en sorte de ne plus être présent quand Lucille est là sans qu'Edna ne trouve ça trop louche.

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant