Chapitre 53

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[Double update pour ce soir, c'est cadeau ! Pensez à lire le chapitre 52. Encore un chapitre court pour mettre en place la suite]

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14 novembre 2018

« L'enfer à l'envers, j'ai la tête en l'air »

Ken

*

Il y a deux semaines, quand Ken s'était réveillé, les médecins lui avaient dit qu'il sortirait de l'hôpital le 21 novembre au plus tôt. Aujourd'hui, il préparait sa valise pour partir définitivement de cet endroit aseptisé. Il ne se retournerait pas.

Le départ et le silence de Jad avait jeté un vide en lui, il le ressentait tout au fond de lui. Mais l'ambition de la ramener auprès de lui était bien plus forte, elle prenait possession de tout son être alors « il allait bien ». Cette fois, il ne mettrait pas la production de son album en arrêt. Il devait finir le film, puis la première partie de son album. Il avait déjà tout planifié pour la seconde partie, il la sortirait deux semaines après et pratiquement toute ses idées étaient en place. Il n'avait plus qu'à produire, enregistrer et ramener Jad à la maison. Pour le reste, les prestataires s'en chargeaient, il devait juste s'assurer que se demandes soient respecté. Il n'allait plus avoir beaucoup de temps pour lui, il le savait mais il avait pleinement conscience de ce qu'il faisait et il avait la hargne. S'il sortait aussi tôt, ce n'était pas pour rien. Il avait fourni plus d'efforts que demandé et il grattait presque tous les jours une heure de séance de kiné en plus pour ses cotes. Depuis une semaine les examens étaient parfaits, plus aucune douleur ne le dérangeait ni à la tête, ni au dos, ni au thorax.

- Alors c'est vrai, tu nous quitte ?

Il hocha la tête en souriant à Lisa qui venait de rentrer dans la chambre et se reconcentra sur son sac déjà presque fini.

- Tu vas manquer au service, elle continua en s'avançant vers lui.

- C'est mal si je dis que moi non, pas trop ?

Un petit rire aigue s'échappa de la voix fluette de l'infirmière avant qu'elle ne prenne place sur le lit, en face de Ken.

- Pas même moi ?

Il se contenta de lui sourire pour ne pas répondre et se concentra sur le pliage de ses habits.

- Quel sont tes projets après la sortie ? On pourrait se boire un verre un de ses quatre.

- Je comptes travailler et ramener la femme que j'aime près de moi.

Elle secoua la tête de haut en bas en se pinçant les lèvres et sembla hésiter à dire quelque chose. Il le sentit puisque qu'il s'arrêta un moment pour l'encourager à parler.

- Je ne comprends pas trop, elle n'est jamais venue te voir et c'est toi qui dois lui courir après ?

Sa question était déplacée et il n'avait pas vraiment envie d'y répondre mais il saisissait l'occasion de mettre les choses aux claires avec elle. Elle ne l'avait jamais dragué ouvertement mais les petits signes étaient visibles, et les allusions sur Jad qui ne devait pas vraiment l'aimer pour ne pas venir une seule fois le voir l'avait agacé plus d'une fois. Mais il avait fini par s'en foutre et il l'avait laissé parler puisque de toute façon, elle ne la connaissait pas, elle ne savait rien de son passé, de leur histoire, d'à quel point ils s'aimaient.

- C'est plus compliqué que ça.

- Je tente quand même ma chance, si elle ne revient pas tu pourras toujours me passer un coup de fil.

Il s'arrêta une nouvelle fois pour la regarder et attendit qu'elle en fasse de même pour qu'elle imprègne bien ce qu'il s'apprêtait à lui dire : la stricte vérité.

- C'était du vent avant elle, et ce le sera aussi après. Alors merci de ta proposition Lisa, mais je vais devoir refuser. Et puis elle va en revenir, moi je n'en doute pas.

- Je comprends, elle susurra en se levant. Au moins j'aurais tenté.

Elle était jolie Lisa, et gentille aussi. Mais elle ne brillait pas comme Jad. Ses lèvres étaient trop étroites, ses cheveux trop clairs, son visage trop fin, ses yeux trop foncés, son corps trop mince. Alors que Jad, elle était tout. Tout pour lui.

- Je suis la Ken, s'exclama Edna en rentrant dans la chambre. Encore vous ? elle demanda en voyant Lisa près du jeune homme.

- Comment ça encore moi ? retorqua la jeune femme en fronçant les sourcils.

- Je sais que vous le draguez, je suis une femme moi aussi. Son cœur est pris je pense que tout le monde l'a entendue dans cet hôpital.

Elle exagérait, ça n'avait pas dépassé les murs de cette chambre et les infirmières mises dans la confidence avaient pour obligation de se taire mais il ne put se retenir de sourire à son amie. Elle était protectrice Edna, et aussi motivé que lui à faire revenir Jad parmi eux.

- Oui, il vient de me le dire.

- C'est une bonne attitude ça mon grand, elle le félicita en lui offrant un clin d'œil par-dessus l'épaule de Lisa.

- Tu viendras nous dire au revoir avant de partir Ken ?

- Oui bien-sûr.

Sur ses mots, et sans oublier d'offrir un immense rictus à la colombienne, elle sortit de la chambre. Edna ne manqua pas de grimacer pour l'imiter ce qui fit rire Ken de plus belle.

- Elle est folle elle, elle marmonna au bout de quelque seconde. Alors content de sortir ?

- Grave, je suis impatient.

- Ménage toi quand même un peu.

- Tu me connais, je vais y aller ce soir, j'attend que ça depuis des semaines

- Tu sais que tu n'obtiendras rien d'elle.

- Je sais, mais je vais quand même y aller.

- Je te mènerais alors.

- T'es pas obligée.

- Je veux pas entendre ce genre de phrase.

- Merci.

A vrai dire, il n'en avait rien à faire des séquelles que l'accident avait pu laisser sur son corps, l'absence de Jad était bien pire que ça. Il savait déjà ce qu'il allait faire ce soir. Grâce à ses amis, il savait à peu près à qu'elle heure elle revenait au studio de sa mère le jeudi soir. Il la laissera rentrer dans l'immeuble puis chez elle et il montera jusqu'à son étage. Il s'assiéra contre sa porte et il lui parlera, pour qu'elle entende sa voix. Il ne savait pas encore ce qu'il allait lui dire et sûrement qu'il se fera virer par le voisinage mais il fallait qu'elle réalise. C'était si évident pour lui, ils avaient toujours été sur la même longueur d'onde, elle ne pouvait pas penser autrement. Il fallait qu'elle revienne à la raison. 

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant