Tome 2 : Chapitre 14

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23 septembre 2020

Pdv Jad

- Celui-ci devrait mieux vous convenir.

L'agent immobilier me fait signe d'entrer dans l'appartement suivis de Fram et Moh qui n'ont rien trouvé d'autre à faire que de m'accompagner. Je dois avouer que je suis contente qu'ils soient là, c'est le sixième logement que je visite sans succès et vu que j'ai décidé de m'occuper de ça toute seule, j'arrive à saturation. J'évite de trop leur demander de l'aide avec tout ce qu'il s'est passé dernièrement. Je sais que mon départ et l'accident de Naïm ont un peu freiner les choses pour certain d'entre eux. Certes le covid y joue pour beaucoup, mais j'arrête pas de me dire que finalement, depuis que je suis arrivée ici à Paris, il y a eu beaucoup de drame lié à moi, parfois indirectement mais n'empêche que, il y avait toujours un lien. Je vois bien par exemple que Ken a beaucoup de retard à rattraper pour le projet d'Alpha, la preuve en est qu'il passe presque toutes ses nuits au studio et quand il rentre, je pars chez Edna pour des cours particuliers avant ma rentrée et l'après-midi je visite des appartements. Mon côté égoïste voudrait qu'il soit un peu plus présent mais mon bon fond me dit que je n'ai aucun droit de lui dire de ralentir.

Puis je garde tout pour moi, j'ai plus envie que mes soucis prennent autant de place dans la vie de mes proches. La rentrée m'angoisse, la recherche d'appart et toutes les petites choses à prendre en compte me tracassent j'ai peur d'oublier plein de petits details. Il y a aussi toutes les choses à penser pour la sortie de Naïm, aller récupérer ses affaires, contacter des infirmières, des aides soignantes, des aides à domicile et tous ce que ça implique.

Depuis qu'il est réveillé, tout le monde est plus serein, les projets reprennent, les éclats de rires sont plus présents, je veux pas gâcher ça. Sauf que ça ne m'a jamais réussi de garder les choses pour moi, surtout quand j'arrive plus à gérer. Je crois que c'est un peu ça le soucis aussi, j'ai l'impression de n'avoir jamais réussis à me débrouiller toute seule. Je voudrais juste prendre tout ces petits soucis sur mes épaules et réussir à les porter mais je me sens déjà perde l'équilibre. Résultats des courses, je suis tendue, stressée, angoissée, énervée. Et butée, puisque malgré tous ces points négatifs, je ne compte toujours rien dire à personne. Je sais que ça peut paraître stupide mais je déteste avoir l'impression d'avoir mis entre parenthèses leur vie a plusieurs reprises. Quand un des leurs est impliqué, tous les autres le sont aussi, je me souviens encore quand ils venaient tous les soirs me voir en bas du studio de ma mère pour essayer de me raisonner après l'accident de Ken. Ils ne savaient pas toujours  les heures où je rentrai et je faisais parfois exprès d'arriver plus tard mais peut importe qu'il s'agisse d'une, deux ou trois heures de retard, ils étaient systématiquement là. J'ai essayé de faire un calcul approximatif du temps que j'avais pu leur faire perdre entre ça et toutes les autres histoires et j'en suis venue à cette conclusion complètement nulle. Il faut que je me débrouille toute seule, que je laisse tout le monde respirer.

- L'ancienne locataire était une femme âgée, elle a été placé en maison de retraite il y a six mois.

- La vache il est immense, s'émerveille Moh en faisant un tour sur lui même.

- Elle était en fauteuil roulant donc toutes les pièces sont spacieuses, reprends l'agent immobilier, il y a très peu de meubles en hauteur.

Moh a raison, le salon fait au moins le double de l'appartement que j'occupais avec Edna. La cuisine est ouverte, seulement un îlot central en marbre blanc sert de séparation. Un peu trop classe à mon gout mais au point où j'en suis, je ne m'attarde plus sur ce genre de petits détails. La salle de bain comporte une douche à l'italienne ce qui est vraiment un bon point. Avec sa jambe, Naïm devra faire le moins d'effort possible.

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant