Chapitre 58

1.2K 72 9
                                    

15 décembre 2018

« Y en a plein mais y en a qu'une, c'est toi »

*

Ken

Il n'avait pas prononcé un seul mot depuis qu'ils avaient prit la direction du studio. Elle non plus, mais le silence n'était pas gênant, il y avait une sorte de sérénité qui rodait autour d'eux. Maintenant qu'ils étaient arrivés, il ne se doutait pas de ce qu'elle pourrait bien lui dire. Si Edna le tenait informé des grandes lignes quant à l'état de Jad, elle ne dévoilait jamais le fond du travail qu'elle faisait avec sa psychologue. Mais au fond il s'en moquait, présentement, il n'avait qu'à pivoter sa tête sur la droite pour apercevoir le profil de Jad et c'était déjà suffisant.

Elle tourna son visage vers lui à ce même moment et ses lèvres s'étirèrent vers le haut en même temps que ses yeux se remplirent de larmes. Il voulu regarder droit devant lui pour ne pas la voir pleurer, il ne voulait pas la faire pleurer. Mais elle venait de faire un énorme pas en avant, il ne devait pas l'ignorer il devait l'encourager et pourquoi pas commencer par lui poser des questions. Ça ne devait pas être facile pour elle non plus de débuter ce genre de conversation.

- Qu'est-ce que tu vois quand tu me regarde ? Il commença doucement pour ne pas la brusquer.

- Je te vois toi. Juste toi.

- Pourtant tu es en train de pleurer.

- Je crois que je suis heureuse. Et beaucoup confuse.

Elle leva ses yeux vers le ciel, surement pour les faire sécher puis se tourna entièrement vers Ken pour se placer en face de lui. Elle ne pleurait plus maintenant, pourtant elle le couvait toujours du regard. C'était bon de pouvoir sentir sa présence près de lui, l'effet qu'il ressentait était toujours le même. Il se sentait juste bien et ça n'avait pas de prix, il l'avait bien compris depuis le temps. Il l'avait enfin trouvé la personne qui le ferait se sentir à sa place dans l'univers, il n'avait qu'à poser ses yeux sur elle pour en être certain. Il n'en avait rien à faire qu'on le traite de canard ou de romantique, il était juste sensible il avait fini par l'accepter complètement et il était beaucoup plus épanoui depuis. Il avait toujours eu tendance à s'attacher aux femmes qui lui faisait le plus de mal, il avait mis du temps à comprendre que ce n'était pas ça qu'il lui fallait. Mais il n'était pas non plus sûr de qui il était vraiment à l'époque. Maintenant qu'il le savait, maintenant qu'il se sentait adulte et qu'il avait laissé son adolescence derrière lui il savait que Jad était la bonne. Elle était foncièrement gentille, simple, drôle, un peu folle parfois quand elle tentait de lui faire des prises de karaté, compréhensive, attentive et aussi sensible que lui. Et des défauts, bien-sûre qu'elle en avait, il pouvait en citer des dizaines mais sans eux, elle ne serait pas elle.

- En fait, je t'ai menti, elle souffla en le sortant de ses pensées. Ce n'était pas vrai quand je t'ai dit que j'ai mieux vécu la mort de Jian. Je l'ai juste ignoré, après l'enterrement, je suis partit en retraite de karaté puis je suis rentrée en France. Donc le karaté ne m'a pas sauvé, il m'a juste permis de ne pas y penser. Puis quand je suis rentrée en France, c'était toute ma vie de là-bas que je laissai derrière moi alors c'était moins dur.

Elle se stoppa pour prendre une grande respiration et frotta ses ongles contre son jean mom. Il voyait bien que ce n'était pas évident d'avouer tout ça à voix haute, quand bien même elle avait déjà dû le faire avec sa psy, alors il glissa une de ses mains sur la sienne pour lier leurs doigts.

- Au final, elle reprit, je ne lui ai jamais vraiment dit aurevoir, je m'en suis rendue compte en partie à cause de ce qu'il s'est passé. Je savais plus quoi faire de mes émotions, tout se mélangeait. J'avais l'impression de ressentir une double peine et je n'arrivais plus à gérer. Alors j'ai exactement fait la même chose, je me suis concentré sur le travail, je ne faisais plus que ça. Je suis vraiment désolée Ken, elle appuya en le regardant, je sais que je t'ai fait de la peine. Je pensais que...

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant