Tome 2 : Chapitre 18

773 46 11
                                    

5 octobre 2020

Ken

Au milieu de toute la cacophonie que provoquent mes gars depuis qu'ils ont investis les lieux dans le nouvel appartement de Jad et Naïm, une seule chose retient mon attention.

D'aussi loin que je m'en souvienne, et malgré toutes ses blessures passés, Naïm n'a jamais perdu son sourire quelque en sois les situations. En prison, à chaques fois qu'il passait la porte du parloir et qu'il rentrait dans la pièce ses commissures était redressés. Sauf qu'au delà de ça, au delà de ce qu'il voulait montrer aux autres, j'ai toujours vu une petite lueur triste dans le fond de son regard, la même que la mienne, celle qui nous rappelle que rien n'est jamais acquis dans ce bas monde.

Aujourd'hui, quand je le vois rire aux éclats avec mes potos, je peux confirmer que quelque chose à changé dans ses yeux. Il n'a plus le regard constamment fixé sur la porte d'entrée, au cas où quelqu'un voudrait subitement régler ses comptes avec lui. Il n'a plus cette manie de tendre toujours l'oreille sur le moindre bruit extérieur, il n'a plus ce regard à mi chemin entre l'attention et le vague. Aujourd'hui, il est dos à la porte, les oreilles bien droite et toute son attention se porte sur les gens présents pour son retour.

Je veux pas paraître trop démonstratif au risque de me faire charier par l'ensemble de mes amis mais je suis vraiment heureux pour Naïm, même si il va devoir garder son bracelet électronique pendant encore trois ans, je sais qu'il va pouvoir rebondir. Je ne connais pas ses rêves, ceux qu'il aurait aimé réaliser avant d'être obligé de finir ce que le père de Jad comptais faire avant sa mort : détruire le réseau au risque de sa vie.

On en a jamais parlé, il n'a jamais laissé les portes ouvertes pour ce sujet de conversation. Sûrement parce qu'il ne savait pas où tout ça le mènerait, s'il allait être trop tard quand il aurait fait plusieurs années de prison ou tout simplement parce qu'il savait qu'il risquait sa vie tout les jours. Sûrement que ça lui faisait mal d'en parler juste pour se rendre compte à quel point il avait peu de chance de les réaliser, ses rêves.

- T'es avec nous gros ? me demande Deen en me tapant l'épaule. Il se passe quoi encore dans ton cerveau bizarre ?

- Presque que des choses positives promis.

- J'aimerais en dire autant, il me chuchote en m'entraînant vers la cuisine un peu à l'écart de autres.

- Il t'arrive quoi ?

Il pose ses coudes sur le plan de travail en marbre blanc et se frotte frénétiquement les cheveux. Je connais bien trop ce genre d'attitude, c'est l'attitude d'un mec amoureux un peu perdu.

- Ça fait plusieurs semaines que j'y pense, il commence en plantant ses yeux dans les miens. On a l'air si faibles, nous les hommes quand il s'agit de la femme qu'on aime. Tous les matins j'ouvre les yeux avant elle, limite c'est comme si j'avais une alarme interne et je la regarde. Ça peut durer des minutes et chaque fois je fais le même constat.

- C'est elle et pas une autre.

Il s'esclaffe en plongeant sa tête dans ses mains, sûrement pour caché son sourire niais. C'est vraiment drôle de le voir dans cet état.

- Tu fais des genre de bails chelou comme ça toi aussi ?

- La regarder dormir le matin, c'est rien pour moi, je ris alors qu'il me regarde maintenant avec des gros yeux.

- Genre finir ma nuit de son côté quand elle se réveil tôt pour avoir son odeur dans mes narines ?

- Par exemple, je lui confirme.

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant