Tome 2 : Chapitre 9

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20 août 2020

Jad

5h45 du matin

J'aime bien cette lueur rosée au loin, les matins d'été quand le ciel est complètement dégagé. De toute façon, je préfère quand le nuit s'en va, surtout quand c'est le bordel tout autour de moi. Surtout quand je sais que je vais voir Naïm à l'hôpital pour la première fois depuis son accident. Cinq longs jours à attendre que l'hôpital m'appelle pour me signaler que les visites sont enfin autorisées pour lui. Je peur de le voir branché aux machines qui le tiennent en vie mais je sais qu'il faut que j'y aille, c'est nécessaire.

Je souffle, ça me permet d'évacuer la boule qui me compresse le thorax à chaque fois que j'y pense. Je laisse tout mon poids reposer contre la rambarde du balcon et me concentre sur l'horizon, c'est mieux que rien. Ou presque.

J'entends la porte fenêtre s'ouvrir dans la foulée, il apparaît en même temps que le premier rayon de soleil qui vient taper sur mon visage, ça ne peut pas être qu'une coïncidence.

Bientôt, ses mains rejoignent ma taille et l'entoure entièrement. Son torse contre mon dos, son nez plongé dans mes cheveux, son odeur qui arrive rapidement jusqu'à mon nez, ce sont ces petites choses-là qui me donne un semblant de courage pour la journée qui m'attends. Je le sens se détendre lui aussi, comme moi il lâche un long soupir et commence une trajectoire de baisé de mon épaule jusqu'à ma mâchoire. Je ferme les yeux comme à chaque fois que j'entends mon cœur taper contre ma poitrine grâce à lui.

Parfois j'ai l'impression qu'il bat juste assez pour survivre, puis Ken arrive dans une pièce, Ken me prends la main, Ken pose ses lèvres sur les miennes et alors, mon organe vitale reprends un rythme normal, juste assez pour me réchauffer.

Juste assez pour me rappeler que je suis encore en vie, moi.

- Tu te sens comment ? Il me demande quand je me retourne vers lui.

- J'ai pas réussis à dormir.

Mon front atterrit contre sa poitrine, j'ai du mal à supporter mon propre poids. Je suis toujours autant fatiguée, et pour ça personne n'y peut grand chose. J'ai le poids de toutes ces disparitions sur les épaules et si jamais Naïm...

J'ai encore jamais mis de genoux à terre mais là, je sais pas comment je serais censé m'en sortir si même lui, il part pour toujours.

- Je t'attendrai à la sortie, pile devant la porte, il me dit en prenant mon visage entre ses mains. Je serais la première personne que tu verras, ok ?

Je prends le temps de le regarder quelque secondes. Ses yeux sont fixés aux miens, ils ne vacillent pas et c'est toujours le même effet qui se propage en moi. Il a compris mon état de ce matin, il a sentit le poids de mon corps alors comme d'habitude, comme si ça ne lui demandait aucun effort, il me tends la main, il me garantit qu'il sera là pour me rattraper.

Je ne réponds rien, à la place, je trouve la force de me hisser sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres, histoire de ne plus penser à rien.

* * * *

11h05 du matin

Je déteste les hôpitaux. J'ai sentit mon corps se contracter dès que l'odeur à atteint mes narines. Ça me rappelle mon père et toutes ces heures passé à ses côtés à attendre sa mort, parce qu'il n'y avait plus d'autre issues. Mais Ken m'a fait promettre de me répéter à moi-même que Naïm va se battre comme il l'a toujours fait et c'est ce que je fais, jusqu'à arriver devant sa chambre.

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant