Chapitre 18

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3 avril 2018


"Croquer la pomme finir en bas, et puis tout reconstruire comme les premiers hommes"

*

Ken

C'était venu de nulle part. Ça avait commencé par une décharge quand les lèvres de Jad avait touché sa peau, puis ça avait parcouru sa nuque, son cou, sa poitrine et ça avait fini sa course jusqu'à ses orteils. Il avait sentit ses poils se dresser sous son pull, ça lui avait presque fait mal. Maintenant, il avait chaud et il ne savait plus quoi dire.  Elle le regardait toujours en souriant tandis que lui restait stoïque. Il se trouvais ridicule mais ses yeux étaient fixés sur ses lèvres et il n'arrivait pas à s'en détacher.

- Je te mène manger au restaurant demain, lança Jad après quelque instants de silence. Et si je peux me permettre, c'est pas super négociable.

Il dévia enfin ses yeux de la bouche de Jad et se concentra sur ses pieds.

- C'est lequel qui t'as demandé de m'occuper toute la journée demain ? il demanda l'air amusé.
- Personne, elle tenta de se défendre en grimaçant.
- Tu mens très mal, il constata en se moquant.
- Super merci, elle souffla faussement vexée. D'ailleurs en parlant de merci, le tiens aurait été le bienvenue.
- C'est vrai, il avoua en se mordant la lèvre inférieure. Merci, beaucoup. Mais je refuse ton invitation.
- De mieux en mieux, elle ria de bon coeur.
- Laisse moi finir, il la coupa. Toutes les années ils font le coup, l'année dernière j'étais pas en France alors j'y ai échappé donc je sais que quelqu'un t'as demandé de m'occuper.
- Ok inspecteur Barnaby, j'avoue.
- Donc ne te sens pas obligée de devoir passer la journée avec moi.
- Je me sentais pas obligé, j'étais plutôt contente, elle haussa les épaules en regardant ses pieds. Mais si tu veux prévoir autre chose je comprends.
- Non, il rétorqua de suite. Je veux pas être seul. Je voyais juste une journée tranquille à l'appart. Ils annoncent de l'orage et ça m'a donné envie de rester tranquille. Surtout que je sais très bien ce qui m'attendra le soir et j'aurais besoin de repos.

Elle hocha la tête en souriant et retourna s'assoir sur sa chaise. Ken la suivit et en pris une au passage pour s'installer à côté d'elle. L'air était frais mais il se sentait bien sur ce toit avec Jad à ses côtés et Bulma qui courait après les pigeons qui trouvaient refuge sur les murets. Il n'avait pas l'habitude de passer ses anniversaires aussi calmement mais bizarrement, quand elle lui avait proposé un peu plus tôt dans la journée de se rejoindre dans la soirée il n'avait même pas hésité. Il sentait que c'était de plus en plus étrange avec Jad mais rien ne le repoussait. Il ne se sentait pas en danger auprès d'elle, c'était si différent de toutes ses autres rencontres. Il ne pensait pas à l'avenir et prenait les moments avec elle comme ils venaient.

- Comment t'as compris que t'allais mal ?

La voix de la jeune femme brisa le silence qui s'était installé entre eux et Ken tourna la tête pour la contempler. Elle était de profil et regardait droit devant elle. Il s'arrêta une nouvelle sur ses lèvres et dût se mordre la langue pour arrêter de les fixer. Il prit le temps de réfléchir à la question qu'elle venait de lui poser et posa à son tour ses yeux sur les lumières de la ville.

- Je m'en suis rendu compte quand même être sur scène n'étais plus un plaisir, il commença. Ça m'a foutu la trouille parce que c'est ce que je préfères dans ce que je fais mais ça faisait quelque concert où je me sentais absent, à moitié éveillé. D'habitude le bruit de la foule ça me prend aux tripes et j'explose en mode adrénaline mais là je ne les entendait qu'en bruit de fond. Tous mes soucis de l'époque prenaient le dessus et j'arrivais même plus à faire le vide. Je me suis sentit absent tellement longtemps, j'ai l'impression d'avoir perdu plus d'un an à reculer. J'avais tellement la dalle que j'ai tout voulu trop vite. Je regrette rien, j'ai pu mettre mes frères et ma famille en sécurité, on a tous un travail maintenant et nos parents ne s'inquiètent plus de nous voir trainer dehors à rien faire mais j'ai pris tout ce que j'avais à prendre beaucoup trop vite, je m'en suis tellement gavé que j'ai fini par étouffer et tout recracher.
- Ça t'as dégouté, tout ce succès ?
- Je crois. Je pensais pouvoir gérer mais on mène des vies tellement rapides qu'on oublie vite les bonnes choses alors que les blessures elles, elles restent collés au cerveau.

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant