Chapitre 52

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3 novembre 2018

« Personne pour alléger nos peines, tu ferais quoi à notre place ? Y a des choses qu'on doit faire seul, personne pourra lécher nos plaies »

Jad

Jad avait commencé son interna en clinique vétérinaire et elle adorait y passer du temps. Elle consultait comme une vraie professionnelle et était toujours volontaire pour les heures supp, de ce fait, elle ne pensait pas, ou très peu. Ou du moins, ses idées noires se mettaient en veille quand elle travaillait. Puis Edna n'était pas dans le même établissement qu'elle, elle avait fait le nécessaire pour ne pas se retrouver dans le même quartier qu'elle. Elle avait fait en sorte de ne la croiser que les lundis et vendredis, jours des cours magistraux à l'école.

En apparence tout allait bien, trop bien même. Peut-être qu'elle en faisait trop avec ses grands sourires et ses grandes exclamations qui lui tordait le visage plus qu'il ne l'illuminait. Mais à l'intérieur, tout au fond d'elle, c'était pourris, creux, vide. Ce même vide qui ne l'avait pas quitté depuis l'accident.

La plupart du temps, quand elle s'autorisait à fermer les yeux sans tomber morte de fatigue, la scène se rejouait sous ses yeux et le trou l'aspirait encore et encore. Alors elle se tuait à la tâche et elle ne dormait que quand son corps arrivait au bout de ses forces. Elle savait que ce n'était ni bien, ni une solution. De toute façon, des solutions elle n'en avait pas. Appart rester loin de lui et de tout ce qui l'entourait, elle n'en voyait pas d'autres. Elle préférait le savoir en vie loin d'elle plutôt qu'il ne lui arrive encore malheur près d'elle.

Dans une seule vie, subir autant de choc traumatique n'était pas anodin. Des blessures au cœur, elle en avait plein et du genre qui ne se refermait pas. Mais ça avait été le coup de trop, le plus douloureux presque. Pour son père, elle avait déjà été préparé six mois à l'avance et même si le moment de son décès avait douloureux elle avait su s'en remettre. Pour son oncle, devoir consoler Shadia et Naïm lui avait permis d'un peu oublier sa peine. Pour son petit ami à Taiwan, elle n'avait pas cherché à comprendre et s'était réfugier au dojo pour ne pas partir en vrille. Mais Ken qui s'était fait renverser sous ses yeux... Non. Elle ne pouvait pas y penser, elle n'y arrivait pas, ça lui donnait envie de vomir ses tripes.

Elle s'engagea dans la dernière rue qui menait à l'appartement de sa mère et se stoppa quelques mètres avant. La même silhouette tous les mercredis soir qui venait essayait de la raisonner. Le jeudi c'était Hakim, le vendredi Théo, le samedi Doum's, le Dimanche Edna, Le lundi Moh et le mardi Idriss. Mais de tous ceux qui venait la voir, Deen était celui qu'elle avait le plus de mal à ignorer. Parce que lui aussi avait tout vu, qu'il avait appelé les pompiers pendant qu'elle était en train de voir le monde s'écrouler sous ses pieds, incapable de réagir. Il lui avait raconté qu'il était sur le petit balcon au moment de l'accident, que lui aussi avait vu toute la scène.

- On est allé le voir hier.

Il avait prononcé ces quelques mots quand elle était arrivée à son niveau. Son visage était moins tendu que ces derniers jours, elle était contente que sa douleur se soit un peu apaisée. Elle l'enviait presque. Elle, elle n'arrivait pas à s'en défaire, elle était présente tous les jours. Elle s'était incrustée dans toutes les pores de sa peau et ne voulait plus partir.

- Il nous à demandé si tu venais après.

Elle savait qu'il voulait la faire réagir mais elle s'y refusait. Elle tiendrait les promesses qu'elle s'était fait à elle-même, ne plus aimer pour ne plus perdre. Elle avait pris ça comme un avertissement, ça ne pouvait pas sonner différemment. En 27 ans de vie ça ne pouvait pas être un simple hasard si elle avait perdu toutes les figures masculines importantes pour elle au compte-gouttes.

- Jad, c'est plus possible, arrête de nous ignorer. Moi aussi je me suis sentit coupable, c'est moi qui t'ai incité à le rattraper. Mais les rapports de police sont tombés ce matin, l'accident était irréversible, avec ou sans toi. Il était déjà trop engagé sur la route et la voiture arrivait trop vite alors arr...

- Non toi arrêtes Deen, elle conjura en le pointant du doigt. Arrête de me rappeler ce moment.

Ses yeux se gorgèrent d'eau facilement. Mais elle ne voulait rien entendre et puis elle ne se sentait pas coupable de ça, il ne faisait que lui rappeler les faits et elle ne voulait pas écouter.

- Pourquoi tu veux rester seule comme ça, on est tous prêt à t'aider.

- Parce que c'est mon choix.

- Non, c'est pas vraiment ce que tu veux, tu es triste ça se voit.

- Il n'y a rien à expliquer.

- Tu sais que quand il sera sur pied il soulèvera la terre entière pour que tu reviennes.

- Si t'es un bon ami tu devrais lui conseiller de ne pas faire ça.

- Arrêtes de dire ça, c'est des conneries.

- Non, ce ne sont pas des conneries Deen, elle s'énerva. D'abord mon père, ensuite mon oncle et mon ex petit-ami, morts. Naïm en prison juste au moment où je reviens en France puis maintenant Ken qui se fait renverser devant ma gueule. Tu ne vois pas un truc qui cloche là-dedans ?

La scène était désastreuse, elle lâchait tous ses nerfs sur Deen, elle pleurait, elle criait elle avait envie d'hurler.

- C'est moi le truc qui cloche, elle reprit un peu plus bas.

Elle sentit les bras de Deen entourer son petit corps et les sanglots redoublèrent. Elle était prise de spasme tant le chagrin était beaucoup trop lourd à porter. La seule consolation c'était le travail, et le repos complet quand elle tombait de fatigue. Tous ces moments-là où elle n'avait pas les pensées dirigées vers lui.

Elle avait bêtement cru pouvoir construire quelque chose de grand avec lui, il était le premier avec qui elle s'imaginait un avenir. Elle l'aimait tellement qu'elle en avait été aveuglée, elle n'avait pas senti le danger arriver, elle s'était dit que le passé ne pouvait pas toujours la rattraper. Elle avait pensé qu'enfin elle se poserait, elle se sentait prête à s'engager. Elle savait ce que ça représentait mais aux côtés de Ken ça semblait merveilleux, remplis de surprises et d'amour, tout ce qu'elle arrivait à voir dans ses yeux quand il la regardait.

Mais elle était tombée amoureuse de lui, et il en avait subi les conséquences.

- Je ne savais pas tout ça, il murmura, la tête posée sur la sienne. Mais ça ne change rien, tu n'es pas responsable de l'accident de Ken, ni de la mort de tes proches. Et puis Naïm avait déjà songé à cette idée avant que tu rentres. Tu ne peux pas vivre avec ça sur le cœur.

Elle appréciait l'attention de Deen mais rien n'y changeait, la responsabilité pesait lourd sur ses épaules. Elle croyait au Karma et celui-ci n'était pas décidé à la quitter. Alors elle ferait avec, elle avancerait seule, avec sa mère et Shadia. Elle ne se ferait plus d'amis, ne tomberait plus amoureuse. De toute façon, après Ken c'était impossible, inenvisageable. Elle allait faire son bout de chemin seule et ça valait mieux pour la terre entière. 

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Holà mes zouzettes ! 

C'est pas trop rose en ce moment, je sais ! Mais ne perdez pas espoir, tout peut encore arriver ! 

Petit mot aussi pour dire qu'il risque de ne pas y avoir de chapitre avant mardi ! S'il y en a un qui sort ce week-end ce sera la surprise ahah 

Portez vous bien, prenez soin de vous, 

Love sur vous ❤️❤️

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant