Chapitre 15

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26 mars 2018


"T'as voulu arracher la douleur, devenir insensible mais il te reste encore dans le cœur un peu de cette bonté que t'as cru ôter"

*
Ken

Ken dévia les yeux du plafond de sa chambre vers la porte. Il entendit du bruit provenant de la cuisine et se redressa. Il ne s'était pas levé depuis qu'il avait ouvert les paupières en  pensant que Jad était déjà parti mais à moins que ce soit un intrus, il était sûr que c'était elle. Un petit sourire se glissa entre ses lèvres et il repensa à la soirée d'hier.  Ça avait été agréable de parler de tout et de rien avec elle, de rire aussi. Elle était spéciale dans son genre. Il se souvenait de la discussion sérieuse qu'ils avaient eu sur son petit ami décédé, la mélancolie dans ses yeux quand elle parlait de lui puis son soudain changement d'humeur quand il avait décidé de dévier la conversation vers ses lasagnes. Elle s'était mise à le charrier, il était rentré dans son jeu puis ça avait fini en bataille de noisette dans tout l'appartement. Sur le coup il avait pas cherché à comprendre, le visage de Jad s'était illuminé et ça avait été contagieux.

Il se leva finalement de son lit, enfila un short et un tee-shirt puis ouvrit la porte. Une odeur délicieuse se glissa dans ses narines lui faisant monter l'eau à la bouche. Il traversa rapidement le couloir pour rejoindre la  cuisine où se trouvait sûrement Jad.
Elle ne l'avait pas encore entendu arriver. Il en profita pour la regarder quelque seconde et s'appuya  contre l'embrasure de la porte du couloir. Elle était de profil, assise sur le même tabouret qu'hier le nez plongé sur son écran de téléphone. Ses cheveux, attaché la veille en une queue haute s'était transformé en un chignon approximatif. 
Elle leva la tête vers Ken au bout de quelque seconde et la replongea aussitôt sur son écran. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres quand elle répéta le même geste en sursautant.

- Putain, tu m'as fais peur, elle souffla en se tenant la poitrine. T'es là depuis longtemps ?
- Quelque secondes, il haussa les épaules en souriant. J'examinai qui pouvait bien-être l'intru qui se permettait de faire des pancakes chez moi.
- Ce n'est que moi, elle s'exclama en levant les bras. Pas trop déçu j'espère.
- Agréablement surpris je dirais.

Jad laissa tomber ses bras le long de son corps et planta ses yeux dans ceux de Ken. Cette phrase était sortie naturellement de sa bouche et c'était sincère. C'était agréable d'avoir de la compagnie le matin au réveil et Jad convenait parfaitement. Un sourire se dessina sur les lèvres de cette dernière et il remarqua que ses joues avaient pris quelque teinte. Il pinça ses lèvres pour essayer de chasser le siens et s'avança vers la cuisine.

- C'est en quel honneur ce petit déjeuner ? il demanda pour changer de sujet.
- C'est pour te remercier de m'avoir laissé dormir sur ton canapé.
- C'est normal, ça aurait été irresponsable de ma part de te réveiller pour te demander de rentrer chez toi.
- Merci quand-même, elle insista.
- De rien, c'était cool hier.
- C'est vrai, même si j'ai encore la trace de la noisette que tu m'as lancé sur la tête comme un taré.
- Chaud, il se moqua en regardant son front.
- Mais j'avoue que t'as bien visé, elle admit. En plus t'étais loin, le choc n'en a été que plus grand.
- En même temps tu venais de me mitrailler, il se défendit en faisant couler deux cafés.
- Mea-culpa. Ça m'apprendra, elle ricana en croquant dans un pancake.

Ken s'installa en face de Jad et lui tendit une tasse de café. Elle le remercia et poussa l'assiette de pancake vers lui.

- Échange de bon procédé, il plaisanta en tirant encore plus l'assiette vers lui.
- Tu m'auras pas comme ça.
- T'as fais des pancake pour me remercier, ils sont à moi.
- Et ma commission pour les avoir fait ?  Elle fit mine de s'offusquer.
- Ben t'en a pris un, ça suffit, il rétorqua en enfermant l'assiette entre ses bras.
- Vous êtes rèche à Paname.
- T'as bien vu les prix des loyers.
- Ne m'en parle pas, c'est exorbitant, elle opina. Tu sais que ma mère paye 700€ pour un 60m carré à Marseille.
- Tu t'en sort avec le niveau de vie de Paris ?
- Ben autant te dire que je la savoure ma moresque à 6 euros. Je crois que je m'en remettrais jamais de ça.
- C'est si chère que ça pour un pastis a l'orgeat ? Il demanda en riant.
- 1,50 euros dans certain bar sinon c'est entre 2 et 3 euros. À 3,50 euros un vrai marseillais crirait à l'arnaque.
- T'abuses, il ria de plus belle.
- Ah non non, monsieur ! Elle s'exclama faussement sérieuse.
- Il me semble que c'est bien connu par chez vous l'exagération.
- Toujours les clichés, elle grommela en levant les yeux au ciel.

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant