On Est Amoureux Qu'une Fois

Chapitre 33

5 juin 2018

«À croire qu'les embrouilles je les cherche mais pour l'instant j'me les gèle et je regarde l'heure»

*

Ken

- T'es là depuis combien de temps ?

Il n'avait pas eu besoin de lever la tête de ses bras pour savoir qui s'adressait à lui. Il aurait pu le regarder dans les yeux comme quand quelqu'un s'adresse à une autre personne mais il n'y arrivait même pas, il se sentait beaucoup trop honteux pour ça. Il sentit Naïm glisser contre le mur de l'immeuble et s'assoir à côté de lui.

- Je t'en veux pas Nek, il souffla, tu savais pas que Théo et Deen étaient chez moi.

- J'ai quand même fait le gros con, il marmonna en posant son menton sur ses genoux.

- Il s'est passé quoi ?

- On s'est embrassé, il lui avoua en baissant les yeux. Le livreur de sushis a sonné, ça nous a coupé puis mon cerveau a attaqué à vriller, il soupira en s'appuyant contre le mur. Je me suis rendu compte que je faisais n'importe quoi encore une fois. J'ai attaqué à penser à ta future incarcération, puis à ce qu'elle allait ressentir quand elle allait l'apprendre et capter que tout le monde, y compris moi était au courant. Si j'allais plus loin avec elle j'allais encore plus la blesser. Alors je lui ai demandé de partir sans lui donner de raison valable. Elle ne mérite pas ça du tout, j'aurais dû me retenir dès le début. Maintenant elle pense que je lui mens sur tout mais je suis sincère avec elle, je te le promets Naïm. Tu peux pas savoir à quel point je me sens bien avec elle et j'ai conscience que des Jad y'en a pas à tous les coins de rue. Mais j'ai tellement mentit dans mes relations précédentes que quand j'ai eu ce déclic j'ai réagis lâchement. J'ai réalisé que je faisais les mêmes erreurs avec la femme la plus sincère que j'ai rencontrée depuis longtemps. Je suis désolé de l'avoir blessé.

- Mais tu ne vas pas la laisser tomber.

Ce n'était pas une question que Naïm posait à Ken et il savait que ça signifiait qu'il le croyait et qu'il le connaissait si bien qu'il savait que Ken n'abandonnerai pas, qu'il n'en avait jamais vraiment eu l'intention.

- Pourquoi est-ce qu'on est si cons avec les femmes qu'on aime ? Il demanda à Ken en jetant un caillou qui trainait à ses pieds sur la route.

Ses mots raisonnèrent dans sa poitrine et il sentit ses oreilles chauffer. Naïm insinuait qu'il aimait Jad seulement il ne s'était jamais vraiment posé la question. Il ne s'attendait pas non plus à avoir une telle réaction et il se demandait ce que ça pouvait signifier. Il avait mal au ventre depuis qu'elle était partit en se dégageant violemment de lui et il avait l'impression de manquer d'air. Il ne savait pas si c'était à cause de la boule qui s'était coincé dans sa gorge ou son thorax qui semblait lui compresser les poumons. La seule chose qu'il savait c'est que ça faisait un mal de chien.

- Je sais pas si je le comprendrais vraiment un jour. Mais ça me fou grave les boules d'être une des raisons de la peine de Jad.

- Et encore, je ne lui ai pas annoncé le plus dur, il souffla en se frottant frénétiquement le visage.

- Tu sais où elle est ?

- Chez Edna. Deen a eu l'info par elle et elle lui a aussi dit que si l'un de nous osait sonner ou attendre en bas pour venir lui parler il allait prendre la raclée de sa vie.

- Tant mieux si elle est chez quelqu'un, il chuchota pour cacher la boule la boule de sanglot qui ne faisait que grandir dans sa trachée.

Il jeta un œil sur son ami aux boucles parfaite et le contempla quelques instants. Il en avait vécu des incarcérations mais c'était toujours aussi dur à chaque fois. D'autant plus qu'il savait depuis quelques temps que Naïm voulait se rendre. Parfois il ne comprenait pas pourquoi il voulait à tout prix s'infliger ce sort mais il répétait qu'il n'avait pas d'autre choix sans jamais s'étaler sur le sujet. Il aurait voulu l'en empêcher, l'aider à s'enfuit s'il le fallait, mais la détermination dans ses yeux ne l'avait pas quitté depuis et il respectait son choix, comme tous les autres. Ils seraient tous là pour lui et pour Shadia quand ce sera le moment. Dans deux petites semaines.