On Est Amoureux Qu'une Fois

Chapitre 7

10 mars 2018

"Sous les nuages, soleil plein"

*

Jad

- Non mais la gueule que t'as !

Jad éclata de rire en pointant une photo souvenir sous le nez de son cousin. Elle avait décidé de sortir les albums photo de son enfance qu'elle avait récupéré chez sa mère avant de rejoindre Naïm à Paris et s'en donnait à coeur joies aux moqueries. Il arracha la photo des mains de Jad et ria à son tour.

- Je me souvenais pas que nos parents nous respectaient aussi mal niveau vestimentaire. D'ailleurs toi c'est pas mieux.

Jad ne pouvait pas dire le contraire. Ils devaient avoir 6 ans sur la photo. Ils étaient à la montagne et entre les combinaisons de ski fluo à motif psychédélique, les lunettes de soleil dix fois trop grandes pour eux et les bonnets péruviens on pouvaient dire qu'ils ne passaient pas inaperçu.

- Tu penses que c'était la mode de l'époque ou juste du mauvais goût ? questionna Jad une fois que le rire était passé.
- Je pencherais pour du mauvais goût.

Elle aquiessa pour approuver ses dires et repris la photo des mains de Naïm pour la remette à sa place dans l'album. Elle passa délicatement sa main sur la photo juste à côté et sourit. Ils étaient aux complet, Naïm, son oncle, sa tante, sa mère, son père puis elle sur les épaules de ce dernier. Tout le monde souriait sincèrement sur la photo, ils étaient tous les six ensemble et rien à cette époque n'aurait pu gâcher leur bonheur, pas même la maladie.

Elle sentit une main chaude caresser ses cheveux. Parfois elle avait l'impression que c'était celle de son père. Ils se ressemblaient tellement avec Naïm. Ce n'était que son oncle mais leur père étaient jumeaux et Naim avait pris essentiellement leur trait tandis que Jad n'avait eu que les cheveux bruns et bouclés , la couleur des yeux et le teint légèrement mate.

- Ça me manque ces moments, il murmura au bout de quelques secondes de silence.
- Moi aussi, elle chuchota pour ne pas briser le calme de la pièce. C'est quand qu'on va manger chez ta mère d'ailleurs ?

Avant qu'il ne puisse répondre, la sonnerie du téléphone de Naïm se mit à retentir. Il fixa un instant  le nom qui s'affichait sur l'écran et attendit d'être sur le balcon pour décrocher.
Jad ne l'avait pas quitté des yeux jusqu'à ce qu'il quitte le salon. Ce n'était pas la première fois qu'il s'éclipsait  pour répondre ou passer des appels. Entre ça et les laps de temps où il essayait de la faire partir de l'appartement ses doutes se confirmaient. Il lui cachait quelque chose, elle en était persuadé. Elle espérait qu'il ne soit pas trempé dans des affaires bizarre. Avec leur passé familial ce n'était pas impossible mais elle abandonna vite l'idée. Tout ça c'était fini, puis il l'avait juré à son père avant qu'il parte et elle lui faisait confiance. Elle n'avait pas non plus décidé de lâcher l'affaire, elle avait l'intention de savoir ce qu'il lui cachait, elle ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter pour lui.

Elle jeta un oeil par la fenêtre du séjour qui donnait sur le balcon. Naïm parlait toujours au téléphone et derrière lui le ciel orange annonçait la fin de la journée. Elle consulta l'heure sur son téléphone. Il était 18 heures, le soleil commençait à se coucher de plus en plus tard et Jad s'en réjouit. Elle préférait largement le printemps et l'été plutôt que l'hiver ou l'automne même si le mois de mars restait quand même frais à Paris. Elle se sentit soudain nostalgique du sud se rappelant les mois de mars ensoleillé de mars et les après midi sur les plages de la corniche. Elle pensa à sa mère. Ça faisait plusieurs semaine qu'elles ne s'étaient pas appelé et sa voix commençait a lui manquer. Elle prendrait le temps de le faire demain.