Chapitre 68

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28 avril 2019

Jad

Le bruit de la cafetière électrique raisonnait anormalement fort dans le petit studio de trente mètres carrés. Elle ne s'y sentait pas à son aise, il y faisait froid et rien n'était fait pour rendre le lieu chaleureux. Son cœur s'était serré quand elle avait dû quitter Hakim à l'entrée de la maison d'arrêt de Nanterre. L'ambiance qui régnait dans ces lieux n'était pas agréable et de savoir Naïm là-dedans la rendait triste. Ce n'était pas comme si elle s'était imaginé un lieu paisible, mais ça rendait les choses un peu plus réelles. Elle continuait à vivre sa vie pendant que lui perdait du temps entre des murs étroits et ça lui tordait le cœur.

Des bruits de clés et des voix masculines venant de derrière la porte d'entrée la sortie de ses pensées, elle n'avait même pas remarqué que le café avait fini de couler. Elle observa la poignet s'abaisser et son organe vital loupa un battement. Les deux gardes lui firent une dernière recommandation qu'elle entendit à moitié, ses yeux étaient déjà rivés sur Naïm qui venait d'entrer dans le petit hall. Contrairement à ce qu'elle redoutait, il n'avait pas perdu de poids, il avait même pris en masse musculaire. Seules ses cernes et ses joues un peu plus creusés que d'habitude marquaient sa fatigue. Il tenta de lui faire un petit sourire en attendant qu'ils se retrouvent seuls dans la pièce et elle sentit sa gorge se nouer. Elle avait envie de le serrer fort dans ses bras, de sentir son odeur familière qui l'avait souvent rassurée, de l'entendre parler pendant des heures comme il le faisait souvent même si ça avait tendance à l'agacer.

- Viens dans mes bras mon petit bébé, il articula quand la porte claqua enfin.

Elle ne se fit pas prier. Ses gestes étaient automatiques et bientôt, elle se retrouva collé contre le thorax de Naïm. Ses larmes aussi elle n'avait pas pu les retenir, elle l'avait trop fait depuis qu'il était partit mais maintenant qu'ils étaient réunit elle pouvait tout lâcher. C'était triste et bon à la fois.

- Tu m'as trop manqué, elle chuchota en resserrant son emprise autour de son corps. Comment tu te sens ?

- ça va, il lui sourit en se détachant pour pouvoir la voir. C'est pas ce que j'ai connu de mieux mais ça va.

- Ken m'a dit que tu travail ?

- Oui, ça m'occupe pas mal et je me suis fait des potes.

- Et en cellule ça se passe bien ?

- Oui, c'est un petit jeune pour l'instant, un dealer aussi.

- Et le personnel de la prison il est gentil avec toi ?

Elle vit passer une lueur d'ombre dans les yeux de son cousin. Il avait répondu à toutes les questions sans réfléchir mais ce qu'elle venait de lui demander sembla lui poser un peu plus de problème.

- ça dépend, il finit pas hausser les épaules. C'est comme de partout, il y en a des sympas et des plus cons.

Elle le scruta quelque secondes pour déceler des informations qu'il omettait de lui dire mais elle n'insista pas plus. Elle ne voulait pas forer avec ce genre de question, des interrogatoires, il avait déjà dû en subir un tas, elle ne voulait pas en rajouter surtout quand elle voyait que son visage changeait d'expression. La seule chose qu'elle voulait, c'était le voir sourire, vivre un petit moment de calme loin de l'ambiance générale de la prison. Pour ça ils avaient six heures devant eux et des choses, ils en avaient à se dire.

- J'ai fait du café, t'en veux ? elle proposa pour mettre un terme à la conversation précédente.

- Avec plaisir, il lui emboîta le pas pour s'installer sur un des tabourets. Vous avez fait attention en venant ?

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant