Chapitre 8

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10 mars 2018

"On veut se confier mais où est-ce qu'on va ?"

*

Ken 

- Je saisi pas trop.

Ken ne répondit pas de suite et contempla Jad. Il ne savait plus trop quoi dire maintenant qu'il avait attaquer à parler. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas confié, encore moins à une fille qu'il venait de rencontrer. Il se demandait ce qu'il avait envie de raconter, ce qu'il avait envie de garder pour lui et comment amener la chose. Il voulait la remercier quelque part. Ils avaient été si simple les conseils qu'elle lui avait donné. Il avait bêtement pensé que c'était le genre de conseil basique que plus personne ne donnait ni n'écoutait parce qu'ils étaient devenus trop communs. Prendre du recul, se poser les bonnes questions. Il n'y avait jamais vraiment pensé avant qu'elle le lui dise et quand il avait essayé ce matin même à 5h du matin, ça avait été douloureux mais quelque part bénéfique. 

- Tu sais les conseils que tu m'as donné hier soir, il commença.
- Oui ?
- J'ai essayé de les appliquer.
- Et c'était plus facile à dire qu'à faire ? elle le taquina en référence à hier.
- Ben, oui figure toi, il se défendit, mais je l'ai quand même fait.  
- Et ça t'a aidé ?
- Je pense.

Il se leva du canapé et se dirigea vers la table de mixage pour récupérer son petit carnet noir qu'il avait laissé sur cette dernière.

- J'ai encore du chemin à faire, il reprit en revenant vers Jad, mais j'ai réussis à avancer un morceau que j'avais délaissé depuis des mois.
- C'est un bon début, elle opina en souriant.

Il examina la jeune femme un instant et ne put que répondre à son sourire. Il était sincère ça se voyait il en avait la certitude. Il ne savait pas l'expliquer mais il avait l'intime conviction que Jad n'avait pas été mise sur son chemin par hasard. Il ignorait la tournure et la nature que prendrait cette relation et il n'y pensais pas encore. Il avait peur de se tromper mais le regard de la jeune femme ne pardonnait pas, il n'y voyait aucune faille, il était si différent de ceux qu'il avait déjà vu. C'était un peu déstabilisant, il avait remarqué qu'il n'arrivait pas à tenir le regard. Il ne savait pas si c'était leur couleur si spéciale où tout ce qu'ils semblaient cacher qui faisait qu'il baissait souvent les yeux en premier.

- Tu as perdu un proche ?

La voix douce de Jad riccocha dans les oreilles de Ken et il lui fallut quelque seconde pour sortir totalement de ses pensées. Il croisa son regard quand il leva la tête vers elle. Ses yeux semblaient plus sombre avec la lumière tamisée du studio et pourtant, une nouvelle fois, il dût rompre le contact en premier.

- Pas vraiment, il avoua finalement. C'est plutôt le deuil d'une relation.
- Ça reste le même procédé.
- Tu penses quoi de l'amour ?

La question lui était venu comme ça. Il savait qu'elle n'était pas évidente, lui même ne savait pas quoi en penser. Il avait cru tant de chose, il en avait tellement été déçue puis il y avait cru une nouvelle fois mais maintenant, il avait l'impression de ne plus rien savoir sur ça.

- De quel genre d'amour tu parles ? elle le questionna.
- Bonne question, il admit. Je parles des sentiments amoureux.
- C'est une question complexe.
- Je sais, je sais même pas si je saurais y répondre.
- Je pense pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise réponse sur ce sujet.
- C'est-à-dire ? il demanda, interressé.
- C'est complexe mais, on a tous plus ou moins notre manière d'aimer. Cette manière d'aimer elle peut convenir à quelqu'un et moins à une autre.
- Oui mais tu fais quoi de la violence physique et psychologique ?
- On ne frappe pas une personne qu'on aime. Les pervers narcissiques ont de l'amour que pour eux-mêmes et il n'y a pas d'amour quand il y a une victime dans un des deux camps.
- Je suis d'accord avec toi mais...

Il se stoppa dans son élan et pris le temps de réfléchir à ce qu'il allait dire. Le prononcer à voix haute rendait les choses encore plus réelles et ça faisait toujours aussi mal.

- Est-ce qu'à ton avis on devrait mettre les relations destructrices dans le lot des violences psychologiques ?
- Il y a eu une ou deux victimes à la fin ?

C'était encore une bonne question. Indéniablement, ils avaient été deux à en souffrir. Il ne savait pas vraiment si c'était plus ou moins dur pour elle mais il l'avait tant de fois vu pleurer par sa faute. Elle s'était vengé tellement de fois au lieu de le quitter et chaque fois ça recommençait. À qui déceuvrait l'autre en premier et qu'elle sentence s'en suivrait. 

- On a tout les deux été perdant, il avoua finalement.
- Et est-ce que tu t'es sentis comme une victime ? Et elle ? Tu lui a posé la question ?
- Pas vraiment. Je sais qu'on en a souffert tout les deux.

Il souffla du nez et s'affala contre le dossier du canapé. Ses yeux se plongèrent dans le vide un moment.  Il semblait lutter contre l'envie de tout déballer à Jad. Les mots se posaient sur ses lèvres et il n'avait qu'à les ouvrir pour se dévoiler un peu plus. Elle n'insistait pas pour le faire parler. Il avait bien vu qu'elle avait compris qu'il parlait de lui. Elle ne posait pas ses questions pour avoir des réponses mais pour que lui en trouve. Ça le déstabilisait mais ça lui donnait tout aussi envie de parler. Il jeta un regard dans la direction de la jeune femme et ses yeux croisèrent ses iris. Il n'y voyait aucune mauvaise intention, peut être qu'il se trompait, il s'était tant de fois fait avoir par le passé. Le visage de Jad se crispa pour former un sourire et Ken n'hésita plus.

- Elle a juste donné le coup de grâce, il reprit, au pire moment possible. J'étais complètement dépassé par le succès, je savais plus où me situer, qui me voulait du bien et qui me voulait du mal dans le milieu, je doutais enormément de moi mais naïvement je me disais qu'en plus de ma miff je l'avais elle aussi. Elle m'a trompé, je l'ai surprise et ça a finit de m'achever. C'était quelque mois avant la sortie de cyborg. J'ai fini la tournée de Feu, puis j'imagine que tu connais la suite.
- Aucune promo, aucun clip, pas de tournée appart les festivals. J'ai un peu suivit. Ça à pas dû être évident. Naïm à attaqué à me poser pas mal de question sur ton état avant que je parte, il avait l'air inquiet.
- On se côtoyait déjà à cette époque. Ton cousin m'a remis les idées en place plus d'une fois.

Le cousin de Jad avait vraiment été un bon ami dans cette période, et ça, Ken ne l'oublirait jamais. Il était tant de fois venu taper a sa porte pour un dix balle de beuh, juste pour pouvoir dormir au moins quelques heures par nuit. Chaque fois il avait pris le temps de le faire s'assoir sur le canapé avec un verre d'ice tea, ils discutaient de longues heures sur le pourquoi du comment il ne lui vendrait pas un seul gramme de cette substance quand  bien même il était le dealer de l'équipe. Il finissait toujours par s'endormir et le lendemain un de ses frères venait le chercher pour qu'il ne reste pas seul. Il avait finalement trouvé refuge dans les voyages et avec son équipe toujours présente il avait fini par remonter la pente.

Cette rechute était inatendu et quand il repensait aux dernières années, il se rendait bien compte qu'il n'avait fait que masquer le souvenir de sa dernière relation amoureuse. Il avait attaqué à l'enterrer hier mais cette discussion avec Jad venait bousculer les choses. Il se rendait compte qu'il fallait qu'il revoit Sofia. Il fallait qu'il la laisse s'exprimer, elle aussi avait souffert et il avait besoin d'entendre ses erreurs. Il fallait qu'il lui pardonne et qu'il se pardonne à lui-même, sinon, il ne trouverait jamais la paix.

Il savait comment il voulait gérer son art et son business, il savait comment il voulait mener sa vie d'une manière générale, mais pour ce qui concernait l'amour, il avait encore l'impression de ne rien savoir sur le sujet.

- Tout va bien ? demanda Jad quand le silence se fit long.
- Oui pardon, il s'excusa dans un sourire faible, cette conversation me fait réaliser que j'ai encore des choses à faire, à dire et à entendre avant de vraiment tourner la page.
- la route risque d'être encore un peu longue, fait attention à ne pas te précipité.
- Mais demain c'est loin.
- Non Ken, demain c'est l'avenir. Demain, c'est le reste de ta vie.

On Est Amoureux Qu'une Fois Où les histoires vivent. Découvrez maintenant