Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)

Chapitre 16

Toute la journée de mercredi, je me concentrai seulement sur les cours, heureuse pour la première fois depuis le début de l'année d'avoir un emploi du temps aussi chargé. Le baiser avec Effy me hantait, me brûlait. Je voulais encore goûter ses lèvres et lui faire oublier toutes les autres filles. Juste cette pensée me tordait le ventre. Je ne comprenais pas ce que je ressentais, et ça me faisait peur. Je l'évitai toute la soirée, et tout jeudi. Le soir, au bar, je ne bus que très peu, pour être consciente de mes pensées. Martin n'eut donc pas l'occasion de me coller, et il alla flirter avec une autre fille, peut-être pour me rendre jalouse. Théa discutait avec des gens du groupe, sociable et incroyable. Au loin, je voyais ma coloc avec ses deux meilleurs amis. Elle avait parlé avec quelques filles, mais aucune ne semblait apte à la suivre dans les toilettes. On rentra alors vers 23h, et chacune se rendit dans sa chambre sans un mot.

***

Le vendredi fut un peu plus calme. Prendre un peu du recul sur le baiser échangé avec Effy me faisait du bien. À force de me poser des questions, j'en venais à la décision plutôt radicale de tenter de coucher avec un gars. Pas un rugbymen débile ou un abruti de mon université. Je trouverais bien.... On était encore en train de parler de la soirée d'Halloween organisée par le BDE quand je reçus un message d'Hanna. Elle me demandait si je serais à la boîte le lendemain. Je papotais un peu avec elle, et je l'appréciais beaucoup. Mais je ne ressentais aucun désir pour elle ni même attirance.

_ Qui te parle, demanda Martin ?

_ Une amie.

Il était bizarre, ces derniers temps. Peut-être car je l'étais aussi, après tout. Je commençais à être clairement lassée de son comportement, et je n'allais pas tarder à lui dire ses quatre vérités en face. C'est à ce moment que Julie, une fille du groupe assez gentille et surtout amie avec Théa, proposa de se faire un ciné le soir même. L'idée me plaisait bien, et j'envoyai un message à Effy pour lui dire que je ne rentrerais pas tard et que je lui faisais confiance pour ne pas sortir, sauf pour voir JB et Adam et rentrer à minimum 22h. Ce n'était pas un mensonge. J'avais conscience de ses efforts et je savais qu'elle respecterait ses engagements.

Le film était agréable mais sans plus. Je n'étais pas une grande fan de cinéma, mais cela changeait de d'habitude. Je m'étais débrouillée pour être en bout de rangée, à côté de ma meilleure amie, donc je n'avais pas eu de main sur la cuisse ou de tentative nulle. Il était 21h quand j'arrivai à la maison. Martin avait insisté pour me raccompagner chez moi, et ne voulant pas qu'il sache mon adresse, je m'étais retrouvée un peu plus loin. Évidemment, en partant, il m'avait embrassé et demandé s'il pouvait monter. Depuis le baiser avec Effy, j'avais envie d'essayer de nouveau de coucher avec un mec, certes, pour voir si ce que je ressentais en sa présence était unique... mais le faire avec ce gars me repoussait. Je prétextai être indisposée, et attendis qu'il parte avant de prendre le bon chemin.

_ Je suis rentrée...

Aucune réponse. Pourtant, j'entendais des bruits...

_ Effy, ça va ?

J'entendis un rire qui n'était clairement pas le sien. J'ouvris alors la porte de sa chambre, énervée, et écarquillai les yeux. Une jeune fille que je ne connaissais pas était allongée à côté d'elle, sous la couverture.

_ Oh, Ava, je ne pensais pas que tu rentrerais si tôt...

Je fronçai les sourcils. Ma colocataire comprit que j'étais énervée, donc elle demanda à la jeune fille de partir. Celle-ci s'habilla super vite, et partit en courant.

_ C'est dingue à quel point tu peux me décevoir.

Je sortis de la pièce, et elle me rattrapa, juste en tee-shirt et culotte.

_ Je pensais que tu rentrais tard...

_ Je suis vachement conciliante avec toi ! Quand tu veux aller chez Adam, j'accepte. Quand tu veux aller à la boîte lgbt, j'accepte. Quand tu as la flemme de faire du sport, je te laisse dormir ! Je demande pas grand chose en retour : que tu respectes les règles !

_ Je respecte les règles... mais là j'étais en manque et...

_ Pas de fille à la maison ! C'est pourtant simple !

Je ne comprenais pas pourquoi j'étais aussi énervée. Était-ce simplement pour cette histoire de règle, ou car voir Effy avec une autre fille était bien plus douloureux que ce que je pensais ?

_ Tu m'saoules Ava ! Je fais beaucoup d'efforts depuis que je vis ici ! Je sors que si tu es là, je ne sèche plus, je ne me bagarre plus avec des tocards dans les bars... Parfois je dors en classe, ok. Et parfois j'arrive en retard... Mais sinon je fais tout bien ! J'ai même passé une semaine à bosser de ouf, tu peux me laisser profiter un peu !

Je me mordis la lèvre. Elle avait raison... Je ravalai ma fierté, et sûrement ma jalousie, et m'excusai :

_ Je suis désolée. On ira à la boîte demain, tu pourras t'amuser autant que tu veux.

Et je me rendis dans la cuisine pour me commander à manger. Quelques minutes après, habillée, elle vint à table, et dit :

_ On a une question de retard.

Ah, oui. J'avais oublié, à cause de cette semaine de révision et de cette semaine à la fuir.

_ C'est pas grave. On a encore toute l'année devant nous.

Elle soupira, et demanda si on pouvait poser la question de cette semaine maintenant, même si c'était vendredi. J'acceptai à contre-coeur, et elle me demanda, en me regardant droit dans les yeux :

_ Est-ce que t'es jalouse ?

Je devins toute rouge, et rétorquai :

_ C'est pour mieux connaître l'autre, pas pour savoir ce qu'elle ressent. Je ne répondrais pas à ça.

Elle souffla encore. Heureusement, elle changea de questions, me demandant seulement si j'avais des frères et sœurs. Je lui répondis que non, et j'appris qu'elle avait un grand frère de trente ans qui travaillait au Japon en tant que chef.

_ C'est quand même nul que tu veuilles pas répondre à ma première question.

_ Tu crois vraiment que je peux être jalouse de ça ? Tu couches avec qui tu veux. Et moi aussi.

Je me détestais de répondre aussi mal. Surtout que je ne couchais avec personne.

_ Bref, ta question ?

_ Hm... qu'est-ce que tu entends par "te bagarrer" ?

Elle se mit à rire.

_ J'ai un caractère de merde et quand on m'insulte, je n'hésite pas à me battre. Bon, parfois, je me contente d'esquiver... J'ai fais de la boxe toute mon enfance, c'est pour ça.

Le livreur arriva peu de temps après, mettant fin à la conversation. Le soir, en me couchant, je soupirai. Je crois que oui... j'étais jalouse... Mais je ne comprenais pas pourquoi je l'étais. Je ne voyais pas pourquoi je ressentais ce genre de chose pour Effy. C'était une fille coureuse de jupon, qui collectionnait les conquêtes, fumait, se bagarrait, manquait de respect avec les professeurs, ... Rien de ce que j'apprécie... Son sourire en coin apparut dans mon esprit, et je secouai la tête. Il fallait que j'essaye de trouver quelqu'un pour oublier Effy...