Chapitre 61

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On avait passé la soirée à parler avec Louise. Elle faisait de la flûte, du piano et du violon. Mais son instrument de prédilection, c'était la flûte traversière. Elle nous fit même un petit concert privé et autant moi qu'Effy, on avait adoré. Le lendemain, elle commençait à 10h, donc on lui souhaitait bonne nuit et on allait sûrement pas la voir jusqu'au lendemain soir.

Lorsque ma colocataire s'installa dans mon lit, je lui dis en riant, quoi qu'un peu inquiète :

_ Je pensais que tu aurais préféré dormir avec Louise. Elle ne semble pas insensible à tes charmes en plus.

_ Bof. Elle est gentille mais j'ai pas un super feeling avec. Et puis, elle est très jolie mais ne m'intéresse pas trop.

_ Je croyais que du moment que c'était une femme majeure, consentante et lucide, tout allait bien.

Elle me toisa du regard, et je n'avais aucune idée de ce que voulait dire son expression.

_ Pas vraiment. J'ai quelques critères. Surtout en ce qui concerne le partage du lit. Mais, ouais, c'est pas du tout mon genre. Elle est trop timide, trop riche, trop... pas mon genre. Je sais pas comment dire.

_ Je suis timide et riche aussi, non ?

Cette fois, elle se mit à rire.

_ Toi, timide ? Dès nos premières conversations tu me lançais des piques.

_ Donc tu avoues être maso ?

_ Hôtes-moi d'un doute... Quand ais-je dis que tu me plaisais ?

_ Plein de fois... La première fois c'est quand tu me portais sur ton dos.

On se fixait, et elle ne répondit pas.

_ J'ai peut-être changé d'avis.

_ Ah, d'accord... Je vais garder mon tee-shirt alors, je ne saurai t'obliger à me voir sans si je ne te plais pas...

Elle se mordit la lèvre, et je sentis mon bas-ventre s'embraser à cette vision.

_ Tu es vraiment une démone...

_ Oui. Bonne nuit Effy.

_ Bonne nuit, Miss-Parfaite.

Son petit sourire satisfait me fit comprendre que c'était sa manière de se venger, et je m'endormis, plutôt heureuse.

***

On était en cours depuis deux heures, et je maudissais de tout mon être les cours de quatre heures. La seule chose qui me motivait à supporter, c'était d'observer Effy. Elle faisait de son mieux pour écouter et prendre des notes, mais elle avait clairement un trouble de l'attention. Toutes les dix minutes, elle arrêtait d'être studieuse pour passer quelques minutes à faire des conneries. Parfois, elle dessinait, parfois elle observait le plafond de l'amphi, parfois elle jouait avec son stylo. Quelques fois, elle entraînait JB dans sa phase rebelle et l'attaquait en utilisant son bic comme un sabre laser ou lui proposait un morpion. Le plus drôle, c'est quand elle s'amusait à faire des piles avec tout le contenu de sa trousse ou celle de JB. Je ne compte plus le nombre de fois depuis le début du programme où elle disparaissait quelques secondes de mon champ de vision afin de récupérer les affaires au sol. Comme pour se punir, après ça, elle faisait des origami et le blondinet finissait toujours par l'engueuler car, évidemment, elle prenait ses feuilles à lui.

Néanmoins, ce matin-là, j'étais surtout perdue dans mes pensées. Écarter Xavier a été plus facile que prévu, et ce n'était pas étonnant. Ce n'était qu'un gamin capricieux et pourri gâté. Mais Louise n'était pas pour autant libérée, délivrée de cette situation. Le plus complexe dans cette histoire, ce n'était pas tant l'ex-petit-ami, mais bel et bien les parents de la jeune fille. Et d'après ce qu'elle nous avait expliqué la veille, le souci principal, c'était la réputation. Ou peut-être l'argent. Enfin, dans tous les cas, la famille DelaCroix considérait que la musique n'était pas un métier. Et pour eux, leur fille avait besoin d'un homme afin de subvenir aux besoins de la jeune fille. Parce que, évidemment, elle ne pouvait pas se débrouiller avec son faible salaire de merveilleuse musicienne... Je soupirai tellement je trouvais ça stupide.

Je voulais l'aider, évidemment, mais je n'avais aucune idée de ce que je pouvais faire. Il fallait que je parle à mon père, c'était le seul qui pouvait vraiment arranger les choses. Sans même faire attention à mon environnement, je sortis mon téléphone et envoyai un texto à mon père pour lui demander s'il était sur Toulouse ou en déplacement. En tant que directeur d'une dizaine d'entreprises différentes et localisées un peu partout en France - et maintenant à l'étranger aussi - il bougeait beaucoup. Ce ne fut qu'à la fin du cours qu'il me répondit.

Papa : Je suis à Lisbonne jusqu'à mercredi. On déjeune ensemble ?

Moi : Ok. Tu veux te la jouer guindé ou pizza dans ton bureau, ça te convient ?

Papa : J'en peux plus des restaurants de luxe là... Une bonne pizza avec ma fille, ça peut le faire. En plus j'ai quelque chose à t'annoncer.

Je confirmai alors le déjeuner avec mon père, me demandant ce que pouvait être son annonce. Cela devait être lié à Nadya. Leur emménagement ensemble ? Des fiançailles ? Déjà le bébé ? Quand on a la quarantaine et qu'on se recase, je ne sais pas trop combien de temps il faut attendre pour passer les étapes. En tout cas, j'étais certaine que c'était une bonne nouvelle, et j'étais impatiente de revoir mon père.

***

Le soir, en rentrant à la maison, Effy et moi retrouvâmes Louise en train de jouer de son instrument favori. Il fallait avouer que c'était vraiment beau et j'avais du mal à comprendre comment ses parents pouvaient songer à ce qu'elle ne gagne pas bien sa vie avec ça. Même moi qui n'y connaissait rien pouvait affirmer sans difficulté que la blonde avait un réel talent. En nous voyant, elle s'arrêta soudainement, toute rouge.

_ Effy, Ava ! Vous rentrez tôt !

_ On fini assez tôt le lundi oui. Tu n'es pas au conservatoire ?

_ Que de 10h à 15h aujourd'hui.

On discutait calmement et elle reprit sa répétition lorsqu'Effy commença ses révisions. Moi, je me contentais de réfléchir à un plan solide pour "sauver" Louise. Mon but premier était de l'éloigner de Xavier, mais si c'est pour qu'elle se fasse démonter par ses parents, ça n'avait pas vraiment de sens... 

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant