Chapitre 87

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+Point de vue Effy+

J'étais assise sur le couvercle du jacuzzi, profitant de la nuit et du calme pour réfléchir. En inspirant une longue taff de cigarette, j'énumerais les pours et les contres à rejoindre Samia ou pas. Et, clairement, le seul contre, c'était Ava. Je ne comprenais pas ce que je ressentais, c'était la première fois que ça m'arrivait... Mais coucher avec une autre que ma colocataire me perturbait. Et en même temps, on ne sortait pas ensemble ni rien... C'est pas comme si j'étais amoureuse d'elle ou autre, hein... Alors pourquoi réagissais-je ainsi ?

Mon esprit s'envola vers ma grand-mère, qui devait bien se foutre de ma gueule quelque part là-haut dans le ciel. Elle détestait quand j'étais indécise, et avait une tonne de proverbes sur ce sujet, se contredisant tous. Par exemple "Choisis toujours l'option B car si l'option A était si bien, tu ne penserais même pas à l'option B" ou encore "Suis toujours ta première impression". Les deux disaient l'inverse et pourtant, ils dictaient sa vie, à l'époque. En vrai, elle se fichait pas mal des conséquences. Elle tentait le coup et voyait après ce qu'il se passait, tant pis pour les autres options possibles. Que me dirait-elle, si elle était là ?

Je réfléchis longuement à cette question, finissant presque ma clope. Et la réponse me semblait évidente. Ma grand-mère me conseillerait de coucher avec Samia. Au mieux, je m'éclatais et je passais une bonne soirée. Au pire, je ne m'amusais pas mais je confirmais qu'Ava était bien plus importante pour moi que ce que je pensais. Seulement... Ce deuxième cas de figure m'effrayait, parce que jamais une fille n'a été importante pour moi, à part peut-être une mais...

_ Tu n'as pas froid ?

La douce voix de la fausse Miss-Parfaite me sortit de mes questionnements. Je tournai la tête vers elle, et sourit.

_ Nop, ça va. Que viens-tu faire dehors ?

Elle s'allongea à côté de moi, les jambes dans le vide, et répondit :

_ J'ai reçu un texto de Théa.

_ Oh ? Alors ??

Elle sourit très fort.

_ Eh bien, nos meilleurs amis sont en couple et se sont même embrassés !

_ Mais non ?!

J'étais super contente pour Adam et pour Théa. Ils allaient super bien ensemble et je trouvais sincèrement qu'ils s'étaient bien trouvés.

_ Mais, demandais-je soudainement, il est quelle heure ?

_ Pourquoi je t'ai offert une montre si tu ne la mets jamais ?

_ Je la mets tous les jours... Je l'ai enlevé en me préparant après que les gars soient partis. J'allais quand même pas gardé ton cadeau pour aller voir Samia.

Ava eut un petit sourire, que je savais faux, mais je ne savais pas quoi dire pour la réconforter. Elle faisait tout pour ne pas prendre mal ce que j'allais faire ce soir, mais elle semblait quand même en souffrir... et ça me blessait beaucoup de la voir ainsi.

_ C'est 19h30, finit-elle par répondre. Tu dois y aller quand ?

_ L'hôtel est assez loin, je dois marcher jusqu'au tram... Je vais pas tarder à y aller.

_ Vous vous voyez dans un hôtel ?

Je n'osais même pas la regarder.

_ Oui, elle loue la chambre quand on se voit.

_ Pourquoi ? Vous vous cachez ?

Elle semblait agacée, un peu...

_ Non, pas spécialement. Elle vit dans une résidence étudiante où tout le monde entend tout le monde... Et avec moi, elle aime bien se lâcher...

Cette fois, Ava captura mon regard et me sonda jusqu'au plus profond de moi. Elle voulait savoir ce qu'on allait faire, je crois. Sans trop savoir pourquoi, je continuais :

_ Samia est une soumise. Elle aime quand je l'attache et que je lui donne des ordres... Et surtout elle aime les jouets.

Ava ne dit rien, la tête maintenant tournée vers le ciel. Elle demanda :

_ Et tu aimes ça ? Ce genre de pratique ?

_ Oui et non. C'est agréable d'attacher une fille et de la dominer, j'aime bien. Donner des ordres et utiliser beaucoup de jouets, un peu moins. Mais c'est sympa de changer de temps en temps... Pour ça que je continue à la voir après tant de temps.

La Miss-Parfaite ne dit rien, se contentant de se lever et de partir vers les escaliers.

_ Tu devrais y aller, alors. Ce serait dommage de faire attendre ton plan-cul. Soit à l'heure en cours demain.

Et elle disparut. Mon coeur se serra. Elle avait dit le mot plan cul avec tellement de peine... J'avais l'impression d'être un monstre. Mais au moins, un monstre qui allait avoir les réponses à ses questions ce soir. 

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant