En arrivant à la maison, je m'appuyai contre le mur, encore perturbée. Si je n'avais finalement pas de répondant, Martin ou un autre gars aurait fait ce qu'il voulait de moi. Ce que j'avais réussi à éviter il y a quelques années arriverait peut-être pour de vrai. Encore une fois, je regardai mon poignet. Il avait un peu gonflé et était quand même douloureux. Retirer mon manteau fut donc plus difficile que prévu et lorsque je me rendis dans le salon, j'étais essoufflée.
Ma colocataire se leva d'un bond, et s'approcha de moi, le regard vraiment sombre. Instinctivement, je cachai mon bras droit derrière mon dos.
_ Pourquoi tu ne répondais pas ?
_ Hein ? Je n'ai pas regardé mon téléphone...
Je l'observai sans comprendre son énervement.
_ Pourquoi t'es fâchée ?
_ T'es parti sans un mot avec un gars qui te parlait de masturbation au téléphone !!
_ Il fallait bien qu'on s'explique, j'allais jamais être tranquille si on ne parlait pas cash.
Puis, en la voyant en colère contre moi sans raison valable, j'ajoutai avec méchanceté :
_ Et puis c'est pas tes affaires, délinquante à problèmes ! Qu'il m'embrasse ou me supplie de lui donner une nouvelle chance, c'est ma vie !
Elle se figea, l'air dégoûtée.
_ Il t'as embrassé ?
Sans trop savoir pourquoi, je fis oui de la tête, en la baissant.
_ Tu l'as repoussé ?
_ Je n'ai pas pu. Mais je n'y ai pas répondu !
Elle me regardait avec une sorte de dégoût dans les yeux, ce qui me brisa le coeur.
_ C'est quoi cette tête ?
_ Tu me répugnes.
_ Pardon ?
_ Tu te dis lesbienne devant mes parents, le laisse entendre devant nos amis et tu te laisses embrasser par un gros porc qui se touche en pensant à toi ! T'es vraiment qu'une fille facile et hypocrite !
J'aurai aimé lui mettre une gifle, là. Mais j'étais incapable de lever la main sur elle. Je fis un pas en arrière, les larmes aux yeux. Alors c'était comme ça qu'elle me voyait. Une fille facile. Une hypocrite. Une Miss-Parfaite, en somme. Je serrai fort mon poing gauche, le rendant blanc.
_ Je n'ai pas accepté son baiser, je n'ai juste pas pu le repousser. Mais d'accord. Au moins maintenant, je sais ce que tu penses de moi.
Je laissai reposer mon bras droit le long de mon corps, et elle écarquilla les yeux en voyant la trace. Mais je ne lui laissai même pas le temps de dire quelque chose et ne cherchai même pas à comprendre ce que voulait dire son regard. Je fis demi-tour, attrapai mon manteau et mon sac à dos empli de mes affaires, et descendit au sous-sol. Elle n'eut même pas le temps de sortir de la maison que j'étais déjà au volant de ma voiture pour quitter l'immeuble.
***
Au bout de trois quart d'heures à rouler sans but, je fus obligée de m'arrêter à l'hôpital car, à force de changer les vitesses, mon bras devenait vraiment douloureux. Après plusieurs examens, un jeune homme me fit un magnifique bandage. Ce n'était rien de grave, mais je ne devais plus conduire. Ce qui m'embêtait car je ne voulais vraiment pas rentrer.
Je m'assis alors sur sur un banc devant le bâtiment et réfléchis aux diverses solutions qui s'offraient à moi. Et aucune ne me donnait envie. Je sentis alors mon téléphone sonner et lut le sms :
Hanna : Je viens de voir Effy à la boite, ça veut dire que tu y es aussi ?
Même si je n'aimais pas cette idée, je soupirai de soulagement. J'avais eu peur que sous le coup de la colère, elle aille cogner Martin.
Moi : Non pas ce soir, je viendrais peut-être demain.
Hanna : Rho zut. À demain alors.
Elle avait ajouté un smiley bisous, et je souris doucement. En passant sur instagram, la story de Martin actuellement à une soirée avec sa bande finit de me soulager. Effy n'avait pas fait de bêtises. Et c'était tant mieux, car je n'ose imaginer ce qui se serait passé si elle était allée frapper Martin.
J'en profitais alors pour regarder les messages, et comme toujours après mes départs soudains, j'en avais plusieurs de mes amis. Ma colocataire n'avait pas cherché à me recontacter entre-temps, ce qui n'était pas plus mal. Si je m'écoutais, je prendrai un billet d'avion pour aller dans la résidence secondaire de mon père en Thaïlande, où il fait actuellement chaud. Mais comment le justifier vis-à-vis du programme ? Et puis depuis quand fuire était la solution ?
Hanna : c'est quand même dommage... Il y a Laura aussi, on ne s'est pas vu depuis longtemps...
C'est vrai. Ça faisait longtemps.
____
Une petite dispute ! J'avais envie de montrer que la relation entre Effy et Ava n'était pas que drague et sensualité. À 22 ans, on reste encore un peu des ados, finalement...
J'espère que cette petite phase "drama" vous plaira aussi !
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Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)
RomanceElle, c'est Ava. Une "Miss-Parfaite" riche, belle, intelligente, déprimée. Elle, c'est Effy. Une "délinquante à problème", sexy, bad girl, lesbienne. On aurait pu croire qu'elles n'avaient rien en commun, mais les voilà colocataires forcées. Comme...