Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)

Chapitre 110

Chapitre 110

Les soirées du jeudi soir sont, depuis un bon moment, assez calmes. Autrefois, Ava les détestait car elle était obligée de rester avec Martin et les autres connards, et moi je les détestais car j'en avais rien à carrer de l'Université. En réalité, on n'était pas obligées d'y aller, mais Théa et JB tenaient à voir notre classe. On les accompagnait donc, souvent avec Adam et Jade, dans ce petit bar sympathique malgré tout.

Mais ce soir-là de mi-mai, alors qu'on était assis depuis deux heures, je sentais beaucoup de regards sur notre table, et je ne comprenais pas bien pourquoi. Enfin, surtout sur Ava. Pourtant, elle avait son style de vêtements habituel, avec un pull star wars gris laissant dépasser le col d'une chemise blanche, une jupe de la même couleur, des converses noires, et une casquette noire. Ses cheveux étaient toujours aussi beaux, ses yeux maquillés légèrement... Son look habituel, quoi. Elle était magnifique comme d'hab, mais ne méritait pas plus que ça d'attention.

Seulement, les gens me regardaient aussi, et même si j'avais l'habitude, je comprenais qu'il y avait un souci. J'étais exactement comme d'habitude, et rien ne justifiait que certains gars de la classe me trucident des yeux. Ce fut Adam qui réagit le premier à cette ambiance :

_ Vous trouvez pas qu'on nous regarde bizarre depuis qu'on est arrivés ?

_ De ouf, réagit directement Jade. C'était ce que j'étais en train de me dire.

J'allais répondre aussi quand un gros bruit attira notre attention. Martin était debout, le poing posé sur la table.

_ Je t'ai dit de la fermer, Dorian ! C'est obligé qu'elle l'a forcé !!

Puis, d'un coup, il se dirigea vers nous, et attrapa Ava violemment par le poignet.

_ C'est ça, hein, Ava ?

Il sentait fort le rhum, et je vis Ava se tendre. Je me levai alors, en essayant de le pousser :

_ Qu'est-ce qu'y te prends, mec ? Tu lui fais mal !

Mais au lieu de la lâcher, il tira Ava vers lui, et montra une photo sur son téléphone. C'était moi en train d'embrasser Ava appuyée contre un mur. Le mercredi matin, il y a deux semaines... Quelqu'un nous avait vu... Je me figeai alors sur place, tétanisée.

_ Tu l'as forcé, n'est-ce pas, délinquante de merde ? C'est pour ça qu'elle m'a rejeté ! Tu l'obligeais !

Ava ne disait rien, et moi, j'étais abasourdie. Craignant d'envenimer la situation, aucun de nos amis n'osait bouger ou rétorquer cette information. Moi non plus, d'ailleurs. J'avais déjà connu ça, et l'avenir d'Ava se jouait peut-être maintenant, après tout... En plus, il y avait une preuve visuelle... Si son père ou les partenaires de la Rivière Corporations l'apprenaient, elle risquait d'en souffrir...

_ Je me disais aussi que c'était bizarre que tu traînes avec eux, Ava... Toi qui es si parfaite, rester avec une gouine et des cancres...

Il lâcha son poignet, enfin... Mais la colla contre lui. Elle baissait la tête, et j'étais vraiment inquiète. Qu'elle mente en disant que je l'avais forcé, je le comprendrais. Elle avait tout à perdre, après tout... Mais je ne voulais vraiment pas qu'elle ait de nouveau l'impression d'être la Miss-Parfaite qui se doit de dire "oui" aux hommes. Je ne voulais plus jamais la voir aussi triste. Pourtant, là, elle l'était. Martin continua son monologue :

_ Je te protégerai, Ava. Ton père sera fou de rage lorsqu'il l'apprendra, mais je viendrais avec toi lui dire que cette délinquante t'as forcé. Car c'est le cas, hein ?

Je vis les larmes monter aux yeux de ma colocataire, mais elle se retint de pleurer. Elle devait être effrayée par la situation et par la perspective d'être surprise par son père. J'avais déjà connu ça. J'avais l'habitude. Je serrai alors les poings, et répondit à sa place :