Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)

Chapitre 75

Avant des résultats d'examen, les gens peuvent parfois devenir bizarres. Effy en faisait partie. Elle qui était normalement très confiante et assurée était devenue maladroite et gauche. Elle passait son temps à faire tomber des objets, à manquer de tomber ou à dire des phrases sans queue ni tête. Elle avait même cassé mon super joli mug Winnie l'ourson ! En plus c'était des examens de fin de semestre, donc importants mais sans plus. Et puis, mon père voulait qu'elle ait minimum huit de moyenne, et vu comment elle a travaillé, cette note était tout à fait envisageable. Elle avait encore des lacunes, mais je n'étais vraiment pas inquiète.

En marchant vers l'université, elle était tellement distraite qu'au moment de traverser, j'ai dû lui attraper la capuche pour pas qu'elle se fasse renverser par un cycliste.

_ Eh oh, calme !

_ Pa... pardon...

_ Qu'est-ce qui te stresse autant ? Le résultat ou que ce soit affiché ?

Je ne comprenais pas cette manie. Les résultats étaient affichés sur les grands tableaux du jardin de l'Université, avec la moyenne de chaque élève. J'ignorais si c'était pour gratifier ceux qui réussissent ou pour ridiculiser ceux qui échouent mais je n'aimais pas ça. Si un jour mon père me laisse m'occuper de l'Université, je changerai ça.

_ Nan, m'en fiche de l'avis des gens... C'est le résultat...

Elle s'arrêta, et me regarda :

_ Qu'est-ce qui se passera si j'ai moins de 8 ?

Je me mis à rire, mais en voyant l'inquiétude dans son regard, mon cœur se mit à espérer.

_ Tu as peur de devoir être séparée de moi, demandais-je avec un sourire charmeur ?

Ses joues rougirent un peu, mais elle répondit :

_ Ho, heu... non, c'est surtout que j'ai aucun endroit où vivre si...

_ Ah.

Quelle déception. Mais son visage trahissait un peu ses pensées. Je pense ne pas me tromper en disant qu'elle ne voulait pas qu'on se sépare. Enfin, qu'on ne vive plus ensemble.

_Si tu as moins de 8, tu seras renvoyée... Mais je ne te virerais pas de l'appart tant que tu n'as pas trouvé un boulot alimentaire pour rebondir. Je suis une diablesse mais pas à ce point, quand même.

La fin de ma phrase la fit sourire, mais le début la crispa un peu. C'est vrai que ça devait être stressant pour elle. Je n'avais pas réalisé.

***

Une fois devant les panneaux, Effy se tétanisa. Pour elle, beaucoup de choses reposaient sur cette note.

_ Tu veux que j'aille voir ?

_ Je... Oui.

Je m'approchai alors du tableau, profitant qu'il n'y avait pas encore tous les élèves de la fac agglutinés ici. Théa et les autres n'étaient pas encore là d'ailleurs.

Je regardai depuis le bas la liste pour d'abord me trouver. J'avais 18. Des fois, je me demandais si c'était vraiment mes notes à moi ou si les profs me donnaient quelques points en plus. Mais le fait que les partiels soient anonymes avec un code différent pour chaque élève me rassurait.

Je levai ensuite les yeux, cherchant Campbell sur la liste. En voyant sa note, un sourire se dessina sur mon visage. Je le savais. Je retournai vers elle, l'air déçue.

_ Alors ??

Ce fut difficile de lui mentir, mais jouer avec elle était vraiment hilarant. Je baissai la tête.

_ Oh non, j'ai moins de huit. C'est la fin du monde. Je vais être renvoyée, jamais trouvé de bon travail, je vais finir vendeuse dans un magasin louche et mes parents me détesteront et...

_ Je fais la tête car je dois encore te supporter six mois...

_ Quoi ?

Je lui souris, malgré moi :

_ Tu as plus de huit.

_ Putain ! Tu m'as fait peur ! T'es trop méchante !

_ Pardon.

Elle me regarda, une flamme étrange dans les yeux.

_ J'ai combien ?

_ Tu as 10,5..

_ Oh putain. Répètes ?

_ Tu as 10,5.

Elle ouvrit grand les yeux.

_ J'ai plus de la moyenne ?

_ Oui, enfin juste de 0,5 mais oui...

Effy me sauta dessus et me fit un énorme câlin. Les gens nous regardaient, mais pour le coup, je m'en fichais.

_ Ava, j'ai vraiment envie de t'embrasser là.

_ Évite s'il te plait, j'ai pas encore fait mon coming-out.

Elle se détacha de moi, et me fixa droit dans les yeux, sérieuse.

_ Donc ailleurs... ?

_ C'est envisageable.

Elle m'attrapa par le poignet, et me guida jusqu'au deuxième bâtiment de l'Université. Elle ouvrit un placard à balais, et me fit rentrer dedans avec elle.

_ Quelle ironie, je te dis que je n'ai pas encore fait mon coming-out et tu m'emmènes dans un placard. Tu te rends compte du...

Elle plaqua sa main sur ma bouche, le visage sérieux et les yeux brillants.

_ Tais-toi.

Avant même que je puisse réagir, elle remplaça sa main avec sa bouche. Au départ, nos baisers furent doux et emplis d'une tendresse étrange. Mais au fur et à mesure, l'ambiance s'électrisa dans le petit cagibi. Nos baisers devenaient fougueux, intenses. Les mains d'Effy parcouraient mes hanches, ma chute de rein, mes cuisses. Elle les agrippa et me souleva pour me plaquer contre le mur, se collant à mon corps brûlant. J'avais chaud, terriblement chaud. Je sentais mon désir monter en moi et rendre ma culotte trempée. J'avais envie d'elle comme jamais.

Je passai mes mains autour de son cou pour l'attirer encore plus contre moi, et un gémissement s'échappa de mes lèvres. Je la sentis sourire contre mon visage, et elle en profita pour faire glisser sa langue contre la mienne. Je respirai tellement fort, et elle aussi je crois, que nos poitrines n'arrêtaient pas de s'entrechoquer, et de m'exciter encore plus. Je sentis ses mains venir se poser sur mes fesses, et je l'entendis murmurer entre deux baisers :

_ J'ai tellement envie de toi, Ava...

Moi aussi. J'avais vraiment envie d'elle. Je n'en pouvais plus. J'en avais marre de me retenir et d'attendre. Pour une fois dans ma vie, j'allais écouter mon coeur et mon corps plutôt que ma raison ou quelqu'un d'autre. Je m'arrêtai donc en lui saisissant les épaules et en la repoussant. Elle me déposa au sol, essoufflée.

_ Ok, dis-je avec assurance.

Elle me regardait, vraiment étonnée. Comment faisait-elle pour être aussi sexy dans un foutu cagibi ? Je repris donc, en la regardant droit dans les yeux :

_ On rentre à la maison.

_ Quoi ? Mais on a cours...

Je sortis du placard - littéralement, peut-être, j'étais perdue - et me retournai vers elle, les joues rouges :

_ Tu as envie de moi ou non, Effy ?

Elle comprit, et me suivit.