Chapitre 73

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J'aimais la pluie, très sincèrement. Quand j'étais sous la pluie, je me sentais moi-même. Je me sentais connectée à l'univers. Il faisait vraiment très froid. Mais qu'est-ce que je me sentais bien. À quelques mètres derrière moi, abritée par le petit porche, Effy attendait.

_ Ma mère se nommait Anémone Pujol. C'était une femme forte, puissante, et autoritaire. Depuis que je suis petite, elle me prépare à devenir une femme influente. J'ai appris de nombreuses langues, à faire de la gestion, des tableaux excels... Quand je t'ai dit qu'à 8 ans je savais déjà faire un tableau de gestion, c'était vrai. J'étais intelligente, et ma mère en profitait clairement. Mon seul loisir c'était la lecture et, pendant un petit moment, le violon mais j'ai vite arrêté car j'étais douée et ma mère commençait à parler de grands concerts... Bref, je n'avais pas d'amis. J'étais juste une machine pour ma mère. Elle adorait montrer à tout le monde que j'étais intelligente et parfaite, feignant de l'amour devant tout le monde alors que jamais elle ne m'avait dit qu'elle m'aimait ou autre. À ses yeux, et je le savais, j'étais juste une marionnette à exposer.

Je pris une grande inspiration.

_ Mais surtout, j'étais belle. Ma mère le savait. Elle savait que j'attirai les regards, que j'attirai les sales types qui bossaient dans ce monde de merde. Mes formes adultes ont commencé à apparaître vers 12 ans. Si ça c'est pas un signe du ciel, comme elle disait... Elle voyait le regard de ces connards sur moi. Elle voyait que ça pourrait lui permettre de l'aider.

Je retenai mes larmes, m'agrippant le plus possible à cette rambarde.

_ A partir de mes 13 ans, elle a commencé à m'emmener aux rendez-vous avec ses futurs collaborateurs. Je me souviens, son bureau était toujours pareil. Elle était sur le canapé d'en face, et me fixait avec un sourire malsain. Seule une petite table basse nous séparait. Et sur le canapé où j'étais, il y avait ces hommes. Au début, je devais juste sourire, vanter ma mère, dire qu'en effet je les reverrai, être un peu charmeuse. Elle me disait de ne jamais dire non à un homme, de toujours accepter ce qu'ils disaient. Puis petit à petit, ils ont commencé à poser leurs sales pattes sur moi.

J'avais aucune idée de comment était Effy derrière moi. Mais là, je me rendais compte que plutôt que de la tristesse comme à l'époque, c'était de la colère qui me venait quand je pensais à tout ça. Je pris une grande inspiration, et continuai :

_ C'était soft. Des caresses dans mes cheveux, sur mes bras, sur ma cuisse... C'était déjà trop, mais j'étais comme fermée. Je voyais la scène d'en haut, et j'attendais juste. Je souriais, disant seulement oui, et attendant que ma mère signe son accord. La chose la plus traumatisante à chacun de ses rendez-vous, c'était son regard à elle. Ce regard satisfait et pervers, comme si elle était heureuse de me voir ainsi. À sa merci. Vers mes 14 ans ou 15 ans, je ne sais plus, les hommes devenaient encore plus tactiles. Ils devaient parler entre eux, dire que j'étais la petite... salope ou je ne sais quoi de ma mère, prête à tout pour signer des contrats. Je sentais que ça allait déraper un jour où l'autre. Alors j'ai perdu ma virginité avec un ami à moi. Je voulais vivre ça avec un gars que j'avais choisi, moi...

Ma tête était en ébullition, et seule la pluie me calmait.

_ Ca a continué comme ça jusqu'à mes 16 ans. Mon père était au courant de tout ça, enfin, que ma mère me faisait venir à ces rendez-vous. Les rares fois où il était là, les hommes se contentaient de juste effleurer mon bras... Et puis un jour... C'était monsieur Léon Martel. Un sale type. Tout dans sa façon d'être était horrible. Il était affreux... Il avait une entreprise très importante et imposante. Ma mère avait besoin de cet accord. Avant elle m'avait dit « Allez, forces toi un peu, Ava ! Fais ça pour nous. »... Le rendez-vous a prit des heures. Ça n'avançait pas. Le gars faisait tout pour que ça dure le plus longtemps, pour qu'il puisse me toucher... Et puis ils ont eu un échange bizarre. Il lui a dit qu'elle savait ce qu'il voulait pour signer ce contrat. Elle m'a regardé, et a donné son accord.

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant