Chapitre 63

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En retournant à l'université, malgré moi, j'avais un beau sourire aux lèvres. Voir mon père aussi heureux à me raconter ses vacances avec Nadya, l'entendre dire qu'il était amoureux et qu'ils allaient s'installer ensemble... C'était agréable, vraiment, de le voir comme ça. C'était la première fois de ma vie que je le voyais ainsi, et j'en étais vraiment heureuse.

Cela dit, maintenant, j'avais du pain sur la planche. Je devais m'occuper de la situation de Louise et continuer à faire réviser Effy. Deux missions difficiles. Peut-être que je vais faire tout ça pour rien et qu'en voyant l'horrible cocard qui était toujours présent sur le visage de la blonde, ses parents allaient comprendre la situation et accepter sa rupture. Mais je ne m'y attendais pas trop... S'ils refusaient, Louise ferait semblant un petit moment, mentant sur le fait que la rupture a déjà eu lieu. Ça me laisse donc, genre, deux semaines pour trouver une solution.

Durant les cours de l'après-midi, mon cerveau était en ébullition. Tellement de choses possibles, mais cela devait rester légal, correct, et bien vu. Je notais tout sur mes papiers, devant donner l'impression que j'étais drôlement assidue à ce que disait le prof. Mais évidemment, j'écoutais rien. J'avais déjà potassé ce sujet de toute façon.

La première idée que j'avais, et clairement la meilleure, était un gala de charité. Des musiciens viendraient jouer, et les gentils donateurs pourraient enchérir sur les musiciens afin d'avoir un concert privé. J'avais déjà vu ce concept, et même si ça donnait un peu l'impression de vendre des personnes, ce n'était que l'histoire d'un petit concert. L'argent récupéré allait à une association, ce qui était génial et en plus bénéfique pour l'image des gens et de l'entreprise. Sans compter la pub que ça faisait aux artistes qui, souvent, se faisaient connaître et récupéraient des contrats. Seulement, un tel projet mettrait plusieurs mois à se mettre en place, et n'est donc pas possible.

La deuxième idée était de demander à Louise de s'occuper de la musique de la prochaine campagne de pub d'un des produits vendus par mon père. Mais ce n'était pas une idée incroyable...

Plein d'autres idées se succédèrent dans ma tête, toutes plus ou moins viables et réalisables. J'étais tellement concentrée que je ne j'entendis pas le professeur annoncer la fin du cours, ni les autres élèves partir. C'est la main de JB sur ma tête qui me fit réagir. En me voyant aussi surprise, Effy, Théa et lui éclatèrent de rire.

_ Tu pensais à quoi pour être aussi perdue, demanda ma meilleure amie en rigolant ?

_ Je pensais à Louise.

En répondant cela, j'avais lancé un regard chargé en sous-entendus à Effy. Je voulais aider la blonde et je devais m'occuper des révisions, certes, mais ma mission principale, c'était essentiellement de rendre dingue ma colocataire. Et cette phrase marchait très bien. Comme JB n'était pas vraiment au courant de tout ça, ayant passé la soirée de samedi à draguer dans son coin, on prit le temps de lui expliquer la situation avant de rentrer.

Nous étions sur le point de partir de l'université, chacun de son côté, quand la silhouette de Louise apparut devant nous. Elle était habillée en tailleur très classe, et tenait l'étui de sa flûte à la main. Dès qu'elle me vit, elle accouru vers moi, attirant l'attention de quasiment tous les élèves de la classe. Elle ne semblait pas très en forme, et dès qu'elle nous aperçut, elle se dirigea dans mes bras, choquant tout le monde. Moi la première, peu habituée à ce genre d'effusion.

_ Louise... ?

_ Je crois que mes parents me détestent...

Je la repoussai un peu, et lui demandai :

_ Qu'est-ce qu'il y a ?

_ Je... J'ai fais un skype avec eux durant ma pause et en voyant le cocard, je leur ai dit que c'était Xavier et...

Nous étions tous impatients de savoir la suite, mais elle se mit à pleurer. Je la pris alors dans mes bras, malgré le regard désapprobateur d'Effy. Je lui caressai le dos, attendant qu'elle veuille bien parler.

_ Ils ont dit que s'il m'avait frappé, j'avais dû le chercher.

_ Attends, quoi ?

Je fus surpris de la rapidité de ma meilleure amie. Louise se détacha de moi, essuya ses larmes, et expliqua que pour ses parents, la femme n'avait pas d'autres choix que d'écouter l'homme de la maison. Elle n'avait jamais réalisé à quel point sa mère était docile avec son père, et elle se rappelait maintenant qu'elle cachait ses bleus à l'époque... C'était coutume dans sa famille, les femmes maltraitées. Et qu'elle le soit elle-même, ce n'était donc pas un problème.

On ne savait quoi dire tellement c'était surréaliste. Comment au 21ème siècle des gens pouvaient être aussi... cons. Je n'avais pas d'autres mots.

_ On peut... aller à la boite pour se changer un peu les idées... s'il vous plaît... ?

Adam passa son tour, devant s'occuper des jumeaux. JB fut le plus heureux. Même s'il ne connaissait pas Louise, il l'attrapa par l'épaule, et fut le premier à avancer. Théa le suivit, essayant de le calmer un peu car la blonde avait tendance à éviter le contact avec les hommes. J'allais les suivre quand Effy m'attrapa le bras.

_ Il... s'est passé quelque chose entre vous ?

_ Pourquoi tu demandes ça ?

J'étais vraiment étonnée de sa phrase.

_ Je sais pas, juste... Tu pensais à elle tout à l'heure, tu n'étais pas là ce midi, et là elle te saute dessus...

Il fut impossible pour moi de ne pas sourire en l'entendant énumérer les faits. C'est vrai que vu comme ça, on pourrait croire qu'il s'était passé quelque chose. Je lui mis une pichenette sur le front, et me mis à marcher, lui soufflant seulement :

_ Qui sait... ?

Elle me lança un regard noir, mais suivit le pas. 

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant