Jamais je n'aurai pensé voir une aussi grande maison dans Toulouse même. Je savais que ce coin de la ville était plutôt aisé, mon père ne vivant pas très loin, mais là, j'étais vraiment choquée. Plus qu'une villa, c'était un véritable manoir très ancien et faisant penser étrangement aux demeures des prêtres à l'époque. Effy, à côté de moi, émit un très long sifflement, encore plus étonnée que moi.
_ Mais t'as des frères et soeurs, demanda-t-elle ?
_ Non. Mes parents et moi nous sommes seuls. Pourquoi ?
C'était... indécent. La famille de Louise devait vraiment être aisée. Les bijoux et le passé catholique semblaient bien payer. Je savais que j'avais rien à dire puisque j'étais moi-même riche, mais je pense que ça, c'était le plus injuste sur terre. Cette maison était assez grande pour y mettre la plupart des sdf de la ville. Mais en vrai, mon budget sushi par mois était colossal, je ne pouvais pas juger ce genre de chose, même si je faisais régulièrement des dons à des associations.
Secouant la tête pour chasser ces pensées, je pris tout de même le temps de regarder s'il n'y avait pas une autre voiture ou un garçon caché quelque part. Rien à signaler. Pour le moment... Avant d'arriver, on avait pris le temps d'aller chercher ma voiture et d'aller manger. Louise n'avait jamais goûté de kébab, et même si je n'aimais pas ça, on a trouvé ça marrant avec ma colocataire de lui faire découvrir. Et étrangement, la blondinette avait adoré. Il était déjà 14h et j'avais un mauvais pressentiment.
Avec Effy, on n'osait pas trop visiter le lieu et suivre Louise dans ses "appartements". J'avais l'impression que j'allais me perdre et ma colocataire, elle, ne semblait pas à l'aise. On était donc assise sur le capot de ma voiture, et on attendait. On entendait seulement les pas de la jeune fille qui posait ses affaires devant la porte. Une valise pleine de vêtements, une valise pleine d'affaires diverses. Trois étuis à instruments de musique.. En voyant tout ça s'entasser, je soupirai. Ma voiture allait mal vivre le retour.
_ Elle reste combien de temps déjà, demanda Effy ?
_ Une semaine. Mais je crois qu'au conservatoire il faut mettre des tenues spéciales et il est normal qu'elle prenne de quoi s'occuper...
Je pouvais comprendre l'étonnement d'Effy. Quand elle est venue vivre chez moi, sa vie personnelle rentrait littéralement dans un gros sac à dos et une petite valise. Quelques habits, quelques affaires, son skate-board, et c'était tout.
Au bout de trente minutes, Louise arriva avec un petit sac à main supplémentaire. En voyant le contenu, ma colocataire déglutit difficilement. Il devait bien y avoir 5000€ cash. On entreprit de charger ma petite et jolie voiture, remerciant mon passé de geek à jouer à Tetris, quand une moto se gara devant nous, après un bruit assourdissant. Quelle kéké...
Xavier descendit de sa bécane sportive et sûrement récente et enleva le casque de la même manière que les filles dans les pubs. Effy dut penser comme moi car je l'entendis ricaner.
_ Qu'est-ce que vous faites là vous deux ?
Louise n'arrivait plus à parler, la lèvre tremblante. Si quiconque pensait qu'elle jouait la comédie, ses doutes seraient sûrement effacés à ce moment-là. Même le plus grand acteur du monde ne pouvait feindre cette expression de peur. Je répondis donc :
_ On est ses amies et elle avait besoin d'affaires.
_ Vous partez en vacances ?
_ Si s'éloigner de toi est considéré comme des vacances, alors oui.
Le jeune homme eut un rictus mauvais, et je sentais le regard d'Effy sur moi. Je ne savais pas ce qu'elle pensait, mais une chose est sûre : ma réponse lui plaisait.
_ Tu ne sais plus parler, Louise ?
_ Je... J'ai rompu Xavier... Tu n'as rien à faire... là...
_ J'ai pas donné mon accord pour cette rupture. Et tes parents ne voudront jamais. Tu n'es qu'une misérable musicienne, tu as besoin de moi pour vivre.
Je voyais des larmes se former aux coins de ses yeux et cela me brisait le cœur. Xavier s'approcha, et je lui dis :
_ On n'en a rien à faire de ton avis ou de celui de ses parents. Elle ne restera jamais avec un gars qui la frappe.
Il me regardai, amusé.
_ Toi t'aimais bien, non ? Je me souviens de cette fessée...
Je sentis Effy s'agiter, mais je la retenais par la manche.
_ Il fallait bien simuler pour une finir au plus vite. Et puis, c'est vrai que j'ai davantage senti la fessée que le reste...
Blesser l'orgueil des hommes en insinuant qu'ils en avaient une petite, ça marchait toujours. Xavier s'approcha de moi, et me dit avec haine :
_ Si je te retrouve seule, je te montrerai qu'elle est pas si petite.
_ C'est une menace ? Excellent. Ça me facilite tellement la tâche.
Tous me regardèrent, étonnés, même Louise. Je déclarai donc :
_ Les menaces de viol sont punies par la loi. Je ne fais aucun enregistrement audio car sans ton consentement, il n'aurait aucune valeur devant des juges. Toutefois, maintenant que tu as franchi la ligne, tout ce que je pourrais faire sera de la légitime défense.
_ Hein ?
Sans même lui laisser le temps de parler davantage, je l'attrapai par le col et le haut du bras, et lui fis une violente prise de judo. Une fois à terre, le voyant totalement assommé, je lui mis un coup de pied dans l'entrejambe, l'air de rien, en souriant à Louise :
_ Effy et sa boxe étaient là par sécurité. Je suis ceinture marron de judo.
Elle me rendit mon sourire, bien que surprise, et alla s'asseoir sur le siège conducteur. Comme il y avait Xavier, Effy ne fit rien, mais elle me dévorait des yeux. Elle se rendit aussi dans la voiture, mais moi je ne bougeai pas. Je pris le temps de m'accroupir et de murmurer à l'oreille du blessé :
_ Tu l'ignores peut-être, Xavier, mais ton père travaille pour le mien. Et, par extension, travaille pour moi. Tu as intérêt à te faire discret et à laisser Louise tranquille si tu ne veux pas que je ressorte certaines magouilles...
J'avais aucune idée de si la famille De la Roche avait trempée dans des histoires douteuses. Mon père évitait les partenaires louches de manière générale, surtout depuis les révélations sur ma mère. Mais on ne pouvait pas contrôler tout ce que faisaient nos collaborateurs. Et justement, ça ne m'étonnerait pas qu'il y ai quelques secrets à cacher. La peur dans le regard de Xavier me le confirmait.
Je retournai dans la voiture, et personne n'osait parler. Après la prise de judo, j'avais très mal au bras. Qu'il reparle de cette "fessée" m'avait peut-être davantage déplu que ce que je pensais. Je n'étais pas totalement consentante à ce rapport sexuel, ou plutôt à cette partie-là du rapport... Je ne voyais pas ça comme un viol, bien sûr, mais ça m'avait marqué. Et qu'il me menace de ça après ce que j'avais vécu, enfin, presque vécu... Ça m'avait énervé. J'avais pris des cours de judo sans que personne ne le sache à cause de ces deux événements, justement. La colère et la honte m'avaient poussé à agir aussi impulsivement, et je n'en avais pas du tout l'habitude. Vu mes tremblements qui ne cessaient pas depuis que j'étais assise, je compris que j'en avais trop fait.
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Je viens de voir ce soir que mon histoire est classée première au top #lesbienne ! Merci à tous ! Je poste la suite bientôt. :D
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Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)
RomanceElle, c'est Ava. Une "Miss-Parfaite" riche, belle, intelligente, déprimée. Elle, c'est Effy. Une "délinquante à problème", sexy, bad girl, lesbienne. On aurait pu croire qu'elles n'avaient rien en commun, mais les voilà colocataires forcées. Comme...