Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)

Chapitre 105

J'avais toujours détesté Clément. Il était lourd, prétentieux, hautain, dédaigneux et plein d'autres adjectifs abjects qui le qualifiaient à merveille. Dès qu'il entra, il nous regarda avec un air supérieur. Il ressemblait beaucoup à mon meilleur ami physiquement, mais mentalement, c'était un vrai salaud.

_ Il y a une fête, ici ?

_ Quelle perspicacité, Clément.

_ Oh, Effy.

Son regard appréciateur me donnait la gerbe. Quel beauf. Heureusement que j'avais mis une veste assez grande de JB par-dessus mon maillot, j'aurai détesté qu'il me voit ainsi.

_ Toujours aussi splendide, mais vulgaire.

_ Et toi toujours aussi chiant.

Son rictus à la bouche trahissait son mécontentement. Il l'ouvrit pour parler, mais je demandai avant :

_ Que viens-tu faire ici ?

_ On m'a appelé pour une opération, mais je dois d'abord récupérer un dossier.

Il regarda tout autour de lui, et demanda à son tour :

_ Où est Jean-Baptiste ?

_ Qui sait, répondis-je en haussant les épaules ?

Adam se retenait de rire, je le savais, et Théa ne comprenait pas grand chose. Je n'avais jamais eu honte de répondre à ce con. Il s'avançait vers la piscine quand Adam l'arrêta :

_ Et moi, je n'ai même pas un salut ?

_ Bonsoir, Adam. Tu as l'air toujours aussi négligé.

Adam ne réagit pas, et Théa vint à côté de lui.

_ Par contre, ta copine est très jolie.

_ En effet, mais comme tu l'as dis, c'est ma copine.

Clément détailla les formes de la meilleure amie d'Ava, et sourit :

_ Puis-je savoir pourquoi vous me retenez ? Jean-Baptiste a quelque chose à cacher ?

J'ignore si c'est le sourire crispé de Théa, mon soupir ou le regard blasé d'Adam, mais le médecin serra les dents.

_ Il est avec un mec, c'est ça ? Je vous jure, si c'est le cas, je lui crève les yeux.

Je me mis à rire :

_ Venant d'un ophtalmo, c'est assez ironique.

Il me poussa un peu, agacé de cette blague, et passa pour aller vers la piscine où se trouvait de base JB.

_ Tais toi, la gouine.

Je lui suivis, en riant, même si je n'étais pas rassurée :

_ Dieu merci, tu l'as enfin compris ! Après le dernier rateau que je t'ai mis, j'ai cru que j'allais encore recevoir tes dickpick...

Cette fois, il se tourna vers moi, et j'en profitai pour me mettre dos à la piscine et lui cacher la vue. Tout le monde nous voyait et nous entendait.

_ J'étais jeune et con.

_ Tu es toujours con.

_ Et toi, tu es vulgaire.

_ N'est-ce pas ce qui te plaisait chez moi, justement ? Que disais-tu, déjà ? Une bad-girl des squats doit savoir sucer ?

Je sentais qu'il était en colère. En vrai, ce serait plus simple qu'il voit JB avec Ava. Au moins, il serait satisfait et partirait. Mais c'était trop rude pour moi. L'imaginer avec une autre personne, ça me brisait le cœur. Vraiment. Pourtant, l'inévitable arriva. Clément me poussa de nouveau, et s'approcha de la piscine. Je fis aussi demi-tour, prête à voir ce que je redoutais le plus de voir, et ouvris grand les yeux. Jade était en train d'embrasser JB avec passion, lui dans l'eau et elle assise sur le rebord de la piscine. Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres du grand-frère :

_ C'est ça que vous vouliez cacher ? Que mon frère roule une pelle à une grosse ? Bah, il tombe bien bas, mais sa phase "je suis peut-etre gay" est finie, au moins.

Je serrai les poings en entendant l'insulte, mais ne fis rien. Frapper Clément maintenant gâcherait tout. Finalement, l'ophtalmologue se rendit à l'étage pour prendre le dossier, et lorsqu'il descendit, me demanda :

_ Tu as effacé les photos, n'est-ce pas ?

_ Bien sûr, si je voulais voir un champignon dégueu, j'irai en forêt.

_ Connasse...

_ Et c'est moi qui suis vulgaire !

Il se crispa, et ouvrit la porte. Avant qu'il parte, Adam lui demanda :

_ Mais du coup, tu as dû partir de votre super week-end bordelais ?

_ Que veux-tu, c'est le boulot qui veut ça. Je les rejoins demain matin. Bon, bonne nuit.

La porte claqua, et je soufflai longuement en m'asseyant par-terre. Je fis un pouce au couple.

_ Mission réussie. Je le sentais qu'un Delor allait débarquer...

Mon meilleur ami s'agenouilla, et me dit :

_ On va rester vers l'entrée pour être sûrs qu'il ne revienne pas. Vas t'amuser, Effy, tu surveilles depuis le début..

_ Et je crois qu'Ava t'attends, ajouta Théa. Et profites en pour demander à Jade ce qu'il s'est passé !

C'est vrai, ça. Pourquoi c'est Jade qui s'est sacrifié ? Lorsque je revins dans le salon, tous semblaient un peu perturbés. Je déclairai alors, un peu fort :

_ C'est bon, le nuisible est parti !

Tous sourirent et reprirent la fête. JB était avec Samuel dans un coin de la piscine, et Ava semblait expliquer le plan car j'avais entendu "deal" et "embrasse" dans la même phrase. Je remarquai alors Jade, toute seule, assise sur un canapé. Je m'approchai alors, et m'assis à côté d'elle.

_ Tu dois être soulagée, dit-elle tout simplement.

_ De ? Qu'il soit parti ?

Elle se tourna vers moi, en souriant :

_ Oui, mais surtout qu'Ava n'ait pas eu à l'embrasser. Je m'en suis chargée.

J'ouvris un peu les yeux, étonnée de la tournure de la conversation. J'avais compris depuis longtemps que Jade était trop gentille et qu'elle fonçait souvent dans le tas, mais elle m'étonnait toujours.

_ Pourquoi... ?

Elle sourit, et répondit :

_ Désolée, j'ai entendu ta conversation avec Ava. Tu sais... On est peut-être pas super-super-super proches, mais je suis heureuse d'être ton amie. Et depuis que tu traînes avec elle, ça se voit que tu vas vraiment bien. Alors quand j'ai entendu ta requête, j'ai compris que ce que tu n'arrivais pas à dire, c'est "ça va me briser le coeur", et te savoir amoureuse d'une fille, ça me rend heureuse. Donc embrasser une fois un beau-gosse pour que JB n'ait pas de souci et que tu ne vois pas la fille que t'aimes avec quelqu'un d'autre, pourquoi pas.

J'avais tout écouté sans oser bouger. Je ne savais même pas quoi dire. Jade était géniale et avait le coeur sur la main. Je la pris alors dans mes bras, et murmurai :

_ Merci, Jadou...

_ C'est normal, Ef.

Elle sourit, et je vis Ava aller dehors. Je m'excusai donc en remerciant encore la littéraire, et sortis.