Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)

Chapitre 82

Ce genre de bureau me mettait mal à l'aise. J'ai toujours eu du mal avec l'autorité, et une pièce de ce type avait juste pour but de montrer que le gars en face était au dessus de moi. L'étiquette "Monsieur Rivière" sur le bureau, la plaque "directeur" sur la porte, les images de ses différents diplômes accrochées au mur, les photos de lui serrant la main à divers politiques posées à côté de quelques trophées sur la grande étagère, la bibliothèque remplie de livres sur la pédagogie et le management... Tout ici montrait que l'homme qui nous recevait était un homme d'affaires en plus d'être un directeur.

Et pourtant, il était en train de serrer sa fille dans ses bras, lui racontant à quel point il était heureux avec sa nouvelle compagne. Une boîte de pizza gisait derrière lui, et en me voyant l'observer, Grégoire Rivière me sourit :

_ J'étais en réunion toute la matinée et ça s'est éternisé..

Je lui rendis son sourire, plus gênée qu'autre chose. Il était trop amical pour un dirlo. Et puis, bon, il n'était pas au courant, mais j'avais quand même couché avec sa fille !

_ Bon, asseyez-vous. On va faire ce bilan. Même si, finalement, je n'ai pas grand chose à dire.

Ava fut la première à s'installer, et je l'imitai, un peu perdue. Elle me faisait la tête depuis hier soir, et je comprenais pas trop.

_ Tu es souvent absente, déclara soudainement le directeur, le visage fermé, Effy.

_ Je...

_ C'est ma faute, me coupa ma colocataire.

L'attention de son père se tourna automatiquement sur elle.

_ Je sais pas ce que j'ai eu récemment, mais j'étais souvent malade... Effy préférait venir avec moi au cas où. Mais au final, on travaillait à la maison, et nos révisions ont porté leurs fruits.

Cette fois, Grégoire retrouva son sourire, et repris :

_ En effet. 10,5 de moyenne aux derniers partiels et très peu de retards... Je ne l'attendais pas à d'aussi bons résultats.

_ Votre fille est très investie. On révise de nombreuses heures tous les jours.

_ C'est bien, très bien...

Ava expliquait nos révisions et son fonctionnement, mais je n'écoutais pas vraiment. C'est vrai qu'au début, je voulais continuer à faire n'importe quoi, je m'en fichais de cette aide... Mais je veux rendre fière ma grand-mère, où qu'elle soit. Et peut-être que le fait que ma prof soit sexy m'aide un peu. Cela dit, j'ai l'impression qu'à part les soirées et les révisions, elle ne connaît rien. Peut-être devrais-je l'obliger à sortir un peu plus ? Elle est humaine après tout, et a besoin de faire ce que le commun des mortels fait : s'amuser.

_ Effy, répéta visiblement Ava, est-ce que cela te convient vraiment ?

_ De ?

Elle soupira, en souriant un peu.

_ Mon père propose une aide financière à ta future boîte si jamais tu atteins la moyenne de 12,5 à la fin de l'année.

Cette fois, c'est moi qui soupira. Pour qui il me prenait, ce gars ?

_ J'apprécie cette offre, mais non.

Grégoire et Ava écarquillerent les yeux en même temps, surpris. Et, bon Dieu, ils se ressemblaient drôlement, tout compte fait !

_ A vrai dire, je ne suis pas un âne avançant pour une carotte nommée argent. Surtout que je peux me débrouiller.

Ava laissa échapper un petit rire, et en remarquant sa réaction, le directeur lui dit :

_ Tu as l'air heureuse de sa réponse.

Ma colocataire m'observa du coin de l'oeil, narquoise, et répondit :

_ En effet. Celà lui correspond plutôt bien.

_ Pourtant, le soutien de la Rivière Corporations...

_ Hors de question.

Je me tournai vers la Miss-Parfaite, presque choquée de son ton sérieux. Son visage était maintenant dur, et elle semblait glaciale soudainement.

_ Je ne permettrai jamais à la RC de soutenir la future entreprise d'Effy.

_ Et pourquoi ? Tu n'as pas confiance en elle ?

Je ne comprenais rien à ce qu'il se passait.

_ Au contraire, Papa. C'est justement pour la protéger. Elle mérite mieux que d'être trempée dans nos affaires.

Grégoire se leva, aussi froid que sa fille.

_ Qu'insinues-tu donc ?

Ava se leva à son tour, et son aura de patronne apparut autour d'elle. Je la trouvais terriblement attirante quand elle était comme ça...

_ Je n'insinue rien, papa. J'énonce des faits. La RC touche à des domaines sensibles, travaille avec des gens parfois malhonnêtes. Tu veux me contredire alors que tu étais marié à une des pires menteuses du siècle ? Mais ne vas surtout pas croire que je dénigre notre boîte. Tu as fait de la Rivière Corporations une bonne entreprise, je ne le nie pas. Mais ce n'est pas le monde d'Effy. C'est un monde dangereux, et un petit salon de thé sans prétention n'y a pas sa place.

Le directeur se radoucit, et se rassit doucement. J'avais même l'impression qu'il souriait.

_ Peux-tu nous laisser, Effy ? Ça ne sera pas long.

_ Donc... Tout est ok avec moi ?

_ En effet. Au revoir, mademoiselle Campbell. On se revoit à la fin de l'année scolaire. Continues ainsi au niveau des résultats.

Sans attendre, je sortis, le coeur battant la chamade. Ava était incroyable. Ce qu'elle venait de dire me touchait beaucoup. Derrière la porte, j'entendis :

_ Tu as l'air d'avoir compris le fonctionnement de la RC. Il y a des gens malhonnêtes et je les évite, mais je ne peux pas tout contrôler.

_ Je sais. Et je ne te juge en aucun cas, papa. Je trouve que tu fais un travail remarquable, et on fera encore mieux tous les deux dans quelques mois.

_ Cela me ferait très plaisir. Tu as l'air proche de cette fille.

Mon coeur accéléra encore plus.

_ En effet, c'est une bonne amie à présent.

_ Méfies-toi tout de même, les rumeurs à son sujet sont...

_ Je t'arrête de suite, je n'ai que faire des rumeurs. Si tu savais celles à mon sujet, tu n'oserais même pas critiquer Effy. Je vais y aller, du coup, puisque le rendez-vous est déjà fini. On a un petit contrôle de routine bientôt et j'aimerai préparer notre délinquante.

_ Très bien...

Peu de temps après, Ava sortit, et ne me dit rien. Je n'arrivais pas à y croire. Elle venait de me défendre devant son père. Pour une meuf fâchée, elle est sacrément gentille... Et ça m'excitait beaucoup trop.