Chapitre 36

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Je ne comprenais pas bien son comportement, et donna un billet au serveur en espérant que ce soit la bonne somme. Une fois dehors, Effy tenait fort ma main, et m'obligeait à la suivre.

_ Tu es fâchée, demandai-je sans comprendre ?

Elle mit du temps à répondre :

_ Non, juste trois filles se disputaient pour savoir laquelle venait de parler en premier et je voulais t'épargner ça.

_ Pourtant ça avait l'air amusant... Tu es jalouse au point de croire que je pourrais accepter ce genre de pratique ?

Elle s'arrêta net, et me fixa, le regard très sombre.

_ Si tu ne veux pas le faire avec moi, t'irais pas le faire avec une autre, non ?

Bien sûr, elle avait raison. Mais jamais je lui avouerai ça.

_ Qui sait ? J'ai vraiment aimé quand Lucile a évoqué mes doigts sur sa peau.

J'exagèrai un peu, mais la taquiner était plus fort que moi. Cette fois, et bien qu'il avait quelques personnes dans la rue, elle m'attrapa par la taille et m'embrassa avec fougue.

_ Si je n'ai pas le droit, murmura-t-elle, personne ne peut...

Je la repoussai doucement, et dis :

_ Tu devrais te reprendre, délinquante à problèmes. Tu m'as dit être en manque et je ne pourrais pas répondre à tes attentes.

_ Tant pis, ça arrive que mon charme n'opère pas, à croire que les carcassonnaises n'ont aucun goût. Et puis, ces filles allaient te proposer une orgie, il valait mieux t'éloigner d'ici avant que tu sois trop bourrée pour refuser.

J'étais soulagée de retrouver son répondant, mais je contins mon sourire. Au lieu de ça, je fis mine de soupirer. Elle en profita pour m'embrasser de nouveaux quand j'entendis derrière nous :

_ Eh les gouines, ça vous dit un plan à quatre ?

Deux gars nous faisaient face, et pour la première fois, je compris la difficulté de faire son coming-out. Il y avait des homophobes, et des gros porcs. Et même parfois les deux. Sentant Effy se tendre, je me permis de prendre les devants :

_ Navrée messieurs mais en aucun cas... On préfère à deux.

Un des deux hommes se mit à rire, et s'approcha un peu plus.

_ Allons, vous verrez, avec nous, ce sera génial. On sera doux et...

_ Vraiment, non, n'insistez pas.

Le deuxième me regardait de haut en bas, et prit enfin la parole.

_ Qu'est-ce que t'es bonne toi... Tu voudrais pas me montrer un peu mieux ton joli petit cul ?

Je réalisai à l'odeur qu'ils étaient en fait ivres, et je ne savais pas trop comment réagir. J'essayais de barrer le passage à Effy, qui pouvait se montrer assez impulsive. Mais le gars reprit :

_ Allez, fais pas ta sainte nitouche... Ton cul irait super bien sur ma bi...

Il se tut, la mâchoire explosée par le poing d'Effy. Je n'avais même pas remarqué qu'elle s'était décalée pour frapper le gars vulgaire. Celui-ci tomba à la renverse, le nez en sang, et le deuxième tenta d'assener un coup à ma colocataire. Sans même savoir comment, je me mis au milieu et planta mon genoux dans l'entrejambe du garçon. J'aurais pu me sentir très fière, si le bruit d'une sirène ne résonna pas dans la rue d'à côté. On se lança un regard avec Effy, et elle me prit la main en courant.

***

Je glissai contre un poteau électrique, exténuée. Effy, elle, était adossée contre une maison et j'avais l'impression que ce sprint n'avait été agréable pour aucune de nous deux. J'articulai difficilement, en reprenant mon souffle :

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant