Chapitre 52

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Il y avait beaucoup de monde le vendredi soir, presque encore plus que le samedi. Hanna et Laura, qui étaient amies depuis longtemps en fait, vinrent à ma rencontre et me prirent dans leurs bras. Mais en voyant mon poignet, elles s'inquiètèrent directement.

_ Ce n'est rien, juste un débile qui n'arrivait pas à comprendre que je lui mettais un rateau. Mais ça va maintenant.

Elles éclatèrent de rire, bien que pas très à l'aise avec cette réponse. Laura me dévorait toujours du regard, et Hanna s'empressa de me dire :

_ Tu vois la fille là-bas ? On flirte depuis plusieurs semaines et je crois que ce soir...

Justement, la jeune fille la regarda, et lui fit signe de venir. Dans même s'excuser, la trans s'éloigna, me laissant seule avec Laura. Je pris un cocktail, et elle me demanda en souriant :

_ Comment ça va, Ava ?

_ Bien et toi ?

_ Bien ! Je suis en couple !

La déclaration me surpris, et elle me présenta Mélanie, la nouvelle barmaid. J'étais surtout perplexe car les coups d'œil qu'elle me jetait étaient sans équivoque, mais cela ne semblait pas déranger sa copine. En voyant mon trouble, elle me dit :

_ Elle sait que je mate beaucoup mais que je ne touche pas ! Elle fait pareil. Pas vrai chérie ?

Mélanie lui fit un clin d'oeil, et s'appuya sur le bar.

_ Cela dit, si tu veux en plan à trois...

Laura lui fit un petit coup sur le bras, en rougissant.

_ Hors de question que je te partage.

Elles s'échangèrent un gros baiser, par dessus le comptoir, et je souris en voyant ça. Laura méritait d'être heureuse. Cela dit, je me sentais finalement un peu seule. J'étais venue sans vraiment réfléchir, et je ne me sentais pas trop à ma place. Peut-être qu'inconsciemment j'étais venu juste pour voir si Effy trouverait une fille. Mais vu comme elle tripotait une rouquine sur la piste de danse, en l'embrassant avec fougue, c'était certain. Remarquant que Laura, à côté de moi, avait grimpé sur le comptoir pour s'asseoir et embrasser langoureusement sa copine, je m'éclipsai.

Une fois dans mon lit, je pris le temps de répondre à Théa en lui disant que tout allait bien. Mais visiblement mon mensonge n'était pas très au point, car elle m'appela direct.

_ Me dis pas que t'as cédé et couché avec, par pitié !

_ Quoi ?! Mais ça va pas ? Vous trouvez tous que je suis une fille facile ou quoi ? M'imaginer juste parler calmement avec un gars, c'est impossible ?

_ Qui t'as traité de fille facile ?

Je soupirai...

_ Effy...

Je lui racontai alors tout. La conversation avec Martin, l'altercation avec Effy, mon passage aux urgences et ma demie-heure à la boîte LGBT. Elle parvint à me rassurer par rapport à ma colocataire et me félicita pour Martin même si elle semblait vraiment énervée contre lui de m'avoir blessé. On resta en ligne un bon moment et il était 2h du matin quand elle s'endormit sur son téléphone. Je raccrochai alors et allai faire de même quand j'entendis un gros boum et deux rires différents.

L'idée qu'Effy ne respecte pas les règles me saoulait profondément. Je me rendis donc dans le salon et en la voyant rouler une pelle à la même fille que tout à l'heure, je me raclai la gorge.

_ Oh putain Miss-Parfaite ! Tu fais quoi ici ?

_ C'est chez moi.

_ Je pensais que tu serais pas là... Attends, tu as quoi au bras ?

Je soupirai, très en colère.

_ Car tu penses que je ne suis pas là, tu ne respectes pas les quelques règles ?

_ Je te trouve gonflée ! Je bosse comme une dingue et je suis en manque de ouf, tu pourrais me laisser une soirée tranquille !

Ma colère disparut d'un coup. C'est vrai. Effy faisait énormément d'efforts. Elle me parlait davantage, travaillait le plus possible, n'avait jamais enfreint les règles. Elle avait passé une semaine de partiels difficiles... Elle méritait de se faire plaisir. Et je pouvais comprendre qu'elle préférait un lit plutôt que les toilettes de la boîte LGBT. De nous deux, celle qui faisait le plus n'importe quoi, c'était moi.

_ Excuses-moi, tu as raison.

Et je retournai dans ma chambre en fermant à clef la porte et en mettant mes écouteurs pour ne pas entendre.

C'est fou, quand même. Quand j'avais l'impression que tout allait mieux, il se passait quelque chose qui me donnait envie de me frapper. Je pensais vraiment bien faire en allant parler avec Martin et en étant plus honnête, mais contre toute attente, ça se retournait contre moi. Sans même m'en rendre compte, je m'endormis sans prendre la peine d'essuyer mes larmes. 

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant