Chapitre 98

6.3K 318 13
                                    

La soirée défilait doucement... On était juste entre filles, et j'avoue que ça me changeait des soirées que j'avais l'habitude de faire, normalement. Surtout quand j'étais adolescente et que j'allais dans des squats... Ava ignorait tout de cette partie de ma vie. La plus sombre que j'ai vécu, et pourquoi elle est arrivée. Heureusement, c'était fini, grâce à ma mamie et à mes meilleurs amis. Ce mode de vie avait eu quelques conséquences sur mon présent, mais rien de bien grave. Après tout, la répercussion la plus contraignante de tout ça, c'était que je ne voulais plus jamais tomber amoureuse, et Ava avait tout chamboulé... Alors bon, je devais être réaliste, je n'étais plus forcément énervée contre moi d'avoir fait toutes ces conneries.

Parfois je me demandais quand même comment allaient les gens qui traînaient avec moi à cette époque. Je ne les avais jamais revu, et ils ne me manquaient pas. La plupart étaient des drogués ou des petits criminels qui me tiraient vers le bas. Dieu merci, si je peux me permettre cette expression en étant athée, je restais surtout avec la deuxième catégorie de personnes et pas les premiers. Ma grand-mère m'aurait tué, si j'avais consommé des drogues plus "fortes" que la beuh. Et même ça, elle détestait...

_ Y a une meuf qui arrête pas de te fixer, Effy.

La phrase me tira de mes pensées. J'observai Hanna sans trop comprendre, jusqu'à ce qu'elle désigne Mylène du menton.

_ Elle te fixe de ouf.

_ Oh. Elle est folle je crois.

Laura me questionna du regard, alors j'expliquai la journée à l'hôtel et sa déclaration bien trop rapide.

_ En même temps, soupira Théa, quelle idée de rester avec une fille flippante seulement pour un jacuzzi ?

_ Genre, aucun mauvais plan cul t'a amené dans un endroit cool qui t'a convaincu de rester ?

Théa haussa les épaules.

_ Si, ouais, t'as raison.

Les autres rirent et finalement, traîner avec des filles seulement amicalement, ce n'était pas si désagréable. Ou peut-être que c'est car j'avais des vues sur aucune, à part Ava bien sûr mais c'était particulier ?

_ Je veux bien tenter le coup avec la folle et flippante, déclara alors Hanna.

_ Sérieux, s'étonna sa meilleure amie ? Tu tombes bien bas.

_ J'ai envie de sexe.

_ Elle est lesbienne, connasse. T'as encore ton machin, je te rappelle.

_ Peut-être qu'elle est pan, salope.

J'avais été surprise d'apprendre que les deux seules filles d'ici qui étaient devenues des amies d'Ava étaient en réalité supers proches. Visiblement, elles se connaissaient depuis plusieurs années. Et c'était cool de les voir se taquiner et même s'insulter. C'était une belle amitié, un peu cheloue, mais cool. Ava finit par intervenir :

_ Tu ne sauras pas tant que tu restes ici..

_ Tu cherches à te débarrasser de moi, Ava, s'indigna faussement Hanna ? J'ai le cœur brisé...

_ Bien sûr que non, tu sais que je t'adore. Mais faut essayer si tu veux savoir si elle est pan.

La trans avala cul sec la fin de son cocktail, et s'approcha alors de Mylène. Il ne fallut que quelques minutes de conversations pour que cette dernière l'attrape par le col de sa robe et la plaque contre le comptoir en l'embrassant.

_ Eh beh, siffla Théa, c'était rapide.

_ Je crois qu'elles étaient en manque, jaugea Laura.

Je souris en voyant ça, espérant pour Hanna que Mylène était moins collante. Mais surtout, je rougis légèrement en entendant Ava soupirer de soulagement, en me jetant un coup d'œil. Eh eh, elle avait beau faire genre, elle était surtout jalouse. Et j'aimais ça.

Finalement, quelques dizaines de minutes après, on rentra à la maison. J'étais plutôt fatiguée, après une si grosse journée. On marchait avec Ava, en silence, quand ma jalousie demanda :

_ Tu comptes aller au rendez-vous de Diane ?

Elle me regarda, esquissa un sourire en coin, et ne répondit pas. Je tentai alors :

_ J'avoue qu'elle est jolie.

_ Ah. Elle te plaît ?

Je retins mon sourire.

_ Hm... Pas mon genre. Mais ça n'empêche pas qu'elle soit très belle.

Ma colocataire laissa échapper un petit rire.

_ Eh bien. Diane n'est pas ton genre, Samia non plus... C'est quoi, ton genre ?

_ Tu ne sais même pas à quoi ressemble Samia.

Elle haussa les épaules, et murmura :

_ J'ai regardé dans tes amis instagram...

_ Oh. Drôlement jalouse, mademoiselle Rivière.

_ Je m'ennuyais, ce soir-là.

Je lui souris narquoisement, étonnement contente de son comportement, avant qu'elle répète sa question. Mais je ne répondis pas non plus. Elle le savait pertinemment.

Une fois à la maison, après un rapide bonne nuit à Ava et brossage de dents, je tombai sur mon lit, exténuée. Je pris quand même mon téléphone, et même si elle était dans la pièce d'à côté, lui envoyai par SMS:

Moi : Toi.

Après ça, je sombrai.

Le lendemain, Ava ne reparla pas de mon texto. Mais lorsque nos regards s'étaient croisés dans la salle de sport, j'avais compris qu'elle l'avait lu. Elle était devenue un peu rouge, et ses yeux brillaient de tendresse. On ne m'avait jamais regardé comme ça. Habituellement, chez mes "conquêtes", je vois du désir, de l'envie, du plaisir, de la colère, de la déception... Mais jamais de la tendresse. Peut-être est-ce parce que je ne vois pas Ava comme une conquête, justement. Je secouai la tête : hors de question que je commence à la considérer comme quelque chose en particulier. J'avais déjà pris conscience de mes sentiments et c'était largement assez. 

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant