Chapitre 74

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Allongée dans mon lit, ce mercredi matin, j'avais peur de me lever. Je ne voulais pas croiser Effy. Après lui avoir raconté ma vie en détail, on avait mangé sushi, tranquillement, puis regardé Ready Player One, un film que j'adore. Mais il fallait vraiment que je me lève, j'avais déjà raté l'heure de sport et il fallait bien que je me prépare avant la grosse journée de cours. Et si je ne me lève pas, il y aura un trouble entre Effy et moi. J'allais enfin me lever lorsque la porte claqua en s'ouvrant :

_ DEBOUT LÀ-DEDANS !

Je fixai Effy qui était déjà prête, choquée.

_ Allez la marmotte, on se lève ! On se laisse pas aller dans les pensées tristounes liées à hier !

Elle m'obligea à me lever et me porta comme un sac à patate jusqu'à la salle de bain. Avant même que je dise quelque chose, elle me mit une pichenette sur le front.

_ Je t'interdis de déprimer.

Puis elle s'en alla. J'avais bien fait de lui dire la vérité, tout compte fait.

***

La journée fut calme, mais j'étais un peu déconnectée. Je pensais souvent à ma mère, me demandant comment lui était venue son idée de trouver un riche homme d'environ 18 ans, de se faire passer pour une autre et lui faire un enfant afin de l'utiliser ainsi. C'était... complètement pervers. Elle ne m'avait jamais demandé pardon, et m'avait même dit droit dans les yeux qu'elle ne regrettait rien. Elle est vraiment névrosée et hystérique.

Effy était comme d'habitude avec moi, mais je sentais qu'elle cherchait à me faire rire plus que d'habitude. Quand on la voit sans la connaître, on dirait une bad girl qui enchaînait les coups d'un soir et était réputée pour se cogner facilement avec les gens, mais dès qu'on devenait son ami, on découvrait une femme sensible et agréable, joyeuse et heureuse. J'avais déjà remarqué sa joie de vivre, au tout début, enviant même son insouciance. Mais maintenant que je la côtoyais au quotidien, je me rendais compte qu'elle était extraordinaire et magnifique. Et c'est pour cela que j'en étais amoureuse... Et que je voulais être sa petite amie. Il fallait toutefois que je comprenne ce qu'il s'était passé l'autre soir. Elle m'avait quand même fuit alors que c'était assez... chaud.

On venait de sortir du bâtiment de l'Université avec JB et Théa pour rejoindre Adam quand on remarqua une blonde quelques mètres devant nous. Elle avait les sourcil froncés et semblait en colère. Je m'en doutais. Quand quelqu'un s'immisce dans nos projets professionnels, il y a plusieurs façons de réagir dont trois principales. Un : accepter cette aide et remercier chaleureusement la personne. Deux : être très étonné et ne pas savoir comment réagir. Trois : voir ça comme un affront et être énervé. Et même si Louise était timide et plutôt réservée de base, j'avais compris durant notre cohabitation qu'elle allait choisir la troisième option.

Elle s'approcha de moi, la démarche droite trahissant sa colère. Lorsqu'elle se plaça devant moi, je savais que j'allais me faire engueuler ou, pire, me prendre une gifle.

_ Ava Rivière....

Elle leva la main, mais ne bougea plus.

_ De quel droit tu vas me recommander à monsieur Van Hels ? C'est gentil de vouloir m'aider, mais pas comme ça ! Tu n'avais pas le droit de donner mon nom ! Pour qui je vais passer maintenant ? La protégée de la Rivière Corporations ? Tu...

_ Louise.

_ Je suis vraiment en colère ! Je pensais que tu comprendrais, toi, à quel point c'est horrible de se faire pisto...

_ Je n'ai pas donné ton nom.

Elle écarquilla les yeux, et laissa sa main retomber.

_ Tu vas me faire croire que le directeur du Conservatoire a pensé à moi tout seul pour ton projet et est venu de lui même me le proposer personnellement ?

Je souris en entendant ça. Bon choix, Eugène !

_ Oui. Ma seule requête était : des musiciens de talent jouant des instruments faciles à transporter, ayant bientôt fini leurs études et ayant un avenir prometteur. Je n'ai jamais dit ton nom dans la conversation ni dans le document officiel.

Louise rougit.

_ Donc Monsieur Van Hels m'a proposé...

_ Car tu es une musicienne de talent jouant un instrument facile à transporter, ayant bientôt fini tes études et ayant un avenir prometteur.

Elle me prit dans les bras, et me serra très fort.

_ Tu te rends compte que ça va faire décoller ma carrière ?

_ Je sais.

_ Il y a des chances que je doive m'installer à Paris.

_ Je sais.

_ Tu es extraordinaire.

_ Je sais aussi.

Elle s'éloigna de moi, et rougit un peu plus en remarquant tout le monde qui nous regardait.

_ Quand j'ai dit à mes parents que j'allais rompre avec Xavier pour me consacrer à ce projet, ils étaient fous de joie. Le succès et la notoriété apportés par ces concerts valent bien plus que lui...

Je lui souris, et lui tapota la tête :

_ Tant mieux. La RC y trouve aussi de nombreux avantages. Mon père a déjà reçu quelques demandes de partenariat.

_ Tu seras une grande PDG.

_ Et toi une grande flûtiste.

_ On peut comprendre l'histoire, les filles, svp ?

On se retourna vers JB, qui s'impatientait. Seule Effy était au courant, pour le coup. J'expliquai donc ce qu'il se passait, et Théa siffla :

_ T'as fait tout ça juste pour aider Louise ?

_ Et pour les enfants malades, pour les hôpitaux, pour les autres musiciens, pour le Conservatoire et pour la Rivière Corporations. Et évidemment, pour moi-même.

Elle se mit à rire, et JB déclara tout simplement :

_ Rappelle-moi d'être toujours ton pote. Je n'aimerai pas avoir une femme aussi puissante que toi contre moi.

J'éclatai de rire, et posai mon coude sur son épaule même s'il était plus grand que moi.

_ Aucun risque que vous deveniez mes ennemis.

Ils me sourirent, sauf Effy. Depuis le câlin avec Louise, elle était un peu en retrait et cela m'amusait. Était-elle aussi facilement jalouse avec les autres ? J'aimerai comprendre ce qu'il se passait dans sa tête... En tout cas, j'étais heureuse. Je me sentais libre. 

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant