Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)

Chapitre 35

Cette boîte était plus petite, comparée à celle de Toulouse. Les néons clignotaient un peu trop et les shooters étaient un peu plus chers. Autant dire que je ne me sentais pas trop à l'aise. Des tas de filles se succédaient pour discuter, me proposer un verre, m'inviter à danser... Et j'avais l'impression d'être l'attention de la soirée. Un peu plus loin, je voyais Effy discuter avec une fille, sans grande conviction. La fille aux tatouages n'avait pas un franc succès, mais les nombreux coups d'oeil qu'elle me lançait ne devaient pas jouer en sa faveur. Je pouvais sentir son intérêt vis-à-vis de moi et je mourais d'envie de la taquiner. Je m'approchai alors d'elle, et lui dit, en riant :

_ Ça n'a pas l'air de marcher fort... Tu devras vivre avec ton manque de sexe..

Elle se mordit la lèvre puis soupira. Amusée, je repris.

_ Vu le nombre de prétendantes que j'ai ce soir, je pense que j'ai plus de chance...

Elle m'observa un moment, avant de me dire :

_ Tu me lances un défi, Miss-Parfaite ?

Je lui souris, joueuse, et lui tirai la langue en m'éloignant. Plusieurs filles me reprirent d'assaut, et quand une dénommée Lucile, avec de longs cheveux roux attachés en queue de cheval haute et aux yeux bleus, me proposa des shooters, j'acceptai avec plaisir. Elle était plutôt jolie, je mentirais si je disais qu'elle ne l'était pas.

Je buvais un peu trop, mais ces shooters étaient drôlement bons, expliquant le prix. Et puis la compagnie de Lucile était agréable. Elle était vendeuse et jouait de la guitare. J'appréciais lui parler, mais je n'étais pas aussi attentive que je le voulais. Effy était responsable de ça. L'observer draguer en me surveillant faisait partie des choses les plus amusantes que j'ai eu l'occasion de faire. Clairement, elle n'était pas comme d'habitude et déjà que peu de filles l'approchaient, les rares qui tentaient partaient assez vite. Je me retins de rire en voyant une énième demoiselle s'éloigner d'elle.

_ Et toi alors, parles moi un peu de toi, Ava.

Je souris à Lucile, ne réagissant pas à sa main qui effleurait mon bras. Décidément, les gens adoraient mon bras.

_ Je suis encore à la fac, à Toulouse... Et je ne joue d'aucun instrument... Enfin, si on ne considère pas la manette comme un instrument quand on joue à Guitare Hero...

Elle se mit à rire, et s'empara de ma main.

_ Je pense que des compétences à Guitare Hero, c'est largement suffisant. Tu dois être... agiles de tes doigts, toi aussi...

Je fus étonnée de cette remarque. Habituellement, quand une personne me faisait des sous-entendus sexuels, c'était clairement en évoquant ma passivité voire ma soumission. Là, Lucile venait d'insinuer que je serais active, et j'aimais beaucoup cette idée-là. Mais malheureusement pour la jolie rousse, ce n'était pas son corps qui me donnait envie, mais celui de la jeune femme qui m'assassinait du regard.

_ Est-ce que tu as aussi des compétences en danse ?

_ Très peu mais je me débrouille, pourquoi donc ?

Sans un mot, elle me serra un peu plus fort la main et m'emmena sur la piste de danse. Au départ, je ne savais pas trop où placer mes bras, mais en voyant glisser les siens autour de mon cou, je décidai de les poser sur ses hanches. La musique n'avait rien d'un slow, mais de toute évidence, c'était ce que voulait ma partenaire.

_ Tu es vraiment sublime, Ava... Je n'ai jamais vu une fille aussi belle de toute ma vie...

Amusée, je lui dis :

_ Tu ne te regardes donc jamais dans la glace ?

Elle rougit, et je me sentis pousser des ailes. Je n'avais jamais eu à jouer les charmeuses, je ne pensais même pas un jour avoir l'ascendant dans ce type de conversation. Mais la façon qu'avait Lucile de me regarder me rendait prétentieuse. Et d'un côté, je savais que je faisais cela seulement car il était certain que je n'allais revoir personne d'ici.

Petit à petit, la rousse se rapprochait de moi, et je ne savais comment réagir, surtout en sentant le regard sombre d'Effy qui me brûlait la nuque. Il était clair et net qu'elle m'observait, et j'hésitais à chercher à la rendre jalouse. Puis me rappelant à l'ordre, Lucile glissa une de ses mains sur mon dos, et me colla contre elle pour m'embrasser avec douceur. Je n'avais aucune idée de comment réagir. C'était agréable, mais je ne ressentais clairement rien au contact de la demoiselle. Au contraire, je ressentais le besoin de m'en éloigner. J'allais justement le faire quand quelqu'un m'attrapa la main et me tira contre son corps.

_ Désolée, mais c'est ma petite copine que tu galoches.

Je fixai Effy sans comprendre, et lorsque je lançai un coup d'œil vers Lucile, ma colocataire m'attrapa la joue avec sa deuxième main et plaqua ses lèvres sur les miennes. Automatiquement, mon coeur s'emballa et j'eus l'impression de ne plus savoir respirer. Sans même m'en rendre compte, je passai mes mains autour du cou de la délinquante et lui rendis son baiser. J'entendis Lucile pousser un juron, visiblement en colère, mais je ne m'y attardai pas, trop concentrée sur la langue d'Effy qui venait à la rencontre de la mienne.

C'était la première fois qu'on s'embrassait en public, et j'ignore si c'était de savoir que je ne viendrais plus jamais dans cette boîte ou car mes sentiments pour mon amie étaient bien trop forts, mais ça ne me dérangeait pas forcément. Je me sentais bien contre elle. Elle posa ses mains sur mes hanches, puis doucement releva mon haut pour les poser à même ma peau. Mon palpitant devenait douloureux, me souvenant de la fois où sa main s'était aventurée sur ma poitrine. Bien heureusement, Effy avait un minimum de retenue et je savais qu'elle ne tenterait rien ici.

_ T'es au courant que je ne suis pas ta petite amie, hein... ?

_ Ouais ouais...

Elle ne lâchait que très peu ma bouche, et semblait apprécier de toucher ma peau. J'avais l'impression d'être dans un autre monde.

_ Tu cherchais à me rendre jalouse, demanda-t-elle entre deux baisers ?

_ Du tout, je cherchais juste à m'amuser aussi. Tu n'as toujours pas de partenaire pour la soirée ?

Une de ses mains se posa sur ma fesse, et je retins un gémissement.

_ Tu ne veux pas l'être ?

_ Partenaire pour s'embrasser ici, pourquoi pas. Mais je crains que tu grilles toutes tes chances avec les autres...

Elle s'éloigna un peu, sans pour autant retirer ses bras, et me fixa longuement avant de dire :

_ Je ne parle pas d'un simple baiser.

_ Ah, tu parles du même mot mais en tant que verbe ?

Elle mit un petit moment avant de comprendre, et je me surpris à la voir rougir. Je repris donc :

_ Bien sûr que non, délinquante à problèmes... tu sais qu'il n'y a aucune chance qu'on fasse ça ici.

Elle m'observa, et je me rendis compte de mon lapsus. Mais avant même qu'elle réagisse, je me corrigeai :

_ Où même chez tes parents. Si tu veux vraiment soulager tes besoins sexuels, il te faudra trouver une fille ici.

En disant celà, je m'étais éloignée d'un pas, consciente qu'elle voulait vraiment coucher avec une fille et que j'étais incapable de répondre à ses envies.

_ Tu devrais même te remettre dès maintenant en quête d'une partenaire.

Sans attendre de réponse, je m'éloignai en direction du bar et commandai directement un cocktail. J'étais assez frustrée, moi aussi. Au contact d'Effy, je commençais à avoir des besoins sexuels également et ne pas les assouvir devenait difficile. Je regardais mon téléphone, abasourdie de voir qu'il était seulement 23h, quand je sentis quelque chose sur mon épaule. Je tournai la tête vers Effy, qui me saisit la main, sans mot. Mon verre arriva au même moment, et elle l'attrapa pour le boire d'un coup. Puis, sans attendre de réaction de ma part, elle déclara :

_ Rentrons.