Chapitre 62

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Je n'avais jamais vu un tel sourire sur le visage de mon père. Nadya devait y être pour quelque chose, mais je ne voulais pas trop me disperser, sinon j'allais oublier la raison de ma venue.

Après une longue étreinte, le souhait "en vrai" des dernières fêtes, on s'installa chacun sur un des gros fauteuils qui prenaient une grande place dans le bureau de mon père. On était dans le bâtiment principal de la Rivière Corporations et je détestais cet endroit même si j'y avais passé presque plus de temps que chez mes... parents, avant. Depuis tout ce qu'il s'était passé, mon père avait revendu tous les canapés et maintenant, il n'y avait que des fauteuils. Personne ne savait la vraie raison, fort heureusement, mais ses amis proches l'appelaient l'anti-canapé, et ça me faisait rire car c'était surtout moi qui l'était.

_ Dis donc, ma fille... Tu comptes me parler de ce bras bandé, ou pas ?

Grégoire Rivière n'était pas stupide. Il pouvait voir à n'importe quel moment les vidéos des caméras de surveillance et même si ce n'était pas son passe-temps favori, il était capable de faire son enquête si cela me concernait. Autant être honnête.

_ Une conversation houleuse avec un camarade. Mais ne t'inquiète pas, ça ira maintenant.

Il me jaugea en inclinant un peu la tête, et abdiqua en voyant ma confiance.

_ Si des hommes te font du mal à nouveau, tu me promets de me le dire, hein... ?

_ Oui papa, bien sûr. Mais tu m'as bien élevé, maintenant je suis une femme forte et je sais me faire respecter. Je crois avoir hérité de ton aura maléfique et de ton regard-qui-tue.

_ Tant mieux ! On travaille dans un monde de vautours et de requins ! Il faut savoir s'imposer, sans violence et sans... coups bas.

Je savais très bien qui il évoquait avec ce dernier mot, mais je préférais ne pas en parler. Il finit par reprendre :

_ Donc, on a tous les deux des choses à se dire, je crois. Commences, je t'en prie.

Au même-moment, son assistante nous amena les pizzas qui venaient d'arriver. On entama le repas, et je retins un petit rire en le voyant soupirer d'aise. Dur dur de faire des dîners pros tout le temps.

_ Tu te souviens de Xavier De la Roche ?

Il s'arrêta d'un coup et se crispa.

_ Ce sale petit... Il t'a encore fait du mal ?

Mon père le détestait. Il était à fleur de peau quand je sortais avec lui et lorsque je lui ai annoncé ma rupture car Xavier devenait violent et trop hautain, il était vraiment en colère. Il voulait même renvoyer le père de mon ex, mais je l'avais convaincu de ne pas le faire. C'était des histoires d'ados, après tout.

_ Pas à moi, mais à une amie.

Il leva un sourcil, et je lui racontai tout. Enfin, quasiment tout. La rencontre avec Louise, son retour sur Toulouse, la réaction de ses parents, le fait qu'on l'héberge, le passage chez ses parents pour récupérer ses affaires. Je lui avais tout raconté pour la prise de judo et mon message à la fin, voulant être totalement honnête dans cette histoire. Mais le sourire fier de mon paternel me réchauffa le coeur. Il finit quand même par dire, après quelques secondes de réflexions :

_ Je n'ai jamais apprécié les DelaCroix et c'est pour ça qu'on ne travaille pas trop avec eux, d'ailleurs. Ils sont trop... conservateurs, trop vieux-jeux. La RC a un pôle bijouterie et un de nos partenaires travaille avec eux, mais c'est tout. En tout cas, je n'ai aucun moyen de leur parler, moi personnellement.

_ Oh, non, je ne veux pas qu'on leur parle pour plaider la cause de Louise. Ce n'est pas ça que je veux.

Il me fixait, intrigué, et je continuai :

_ J'aimerai montrer à ses parents que Louise est une vraie musicienne et qu'après le Conservatoire, elle sera capable de vivre de ce métier là. Je veux qu'elle puisse choisir un jour la personne qu'elle souhaite car elle sera indépendante de quiconque.

_ Eh bien. C'est une belle mission. Seulement, moi, je ne vois pas trop en quoi je peux t'aider. Tu es une adulte, Ava. D'ici quelques mois, tu travailleras à mes côtés en tant que vice-présidente et, un jour, en tant que présidente.

Je ne comprenais pas du tout où il venait en venir.

_ Tu t'exerces depuis que tu es enfant, et grâce à ça, toi aussi tu connais beaucoup de monde et as une grosse influence. Sans compter celles que tu as rencontré grâce à ta... mère... et qui sont encore nos alliés maintenant.

_ Tu es en train de me dire que tu penses que je suis capable de gérer cette situation toute seule ?

_ Je ne le pense pas. J'en suis persuadé. Tu es ma fille, après tout. Et je t'assure que tous les gens qui connaissent Rivière Corporations savent très bien que j'ai une fille merveilleuse qui fait très bien son travail. Ne doute pas de ta valeur.

Quand on est l'enfant d'une personnalité riche et influente, on a plusieurs choix qui s'offrent à nous. Être pistonné et profiter de la situation, travailler ce qu'il faut pour être un peu apprécié et pris au sérieux un minimum, et se donner à fond dès le début pour mériter sa future place. J'avais choisi la troisième option et même si au début c'était par obligation, je me rends compte maintenant que c'est à présent par plaisir et par envie. Je voulais sincèrement diriger un jour l'entreprise avec mon père et avancer avec lui.

_ Ça veut dire que si je veux organiser un événement ou faire un contrat ou même...

_ Ce que tu veux. Je te fais confiance. Et puis si comme tu dis, Louise est une future grande musicienne qui pourrait nous aider dans des projets, ça peut être vraiment bien. Tu sais, j'ai toujours eut envie de travailler aussi un peu dans la musique.

Je lui souris, vraiment très heureuse. Les entreprises de mon père jonglaient entre énormément de domaines : marketing et publicité, magazine et maison d'édition, l'université, développement durable, commerces, ... et plein d'autres sujets qui font que petit à petit, des succursales ouvrent un peu partout en France, en Angleterre et aux États-Unis. Ouvrir un pôle culture et musique pouvait être une bonne chose. Même si j'avais déjà quelques idées... Il me laissa dans mes réflexions quelques instants, et je lui dis ensuite :

_ Merci, papa.

_ C'est normal, madame la Vice-présidente. Maintenant, serais-tu prêt à entendre une bonne nouvelle ? 

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant