Chapitre 88

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Je regardais l'hôtel de bas en haut, en fumant ma sixième cigarette de la soirée. Je ne fumais pas autant habituellement et je voulais vraiment réduire vu le prix du paquet, mais ça me semblait impossible. Il fallait l'avouer : j'étais stressée. Je suis une personne impulsive et en colère. Autrefois, la boxe me calmait. Mais maintenant... j'avais la clope et le sexe. Et dans cet hôtel, j'allais faire du sexe. Du très bon sexe avec une déesse arabe au corps de rêve qui fait bander tous les mecs qu'elle connaît. Une déesse qui a fui sa famille pour être ce qu'elle était vraiment. Une déesse qui se donnait corps et âme dans ses études de médecine. Et une déesse qui avait besoin de relâcher la pression avec du très bon sexe. Il fallait que je sois à la hauteur.

Je montais les escaliers, me rendant au cinquième étage de l'hôtel à pied. Ça me permettait de me calmer. Dès que je toquai à la porte, une belle jeune fille aux longs cheveux châtains foncés et aux beaux yeux marrons m'ouvrit. Sa peau caramel rayonnait et son sourire m'éblouit presque. Elle était juste en peignoir, et bon dieu, qu'elle était belle...

_ Ef !

Elle m'attrapa par le col de ma veste et me fit entrer à l'intérieur. Aussitôt la porte fermée, elle m'embrassa langoureusement.

_ Tu as le goût de la cigarette...

_ Tu veux que j'aille me brosser les dents ?

Elle me sourit, et saisit ma main pour me guider vers le lit.

_ On n'a pas le temps pour ça.

Sans attendre ma réponse, Samia me plaqua sur le matelas et recommença à m'embrasser. Taquine, je lui attrapai les poignets.

_ Tu vas bien ?

_ Oui. Dépêche toi de te déshabiller.

J'esquissai un sourire et alors qu'elle essayait de m'enlever mon haut, je lui saisis fermement les bras.

_ Tu me demandes pas comment je vais ?

_ Effy ! J'ai beaucoup trop envie là ! On discutera après...

Quelle capricieuse... Je l'observai faire tomber le peignoir à côté d'elle, et finis par la faire basculer sur le lit pour me mettre au dessus d'elle.

_ Ce n'est pas très poli... Tu mérites une punition, pas vrai... ?

Le mot punition la fit frémir. Elle joignit les mains derrière ma nuque pour m'attirer vers elle, et me roula une pelle incroyablement sexy. Je crois qu'elle était vraiment en manque. Et c'était pas pour me déplaire... même si au fond de moi, je pensais à une autre...

***

Samia somnolait à moitié à côté de moi, le sourire aux lèvres. Il était 1h du matin et on avait quasiment pas arrêté depuis mon arrivée. Au moins, elle était repue et détendue. Je lançai un coup d'oeil à la marque des menottes sur ses poignets et à ses fesses toutes rouges après toutes les fessées que je lui avais mises. Le jouet du jour gisait sur la table de nuit, encore recouvert de mouille. Un gode-ceinture. Je n'avais jamais compris l'intérêt de ce jouet-là... Dans ma tête, même si on accroche un godemichet à cet endroit, on ne ressentira jamais de plaisir en pénétrant sa partenaire, contrairement aux mecs. La voir prendre du plaisir est excitant, c'est sûr, mais je ne saisissais pas le choix d'un gode-ceinture.

Mais je crois que j'étais de mauvaise foi juste car j'étais déçue. Normalement, coucher avec Samia était une source de plaisir incroyable, même sans rien recevoir. Mais là... Je me sentais juste vide. Blasée. Ava n'avait pas quitté mon esprit une seule fois, et je me sentais sale. J'avais l'impression de l'avoir trahie, ce qui n'était pourtant pas le cas ! Putain de merde. Je devais être honnête avec moi, je crois... Je n'ai envie que de ma Miss-Parfaite. Enfin, non. Je ne désire qu'Ava. Avec ses défauts, ses troubles, son passé. Bordel, bordel, bordel, bordel. Ce serait pas de l'amour ça ?!

Choquée par ce que je venais de penser, je sortis en hâte sur le balcon et allumai une nouvelle cigarette. Mais putain, fumer sert à rien ! T'es vraiment trop conne, Effy Campbell. Ecœurée, je jetai la cigarette dans le vide, et posai la tête sur la rambarde.

_ T'as l'air perturbée, Ef.

Je ne bougeai même pas, laissant Samia s'asseoir sur la chaise à côté de moi.

_ Tu veux en parler ?

_ Je ne sais pas trop quoi dire...

_ Laisse moi deviner, alors.

Elle me fixait, et obligée, je lui fis face. Elle me regarda de haut en bas, et déclara :

_ T'es amoureuse d'une nana.

J'ouvris grand les yeux.

_ Moi ? Amoureuse ? Tu délires ! T'es sûre de bien me connaître ?

_ Ok. Peut-être pas amoureuse, mais en tout cas, tu penses à une autre fille.

Je m'assis par terre, réalisant seulement maintenant que Samia était enroulée dans la couverture car il faisait drôlement froid. Cela me fit penser à Ava, lors de la fête d'Halloween...

_ Une fille me plaît, oui... Je n'arrive pas à la sortir de ma tête... Et depuis, les autres filles ne m'attirent plus vraiment et je n'ai plus envie de coucher avec elles...

Un long silence s'installa avant que mon amie éclata de rire.

_ Désolée Ef, mais t'es clairement dingue d'elle !

Je me grattai la tête, désabusée.

_ Ne dis pas ça, putain... Je ne suis jamais sortie avec une fille et je n'ai jamais été amoureuse... En plus, elle n'est pas du tout de la même catégorie sociale que moi...

_ Tu te cherches juste des excuses car t'as pas les couilles de tenter le coup.

_ Waw, quel sens de l'observation. Merci d'avoir remarqué que je n'avais pas de couille. J'apprécie.

Elle se mit à rire de nouveau :

_ Je n'ai jamais vu en dessous de ta culotte, peut-être que tu en as...

_ Elles doivent être vraiment toutes petites pour que ça ne se voit pas à travers le tissu.

_ Vraiment toute, toute petites. Des micro-couilles.

On se regarda un moment avant de partir dans un fou rire monstre. Mais bon, sûrement que Samia avait raison. Je n'avais peut-être tout simplement pas le cran de tenter ma chance avec Ava, car je suis effrayée à l'idée de souffrir de nouveau. Et vivre sans sentiment, c'est bien plus simple.

Samia me raconta quelques dizaines de minutes sa vie actuelle, avant qu'elle décide de se coucher car elle commençait à l'hôpital à 5h. En vrai, j'avais jamais compris ses histoires de gardes, d'externe et d'interne. Je savais juste que j'avais énormément de respect pour les étudiants en médecine et pour le corps médical de manière générale.

_ Tu veux rester ?

_ Nan je vais rentrer. Bonne nuit, Samy, à la prochaine fois.

Elle m'embrassa sur le coin de la lèvre, et sombra dans un sommeil profond. Peut-être qu'il n'y aura pas de prochaine fois, tout compte fait... 

Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant