J'étais déjà réveillée lorsque la sonnerie retentit. J'écoutais les paroles de « Regarde-moi » de Lomepal jusqu'au bout avant de me lever. Mon lit était en plein milieu du salon. J'avais pourtant quatre chambres dans ce luxueux appartement au dernier étage d'un grand building en plein centre-ville. Mais je n'avais pas besoin d'autant de place. C'était un cadeau de mon père et cela lui faisait plaisir. Une des chambres était aménagée en salle de sport. Il y avait plusieurs équipements de musculation, des tapis, un vélo d'appartement, une tapis de course... Mais je n'utilisais que celui-ci. Je préférerais aller courir dehors, mais je sais que dès que je sors en tenue de sport, les hommes deviennent encore plus lourds que d'habitude. Et c'était gênant voire même parfois flippant et dérangeant. Je me contentais donc de la machine.
Après avoir fait ma séance, m'être douchée et un peu maquillée, il était enfin temps d'y aller. Mais je n'avais pas trop envie de me retrouver seule avec Martin après ce qu'il s'était passé la veille, et je savais pertinemment qu'il m'attendait déjà sur mon chemin pour en discuter. Devais-je sécher la première heure ? Ce n'était pas un cours très important et je pourrais copier sur Théa. Il faisait beau, et l'envie de me promener me prit.
Toulouse était magnifique. Je vivais dans un grand immeuble rénové au cœur du centre historique, avec une vue magnifique sur la Garonne, non loin du Capitole et sa célèbre place. Mon université se trouvait un peu plus loin, pas trop loin du Canal. Je mettais une vingtaine de minutes à pied pour y aller. J'étais très bien installée. Mais là, je voulais juste marcher un peu. Au lieu d'aller en direction de la fac, je rentrai dans le parc. Il n'y avait pas grand monde, et c'était vraiment silencieux. C'est à ce moment que je les vis, la fille d'hier avec son meilleur ami et un autre gars. Juste à côté du parc, il y avait une petite place où les skateurs venaient s'entraîner. Le jeune homme qui n'était de toute évidence pas dans ma classe essayait de faire un hollie, sous les rires de ses camarades.
_ T'es trop nul, Adam !
_ Tu diras ça quand tu tiendras debout sur une planche, connasse !
Ils me faisaient rire, à être si nonchalants, amusants. On dirait qu'ils étaient dans leur bulle et qu'ils se fichaient du monde. Mon téléphone vibra.
Théa : Tu viens pas ?
Moi : Non, j'ai eu envie de me promener. Je serai là au prochain cours.
Elle mit un smiley facepalm. Je savais ce qu'elle voulait me dire. Un truc du genre « Sérieux Ava, arrête d'être aussi... rha ! ». Elle ne savait pas trop comment me qualifier, et moi non plus. C'était un mélange de passive, blasée, introvertie, discrète, indifférente, lassée... Je n'accordais pas beaucoup d'importance aux choses et n'attendais pas grand-chose de la vie tant que j'étais heureuse. Heureuse...
Théa : Je sais que t'es flegmatique et que t'aimes pas trop montrer ce que tu ressens
Théa : Mais tu sais que tu peux me prévenir quand tu vas pas bien
Théa : Car, fais pas genre, tu sèches jamais à part quand quelque chose va pas
Je souris en lisant les messages. Je n'avais jamais eu d'amie qui s'inquiétait pour moi, auparavant, alors je n'avais pas l'habitude de dire ce qu'il n'allait pas. Et fille unique avec ces parents-là... je n'avais presque pas le droit de ressentir des choses. J'étais gênée pour hier, même honteuse, et énervée contre Martin. Je préférais me promener plutôt que d'en discuter. J'allais partir quand j'entendis un gros bruit. L'autre ami de la fille venait de tomber. Il dit quelque chose, et les deux autres se tournèrent vers moi. La fille sourit, et je ne réagis pas. Je n'arrivais pas trop à la cerner et je ne savais même pas son nom.
Arrivée à l'université, Théa me sauta dessus, fâchée mais rassurée de me voir. Elle me demanda ce qu'il y avait, et je répondis simplement :
_ Je ne voulais pas être seule avec Martin.
_ Car hier il avait encore une fois sa langue dans ta bouche ?
Non, ça encore, je m'en fichais. J'hésite un moment à lui dire, mais j'entendis derrière moi :
_ Plutôt car il avait sa main sous sa jupe.
On se retourna, et vit la fille avec « JB ». Elle était magnifique, d'aussi près. Elle avait de longs cils, de magnifique yeux noirs qui me fixaient, un nez fin et des lèvres pulpeuses qui esquissaient un sourire en coin. Théa ouvrit grand la bouche :
_ Sérieusement ?! Tu l'as laissé faire Ava ?!
_ Je n'avais pas réalisé...
La fille sourit de plus belle, puis passa. Le garçon la suivit, mais je n'eu même pas le temps de les voir s'éloigner que le visage très en colère de ma meilleure amie s'approcha de moi :
_ Putain, Ava ! Tu dois être plus prudente ! Si t'en avais envie qu'il te touche, ok pas de souci ! Mais faut que tu sois assez lucide pour être consentante !
Je le savais ça. Mais j'avais tendance à trop boire et ne pas savoir dire non. Je lui promis de faire plus attention, et on alla en direction du prochain cours. Ce n'est qu'en revoyant la fille que j'osai demander à mon amie :
_ Tu sais son nom ?
_ À qui ? À elle ? Mais, on est dans sa classe depuis deux ans...
_ Je suis pas très douée pour ça. Je ne l'avais jamais vraiment vue.
_ Pourtant, c'est une célébrité dans la fac ! C'est Effy Campbell, c'est elle qui a les pires notes à chaque partiel, son taux d'absentéisme bat tous les records et il y a des rumeurs pas très chouettes sur elle...
Je m'en fichais, des rumeurs. C'était donc Effy Campbell. Elle avait un joli prénom, malgré sa réputation de bad girl. C'est vrai qu'elle faisait cancre, qu'elle séchait beaucoup et ne semblait pas trop réviser. Comment une fille comme elle pouvait rester dans une université d'élite ?
***
En arrivant chez moi, je me laissai tomber sur le lit. La journée avait été longue à essayer d'éviter Martin. Mais ça va, il n'avait pas cherché à parler d'hier et semblait même désolé. Tout allait pour le mieux. Le nom d'Effy Campbell me revint à l'esprit. Je tapai son nom sur Instagram, et trouvai son compte. Il n'était pas en privé et il n'y avait pas beaucoup de photos. Quelques unes de graffitis, d'autres de paysages urbains, plusieurs de ciels... Une poignée d'Elle, magnifique et parfois souriante, parfois pas. Effy Campbell. La bad girl de la fac. Son nom me faisait rire. Cela voulait dire « sourire en coin » en gaélique. Et ça lui allait presque trop bien.
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Miss-Parfaite et délinquante à problèmes (histoire lesbienne)
RomanceElle, c'est Ava. Une "Miss-Parfaite" riche, belle, intelligente, déprimée. Elle, c'est Effy. Une "délinquante à problème", sexy, bad girl, lesbienne. On aurait pu croire qu'elles n'avaient rien en commun, mais les voilà colocataires forcées. Comme...