Holding a Heart - Tome 1

Chapitre 15 - We lost Moony

CHAPITRE 15

Sirius leva le museau en l'air. Ses yeux étaient agrandis par la panique. Remus avait disparu. Sirius hurla longtemps cette nuit-là, espérant que son ami répondrait à son appel. Mais ces efforts furent vains. Le loup garou ne revint pas. Seul le silence avait répondu à ses plaintes. Les hurlements se transformant en sanglots. Le chien reprenant forme humaine.

Sirius ne se souvenait pas comment il était rentré au château. James avait dû le ramener. Il n'aurait su le dire. Lorsqu'il avait ouvert les yeux, il était dans son lit. Son regard s'était immédiatement porté vers le lit à la droite du sien. Mais il était vide.

Remus n'était pas rentré.

James ne l'avait pas retrouvé.

Il referma les yeux retenant rageusement ses larmes. Incapable de comprendre ce qui avait pu se produire. Depuis leur cinquième année, ils partageaient le calvaire de leur ami. Adoptant lune après lune leurs formes animales.

Moony, Padfoot, Wormtail et Prongs.

Le loup, le chien, le rat et le cerf.

Les premières fois avaient été violentes. Le loup s'était méfié. Puis peu à peu, il s'était laissé approcher, mordant moins si ce n'est pour jouer. Désormais il acceptait volontiers leur présence. La méfiance et la violence avaient petit à petit disparues, le jeu avait pris le pas sur tout le reste. Bien évidemment, il arrivait que le loup soit d'humeur taciturne et bascule de nouveau dans la barbarie. Mordant quiconque tentait de l'approcher.

Mais Sirius supportait les morsures. Il se savait immuniser contre la morsure du loup. Sous sa forme animagus, il ne deviendrait pas loup à son tour. Mais la raison qui le poussait à se laisser mordre par le loup était qu'il ne supportait pas de voir Moony s'infliger à lui-même les morsures. Le spectacle du loup se mutilant volontairement était insoutenable. Les lendemains l'étaient d'autant plus. Remus se réveillait couvert de marques. Ces marques qui lui rappelaient douloureusement sa condition. James sous sa forme animagus était trop imposant, le loup ne l'attaquait jamais. Quant à Peter, il était trop petit, une morsure le tuerait. C'est pour cette raison qu'il s'était porté volontaire lors de ces nuits « difficiles ».

Sirius refusait de voir s'illuminer au matin dans le regard de son ami cette lueur de dégoût pour lui-même.

Il se redressa brusquement en entendant la porte s'ouvrir. C'était James. Sirius le regarda en état de choc. Il était couvert de bandages qui commençaient déjà à se teinter de sang. Les blessures devaient être profondes. James avait poursuivi Remus. Le cerf était plus rapide, plus endurant que le chien.

– James...

– Je l'ai rattrapé. Il est à l'infirmerie.

Sirius se mordit la lèvre en sentant des larmes de soulagement lui monter aux yeux. Il s'apprêtait à demander à James pourquoi il était dans cet état mais celui-ci le devança.

– Je l'ai rattrapé mais il refusait de faire demi-tour. Alors pour attirer son attention j'ai... repris forme humaine.

Sirius se leva, le poussa, arrachant les bandages précipitamment à la recherche de morsures annonçant qu'un autre de ses amis était devenu un...

Mais les plaies béantes n'étaient pas naturelles. Il fronça les sourcils et plongea son regard dans celui de son meilleur ami, interrogateur.

– Tu te souviens de ce sort que Servilus m'avait lancé près du lac ?

– Sectumsempra ?

James hocha la tête en riant nerveusement.

– Je pensais que ça ne faisait que causer une entaille comme celle qu'il m'avait faite sur la joue... mais je me suis trompé. Ce sort c'est... un carnage. Mais le sang a attiré son attention.

– Tu t'es auto-infligé ça ? Lâcha Sirius incrédule.

– Si j'avais su, j'aurais choisi un autre sort.

Sirius n'en croyait pas un mot. Il lut dans le regard de James que si c'était à refaire, il le ferait sans hésiter. Pour son ami. Il posa sa main sur l'épaule et le regarda grimacer de douleur.

– Evans va me tuer.

– Pourquoi ? Qu'est-ce que t'as encore fait ? Répondit Sirius en pouffant doucement de rire.

– J'étais censé rester à l'infirmerie mais je savais qu'en te réveillant tu paniquerais alors je suis venu.

C'est à ce moment-là que Lily entra dans la chambre faisant sursauter les deux garçons.

– JAMES POTTER ! Hurla-t-elle.

Il se tourna vers elle. Ses bandages gisaient au sol. Il lui lança un sourire innocent, lui faisant perdre le peu de sang-froid qu'elle avait conservé. Était-il donc inconscient ? Masochiste ?

Elle venait de terminer sa ronde matinale lorsqu'elle l'avait vu émerger de la forêt interdite, traînant un Remus inconscient derrière lui. Puis il s'était effondré à ses pieds, couvert de sang. Aidé de l'élève chargé d'effectuer la ronde avec elle, elle avait fait léviter les deux garçons jusqu'à l'infirmerie. Elle avait regardé les professeurs s'activer autour du lit de Potter pendant ce qui lui avait semblé des heures...

Remus était hors de danger.

Pour ce qui était de Potter, nul ne parvenait à arrêter l'hémorragie. Ou plutôt les hémorragies. Les entailles refusaient de se fermer. Elle entendit le Professeur McGonagall chuchoter au Directeur ces deux mots qui la tétanisèrent.

Magie noire.

Elle les poussa et tendit sa baguette.

Elle savait ce qui avait causé cela.

Elle l'avait lu dans ce livre de potion.

Celui de Severus.

Le Prince de Sang mêlé.

Elle prononça sans hésitation le contre-sort qu'il lui avait lui-même confié.

Elle s'était laissée tomber sur la chaise près du lit, regardant le débit de sang s'atténuer peu à peu.

Puis elle était restée tant bien que mal éveillée, mais avait fini par se laisser glisser dans les bras de Morphée.

À son réveil, Potter avait disparu.

Elle s'avança vers lui et leva la main, prête à le gifler, puis retint son geste. Il était blessé. Il se pencha alors et déposa un léger baiser sur sa joue murmurant à son oreille.

– J'adore ce soudain désir que tu as de me mettre dans un lit Evans.

Elle frissonna en sentant son souffle dans son cou. Elle posa ses mains sur son torse encore bandé que laissait apparaître la chemise déboutonnée du garçon, tentant de le repousser. Elle sentit ses muscles se tendre sous ses doigts. Il posa ses mains sur les siennes, son regard dénué de toutes traces de moquerie.

– Il fallait que je dise à Sirius que Moony allait bien. Je suis désolé de t'avoir fait peur.

Elle soupira, tentant d'ignorer son cœur battant bien trop rapidement à son goût. C'était définitif.

L'objectif de James Potter était de lui faire perdre... ou plutôt tourner la tête.

Et une voix lui chuchota que c'était probablement déjà le cas.

Elle l'ignora.

Tout comme elle avait ignoré son cœur.

Mensonge lui susurra la voix.

Il est trop tard.

Tu l'...

Non !

Jamais.