CHAPITRE 18
Les semaines passèrent. La tension demeurait la même. Comme chaque matin depuis leur petite virée à Pré-au-Lard, Lily sortit de la Salle Commune en prenant soin de ne pas faire de bruit. Elle se réveillait avant tout le monde, se préparait avant tout le monde, mangeait avant tout le monde.
Elle sourit en voyant Sirius l'attendre devant le tableau. Celui-ci avait découvert son petit manège et se faisait un devoir de l'accompagner. Il n'avait pas manqué une seule fois au rendez-vous. Chaque matin, il déjeunait avec elle, la faisait rire, lui faisait oublier sa tristesse. Il ne posait pas de questions, se contentant de lui tenir compagnie.
Marlène se joignait presque toujours à eux. Sauf quand le sommeil l'emportait sur sa volonté d'être avec sa meilleure amie. Mais contrairement à Sirius, la jolie brune posait des questions. Et il était de plus en plus compliqué de les éviter.
Désormais, le midi et le soir, Lily mangeait avec Amos. Elle s'était retrouvée dans cette relation sans vraiment comprendre comment, mais cette routine avec le préfet de Poufsouffle lui était devenue familière. Elle s'y accrochait comme un naufragé à une bouée de fortune. Elle ne parlait presque plus aux autres. Elle s'était éloignée, ils avaient tenté de la retenir. Alice avait même pensé qu'elle avait fait quelque chose de mal. Elle lui avait assuré que non. Aucun d'eux n'étaient le coupable.
La seule personne qui avait mal fait les choses dans cette histoire, c'était elle.
Sa dispute avec son amie avait été violente.
– Je ne pensais pas que tu faisais partie de ces filles qui tournent le dos à leurs amis parce qu'elles se sont dégotées un copain Lily !
Les paroles de son amie refusaient de quitter son esprit. Mais elle ne pouvait décemment pas lui avouer la raison de son attitude. Comment avouer à Alice qu'elle avait... fait ce qu'elle avait fait. Elle ne voulait pas la décevoir davantage. Elle préférait qu'elle pense qu'elle était une fille futile, incapable de gérer à la fois son couple et ses amis plutôt qu'une fille qui... désire des choses qu'elle ne devrait pas.
Au début cela avait était difficile. Les éviter. Elle sourit à cette pensée. Ils étaient tous difficile à éviter, à ignorer. Ils étaient trop bruyants, trop envahissants. Merlin, ce qu'ils pouvaient lui manquer. Tous autant qu'ils étaient. Même Lui. Elle ne s'autorisait même plus à penser à son nom.
Une part d'elle lui en voulait. Pourquoi avait-il fallu qu'il parvienne à...
Puis elle se rendait compte que c'était idiot.
Il n'avait rien fait.
Il était resté lui-même.
C'était elle qui avait changé.
C'était son cœur qui avait changé.
Elle entra dans la Grande Salle en riant à une blague de Sirius mais son rire s'étrangla dans sa gorge. Ils étaient tous là... assis à la table des Gryffondors, vide en raison de l'heure plus que matinale. Elle failli faire demi-tour mais Sirius avait posé sa main dans le bas de son dos en lui chuchotant.
– Oh allez Lily-jolie, un peu de courage, t'es une Gryffondor oui ou merde !
– Espèce de traitre, lâcha-t-elle en lui jetant un regard de reproche.
– Je ne t'ai pas trahi, c'est Marley qui a vendu la mèche ! Et pour sa défense... c'est une Serpentard.
Elle sentit ses jambes défaillirent en croisant le regard de...
Non ! Ne pas penser à Lui. Ne pas penser à son nom. Ne pas se perdre dans son regard.
Elle se dirigea vers la table et s'installa à côté de Marlène qui lui prit la main sous la table. Lily la lui arracha, en colère. Marlène n'avait pas à faire ça. Il lui avait fallu des semaines avant de s'habituer à cette situation. Comme un funambule sur un fil, elle était en équilibre au-dessus du vide et son amie venait de la pousser. Elle n'était pas certaine qu'il y ait un filet pour amortir sa chute.
Mary était assise face à elle et lui lança un sourire angélique. La douceur et la beauté de la petite blonde ranimèrent la culpabilité que Lily était parvenue à enfouir. Elle failli se lever pour partir mais elle croisa le regard de Remus qui la suppliait silencieusement de rester... Le garçon lui manquait atrocement.
Tout le monde discutait comme si de rien n'était. Joyeusement. Comme avant. Elle se laissa peu à peu entraîner, riant des pitreries de Peter, des remontrances de Remus quand Sirius faisait une remarque osée à Marlène. Mais au milieu de tous ces rires, des bavardages, au milieu de tout cela elle n'entendait que le silence de...
Car il n'avait rien dit.
Pourquoi être venu alors ?
Pourquoi la regardait-il ?
Elle sentit son propre sourire s'effacer.
Elle ne pouvait pas être heureuse avec eux.
Elle se leva. Évitant de croiser le regard de Remus, évitant la main de Marlène qui tenta de la retenir. Le silence se fit. Ils la regardaient tous. Attendant... qu'est-ce qu'ils attendaient d'ailleurs ? Elle ne les méritait pas.
– Je dois rejoindre Amos.
– Lily, murmura Sirius.
Elle l'ignora, se précipita hors de la Grande Salle et se mit à courir vers la bibliothèque. Son refuge. C'était la seule chose qu'elle avait trouvée familière lorsqu'elle était arrivée à Poudlard six ans plus tôt. Elle adorait le monde magique. Tout la fascinait mais du haut de ses onze ans, quittant pour la première sa famille, se retrouvant dans ce monde qui n'avait rien en commun avec celui dans lequel elle avait grandi, elle s'était sentie perdue. Etrangère.
Elle se faufila entre les rangées, son corps refusant de mettre fin au flot continue de larmes qui se déversait de ses yeux. Elle se laissa glisser sur le parquet, son dos contre les livres. La seule chose commune aux deux mondes c'était ça. Les livres.
Les livres.
Elle attrapa le premier qui lui tomba sous la main.
Histoire de la magie de Bathilda Tourdesac.
Se plongeant dedans comme s'il allait lui révéler le secret de la vie éternelle.
– Alors c'est ça ton Amos ?
Elle reconnut immédiatement cette voix aux accents narquois.
C'était Lui.
Celui-dont-elle-ne-devait-pas-prononcer-le-nom.
Celui auquel elle s'était interdite de penser.
Elle leva les yeux du livre.
James Potter.
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Holding a Heart - Tome 1
Fanfic{TERMINÉE} Ce n'était plus de simples exercices dans une salle de cours. C'était réel et à tout moment elle pouvait mourir. Elle le vit courir dans la direction opposée. Vers les affrontements. Elle ne l'avait même pas remercier. Il venait de lui sa...