Chapitre 67 - Her eternity

2K 180 13
                                    

CHAPITRE 67

James se laissa retomber sur son lit, serrant rageusement la cravate qu'il tentait de nouer depuis bientôt plus d'une demi-heure. Il n'irait pas. Il ne voulait pas voir le cercueil se refermer sur Elle. Il refusait de les voir le faire descendre dans le trou prévu à cet effet. Elle avait toujours détesté être enfermée. Ce n'était pas de la claustrophobie. Non. Sa mère n'avait peur de rien. Elle adorait la liberté. Le manoir répondait à cet amour. Les immenses fenêtres laissaient la lumière inonder chaque pièce, chaque corridor... En été, on avait presque l'impression que les murs n'existaient pas. La forêt qui les entourait, les isolants, les protégeant. L'odeur de l'herbe, la rosée matinale, les vieux chênes millénaire. Il inspira... sa mère aimait la nature, elle aimait se promener, chasser à cour avec son père. Même si la plupart du temps ils ne ramenaient pas de gibier. Elle aimait revenir les bras chargés des fleurs sauvages qu'elle avait cueillies.

Il fut tiré de ses pensées. Quelqu'un frappait à la porte.

– Jaime... c'est l'heure.

Il ouvrit la porte et Sirius lui faisait face. Les yeux de celui-ci s'arrêtèrent sur la cravate qu'il serait toujours dans son poing. Sirius dénoua sa cravate ce qui tira un sourire à James. Ils n'avaient jamais eu besoin de mots pour se comprendre. La souffrance et la douleur qu'il lisait dans le regard de son meilleur ami étaient le reflet parfait de ses propres sentiments.

Dorea avait toujours affirmé que les deux garçons étaient identiques. Les deux faces d'une même pièce. C'était comme de regarder une personne s'observer dans un miroir. Elle leur avait d'ailleurs inspiré leur première invention majeure : le miroir à double sens.

– Je ne veux pas y aller Pad.

– Encore heureux. Il faudrait avoir un sérieux problème pour avoir envie d'aller à un...

Sirius grimaça incapable de poursuivre sa phrase. Il aurait aimé pouvoir en rire. Ils étaient toujours parvenus à surmonter les pires situations, ne ratant jamais l'occasion de placer une remarque sarcastique et pleine d'humour même lorsque le moment ne s'y prêtait pas.

Ils prirent tous deux une profonde inspiration et se sourirent de concert comme ils le faisaient toujours lorsque par hasard ils faisaient ou disaient exactement la même chose au même moment.

Cela arrivait tellement souvent que Dorea avait fini par les soupçonner de préparer leur coup et leurs répliques. Mais ses soupçons n'étaient en réalité qu'un prétexte. En effet, quand Sirius s'était installé chez les Potter, il partageait la chambre de James. Or Dorea avait décidé de les séparer, affirmant qu'ils ne dormaient pas mais répétaient leurs rôles de « faux vrai jumeaux ». Elle avait fait mine de réfléchir longuement à où mettre le garçon. Dans le grenier ? La cave peut-être... au-dessus des écuries ? Sirius l'avait écouté débattre avec elle-même une expression horrifiée au visage. Il l'avait suivi sans un mot jusqu'au « placard » qu'elle avait décidé de lui attribuer. Affirmant qu'il serait un peu à l'étroit mais qu'elle avait demandé aux elfes de retirer les balais et autres toiles d'araignées. Sirius n'avait pas protesté... rien ne pouvait être pire que le 12 Square Grimmauld.

Et elle avait poussé la porte du « placard » qui n'était pas du tout un placard mais une chambre aussi spacieuse que celle de James... peut-être même plus. Un lit, un bureau, des affiches de ses équipes de Quidditch favorites, de motos... pas de filles en bikinis cette fois.

– Tu n'es plus ici pour les vacances Sirius... tu es ici chez toi.

Remus les attendait en bas de l'escalier. Il les prit tous deux dans ses bras.

– Remus tu nous écrase, lâcha Sirius en gigotant.

– Il essaye de nous étouffer, ajouta James en simulant un manque d'air.

– Je ne vois qu'une explication... poursuivit Sirius, le plus sérieusement du monde.

– Un loup garou tuerait même son meilleur ami... compléta James.

– C'est sa manière de nous dire... continua Sirius.

– Qu'on est ses meilleurs amis, termina James avec douceur, rendant son étreinte à Remus.

Le manoir était plein à ne craquer de personnes, toutes de noir vêtues, venu dire au revoir à Dorea. C'était égoïste mais James voulait qu'ils partent tous. Les collègues de travail, les amis, la famille... Son père n'était nulle part fuyant toujours la foule, les gens... la réalité.

Charlus était pourtant dans la pièce. Sous la cape d'invisibilité, debout près du corps de celle qu'il avait aimé plus que tout. Près de celle qu'il aimerait toujours. Il se souvenait qu'il l'avait suivi pendant des semaines, caché sous sa cape d'invisibilité, observant ses habitudes. Il avait cessé de travailler, consacrant ses journées à la fascinante Auror.

Et puis un jour, elle l'avait remarqué. Ça avait été un peu violent. Il s'était retrouvé une baguette pointée vers lui et une femme en colère à l'autre bout.

– Tu as trente secondes pour me donner une bonne raison de ne pas te tuer.

– Article 34 alinéa 2 du Code de Procédure Civile Sorcier...

– Super un employé du Magenmagot, le coupa t'elle sans abaisser sa baguette.

– Ex...

– Je te demande pardon ?

– Ne t'excuses pas, les trente secondes sont terminées, dit-il.

– Elles seront terminées quand je dirais qu'elles sont terminées ! le coupa-t-elle agacée. Nom, prénom... et la raison de ta présence sous cette cape... tu me suis ?

– Potter Charlus... ne pas être vu. Je t'étudie.

– Charlus ? Le fiancé de Lys ? Et pourquoi est-ce que tu
m'étudies !

– Oui le fiancé de Lys même si j'aurais préféré me définir autrement. Je t'étudie pour te faire la cour. Mais je n'ai pas récolté assez d'éléments et notre relation commence mal.

– Tu...

Elle s'était contentée de rougir violemment, abaissant sa baguette et s'éloignant ignorant sa dernière question... « les trente secondes sont-elles terminées ? ».

Plus tard, cette phrase était devenue une sorte de rituel entre eux. Une sorte de code... « Tu as trente secondes pour m'embrasser » ... « ça te dirait un rendez-vous de trente seconde avec moi ? ».

Mais ce rituel avait pris fin...

Un matin comme celui-ci. Il s'était réveillé tout comme aujourd'hui. Mais ce jour-là... Elle était encore à ses côtés et il lui avait demandé de rester... Pas pour trente seconde mais pour l'éternité. Et quand elle lui avait répondu oui, il avait compris pourquoi l'immortalité représentait un tel attrait pour le genre humain.

Il aurait voulu que ce bonheur ne prenne jamais fin. Il aurait voulu offrir la vie éternelle à Dorea... Pour ne pas avoir à vivre un seul jour sans voir ses yeux brillants de malice, sans entendre son rire contagieux et raisonnant de bonheur.

Il regarda son fils approcher du cercueil ouvert et les larmes brouillèrent sa vision. Elle lui avait offert l'éternité. Elle lui avait donné un fils qui possédait son regard, son sourire... Elle vivait en James.

Elle n'était pas vraiment morte.

James était son éternité.

Holding a Heart - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant