CHAPITRE 42
– Tu m'énerves ! s'emporta Lily.
– C'est mon unique raison de vivre, lui répondit-il un sourire moqueur aux lèvres.
Elle aurait bien poussé un cri exaspéré si la mère du garçon n'avait pas été présente dans la pièce. Dorea Potter. Ou plutôt Dorea Black puisque cette dernière, ne souhaitant pas que l'on fasse le lien avec son fils, avait décidé de prendre son nom de jeune fille.
Leur Professeur était d'une beauté et d'une élégance rare.
Lily ne put s'empêcher de se demander si tous les membres de la famille Black étaient naturellement pourvus d'un physique plus qu'avantageux ? La mère de James possédait une longue chevelure d'un noir de jais qu'elle avait élégamment relevée en un chignon négligé. Sa peau était mate et ses yeux en amande, ombragés de cils, brillaient de la même malice que ceux de son fils. Elle se déplaçait avec grâce, et quand elle souriait, on ne pouvait s'empêcher d'en faire autant. Même Severus lui avait rendu son sourire.
– Recommence, lui demanda James.
– Pour que tu me montres un autre souvenir de toi gâchant ma vie ? Non merci j'en ai eu assez.
Il pouffa doucement de rire. Il riait toujours, il était probablement la personne qui riait le plus dans cette école. Toute la journée, il redoublait d'inventivité pour transformer une banale journée de course en un véritable marathon du rire. Et la plupart du temps, la victime désignée de l'insupportable groupe de garçons était un certain Serpentard qui se trouvait en ce moment même dans leur salle de cours.
Et d'après ce qu'elle avait compris, par extension, elle était aussi la cible des farces du « maraudeur ». Elle avait vu ce mot dans l'esprit du garçon. Il avait semblé particulièrement mécontent qu'elle ait eut accès à cette information.
Dans le souvenir qu'il lui avait montré, il devait avoir douze ans, elle était à la bibliothèque avec Severus et Marlène. Tout se déroulait parfaitement bien jusqu'à l'intervention du turbulent Gryffondor. Lui et le reste des « maraudeurs » avaient débarqué dans la bibliothèque poursuivit par Miss Teigne. James était monté sur la table et avait couru faisant s'envoler les parchemins, plumes, encres de ses camarades ainsi que le peu de sang-froid qu'il restait à Madame Pince. Cette dernière devint si pâle que Lily cru un instant que la vieille bibliothécaire allait s'évanouir.
Ce qu'elle fit quelques secondes plus tard lorsque Rusard fit son entrée dans la bibliothèque. En feu. Il était en feu, au milieu des livres ! Elle avait poussé un cri et avait sombré dans l'inconscient.
Rusard en tentant d'attraper Potter, avait grimpé à son tour sur la table, les flammes s'emparant et dévorant les parchemins éparpillés et piétinés quelques secondes plus tôt par le garçon. Puis Sirius était arrivé avec un saut d'eau et l'avait vidé sur le concierge... Malheureusement pour Severus, il se trouvait dans l'axe de lancé du garçon et avait écopé lui aussi d'une bonne douche froide.
Au lieu de s'excuser, Sirius était parti dans un fou rire tonitruant. Elle s'était emportée. Ses souvenirs prenaient fin à cet instant précis mais pas ceux de James. En effet, il avait fait apparaitre un sceau d'eau et en avait vidé le contenue sur sa tête.
– POTTER ! avait-elle hurlé, trempé jusqu'aux os.
– Oh pardon Evans, avec tes cheveux, je croyais que toi aussi tu t'étais enflammée.
Sa mémoire fonctionnait comme un cadenas dont Potter était la clé. Une fois que Potter lui donnait la suite d'un souvenir, son esprit se chargeait du reste et lui rendait le souvenir dans son intégralité. Ainsi elle fut heureuse de voir que loin de se laisser faire, elle avait à son tour sorti sa baguette l'avait pointé sur le garçon et un puissant jet d'eau s'en était échappé, faisant tomber le garçon de la table. Il s'était redressé tout aussi trempé qu'elle, en état de choc. Il avait la bouche ouverte. Une expression hébétée avait remplacé son habituel rictus moqueur.
– Dis-moi ce qu'est un maraudeur.
– Hors de question !
– Dis-moi ! insista-t-elle.
– NON !
Elle s'introduisit alors dans l'esprit du garçon. Elle voulait découvrir ce qu'était un « maraudeur » ! Elle se trouvait dans la salle commune des Gryffondors, il était tard. Il faisait nuit noire dehors et la salle commune était vide. A l'exception des quatre « maraudeurs ». Elle s'approcha des fauteuils où étaient installés, Potter, Black, Lupin et Pettigrow. Elle tenta de ne pas s'impatienter. Elle savait déjà qu'ils étaient les maraudeurs, ce souvenir n'avait aucun intérêt.
– C'est de la folie, s'emporta Remus.
– J'ai demandé au professeur McGonagall, répliqua le garçon.
– Tu as quoi ? S'étrangla Remus.
Puis elle bascula dans un autre souvenir. Potter avait dû penser à autre chose. Il essayait de résister. De l'empêcher d'en voir trop. Mais il n'était pas très doué pour cela. Elle se trouvait maintenant devant le bureau du Professeur McGonagall. Elle ne put s'empêcher de sourire en le voyant hésiter à entrer. Alors il avait tout de même peur de certaine chose. Il finit par frapper et entrer.
– Potter ? Je ne me souviens pas vous avoir convoqué.
– Je suis venu de moi-même... j'ai une question.
– Je vous écoute, lui répondit-elle en cachant difficilement son étonnement.
– Hypothétiquement... si la morsure d'un loup garou n'affecte pas les animaux alors un sorcier sous sa forme animagus ne serait pas infecté n'est-ce pas ? Hypothétiquement bien sûr.
Le Professeur McGonagall ne répondit pas immédiatement, elle savait pertinemment où le garçon voulait en venir. Tout comme Lily l'avait compris. Peu de personne connaissait la condition de Remus... « son petit problème de fourrure ». Elle avait lu cela dans l'esprit de Potter et ne put s'empêcher de sourire. Il avait trouvé le moyen de rire d'une tragédie.
– Hypothétique non, le sorcier sous sa forme animagus ne sera pas infecté en cas de morsure. Mais laissez-moi vous dire... qu'hypothétiquement c'est un processus très long et il faudrait des années d'entrainement avant de parvenir au résultat escompté. De plus, toujours hypothétiquement bien sûr, un sorcier mineur risquerait de finir à Azkaban, s'il devenait un animagus non déclaré.
– Et bien, il devra faire en sorte de ne pas se faire attraper... hypothétiquement bien sûr, lui répondit-il en souriant malicieusement.
– Hypothétiquement, je pense que ce sorcier est doué pour ne pas se faire attraper.
Elle sentit le cadenas de son esprit céder à nouveau et les souvenirs affluer. Tout du moins ceux impliquant Potter et le mot animagus. Elle se souvenait distinctement de cette matinée de juin, elle était en cinquième année et James Potter était entré dans la salle de cours de métamorphose, essoufflé. Il avait foncé vers le Professeur McGonagall, plus joyeux qu'il ne l'avait jamais été.
– Je suppose que vous n'avez pas couru pour la simple raison que vous êtes en retard à ce cours, n'est-ce pas Potter ?
– J'ai... j'ai hypothétiquement réussi, répondit-il essoufflé.
Minerva McGonagall avait poussé un cri de joie et prit le garçon dans ses bras sous le regard abasourdi de toute la classe. Lily n'avait jamais pu comprendre cet échange entre eux, et maintenant tout prenait un sens. Un autre souvenir s'imposa à son esprit. Celui de Potter sous sa forme animagus, sortant du foret interdit, son meilleur ami sur le dos. La vision du cerf l'avait marqué... Non. « Marqué » était un euphémisme. La beauté de l'animal, sa grâce, sa majesté l'obnubilait au point que...
– Evans...
Elle releva la tête vers le garçon qui la regardait abasourdi. Oh non. Elle se sentit rougir violemment. Trop occupée à fouiller dans les souvenirs du garçon, elle avait oublié de protéger son esprit et ses propres souvenirs. Et il avait vu... il avait vu que...
– Ton patronus... continua-t-il visiblement en état de choc.
Lily ne trouva rien à répondre, rougissant simplement davantage. Elle fut heureuse de voir la mère de Potter s'approcher d'eux.
– Alors ça avance vous deux ? leur demanda-t-elle en ébouriffant les cheveux déjà en pétard de son fils.
– Oui, lui répondit le garçon sans quitter la jolie rousse des yeux. On avance.
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Holding a Heart - Tome 1
Fanfic{TERMINÉE} Ce n'était plus de simples exercices dans une salle de cours. C'était réel et à tout moment elle pouvait mourir. Elle le vit courir dans la direction opposée. Vers les affrontements. Elle ne l'avait même pas remercier. Il venait de lui sa...