Chapitre 45 - Beauty and the Beast

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CHAPITRE 45 

Bruyants.

C'était ce qui les définissait le mieux. A eux deux, Sirius et James parvenaient à faire un véritable brouhaha dans le compartiment. Vers le milieu du trajet, leur énergie débordante sembla les quitter. Sirius s'endormi, la tête sur les genoux de Marlène qui lui caressait avec douceur les cheveux. Il était rare de voir des démonstrations de ce genre entre les deux amis, mais quand cela arrivait Lily parvenait à les visualiser en tant que couple, bien qu'elle sache pertinemment que ce qui les unissait n'était qu'une sorte de pacte physique. Plan cul comme dirait plus crûment sa meilleure amie. Elle fut tirée de ses pensées en sentant la tête de Potter se poser sur son épaule. Elle retint instinctivement sa respiration sous l'effet de la surprise.

– Respire Evans, lui chuchota-t-il amusé.

– Je respire ! répondit-elle agacée. Les gens normaux n'ont pas besoin de se rappeler de respirer mais il semblerait que ton cerveau soit dénué même des automatismes les plus primaires.

James pouffa doucement de rire en voyant Peter s'écrouler de la banquette et prendre sa forme animagus dans son sommeil. Lily étouffa un cri de surprise et lança un regard vers Marlène pour vérifier qu'elle n'avait rien vu. Mais cette dernière s'était endormie, sa main toujours glissée dans les cheveux de Sirius. James se pencha ramassa le petit rat et le mit sur les genoux de Remus qui dormait aussi, son livre ouvert sur son visage.

Lorsqu'il se redressa, se fut à son tour d'oublier de respirer puisque la jolie rousse l'avait pris de vitesse et avait posé sa tête sur son épaule. Elle avait parfaitement raison. Son cerveau se retrouvait dénué de toutes ses capacités même les plus primaires mais elle avait oublié un détail de taille... cela ne se produisait que lorsqu'il s'agissait d'elle. Aucunes filles n'avaient, ne serait-ce que le millième de l'effet de la farouche Gryffondor sur lui. D'un simple regard, elle lui faisait perdre ses moyens. Un sourire, et son cœur entamait une course effrénée. Et Merlin quand elle le touchait...

– Respire Potter, lui dit-elle moqueuse.

Ils restèrent silencieux. Elle ne protesta pas lorsqu'il posa sa tête sur la sienne. Il ne savait pas si elle dormait... il n'osait pas parler de peur de dire quelque chose qu'il ne fallait pas. Il ne voulait pas la mettre en colère. Il voulait que son séjour avec eux soit parfait. Qu'elle oublie sa sœur et ses préjugés. Il écarta une mèche qui s'était échappée de la queue de cheval de la jeune fille. Il sourit en la voyant plisser le nez. Il devrait y avoir une loi interdisant à une fille d'être aussi scandaleusement attirante.

Il s'endormi à son tour.

Quelques minutes plus tard, la porte du compartiment s'entrouvrit. Le silence avait laissé à penser à la personne qui se tenait dans l'embrasure de la porte que le compartiment était libre. La personne aurait probablement refermé la porte et serait partie à la recherche d'un compartiment libre si la chevelure rousse si familière n'avait pas attiré son regard.

Lily Evans.

Sa Lily.

Profondément endormi sur l'épaule de Potter.

Severus Snape senti la jalousie le transpercer de toute part. A cela s'ajoutait l'incompréhension. Il ne parvenait pas à saisir la nature de leur relation. Potter aimait Evans. Tout de moins il la désirait, car il doutait sincèrement de la capacité de l'arrogant Gryffondor à aimer qui que ce soit d'autre que sa personne. Mais Lily haïssait le garçon autant que lui ! Il se souvenait parfaitement de leurs longues après-midi à critiquer Potter et ses sbires, leurs incapacités à ne pas se faire remarquer, leurs stupides farces.

Et voilà qu'elle se trouvait parmi eux. Profondément endormi sur l'épaule de leur ennemi commun. Il grimaça en voyant le rat sur les genoux du loup garou. Il avait fini par découvrir la véritable nature de Lupin. Il aurait voulu le crier sur les toits, ruiner l'avenir d'au moins l'un de ses bourreaux. Il se serait délecté de voir le lycanthrope quitter l'école sous les injures de ses camarades. Mais Potter lui avait « sauver la vie ». C'était ainsi que Dumbledore avait qualifié le geste du Gryffondor.

Mais Severus savait pertinemment qu'il n'avait pas fait cela pour lui mais pour son ami. Il n'aurait pas voulu que son loup garou de meilleur ami ne devienne un meurtrier et ne termine sa vie enfermée à Azkaban.

Dumbledore... et même Lily l'avait traité d'ingrat.

Le vieux Directeur lui avait intimé le silence. Il l'avait menacé de le renvoyer lui aussi si la moindre rumeur lui parvenait au sujet du « problème » de Lupin.

– T'es plutôt flippant Servilus.

Il se tendit et tourna la tête vers Sirius qui avait ouvert les yeux et l'observait moqueur.

– Contente toi de t'occuper de la fille que t'as engrossé Black.

– Cette fille que j'ai engrossée c'est la meilleure amie de la fille que tu prétends aimer Servilus. Mais tu veux que je te dise, je ne pense pas que tu l'aimes. Ou alors c'est l'histoire d'amour la plus répugnante de l'histoire. Un remix de la Belle et la Bête. Sauf que dans cette version, pas de Prince sous la Bête. Seulement un garçon mesquin et rancunier qui ne se rend même pas compte qu'il ne mérite pas la Princesse.

– Tu penses que Potter la mérite bien sûr ? répondit Severus, camouflant sa rage derrière un ton sarcastique.

– Non mais il essaye. Il fait des efforts pour la mériter. Toi, tu as rejoint le camp qui a pour objectif d'exterminer ce qu'elle est. Je ne saisis pas vraiment ton raisonnement... si raisonnement il y a.

– Je... je ne vois pas en quoi ça te regarde ! lâcha Severus d'une voix sifflante et venimeuse.

Lily bougea un peu dans son sommeil, se blottissant un peu plus contre le Gryffondor. Severus la regarda faire, résistant à l'envie de les séparer.

– Si ça avait été James à ta place, il vous aurait réveillé en jouant de la cornemuse.

– Désolé de ne pas être un insupportable m'as-tu vu ! répliqua Severus de plus en plus en colère.

– Une fois de plus tu ne parviens pas à la bonne conclusion. James vous aurait réveillé, non pas pour se faire remarquer mais pour vous séparer. C'est la raison pour laquelle tu ne gagnes pas Servilus, tu ne joues pas. Tu ne peux même pas perdre parce que tu ne te bats pas pour ce que tu veux. Tu te contentes d'être un spectateur.

Severus serra les poings. Il aurait voulu faire taire l'insupportable sang-pur et faire taire cette voix qui s'élevait dans son esprit. Cette voix qui lui murmurait que le Gryffondor avait raison.

– Si tu avais été la Bête, Gaston aurait gagné.

Holding a Heart - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant