CHAPITRE 73
Lily s'en voulu d'avoir quelque peu gâché l'ambiance festive qu'avait provoqué l'annonce du voyage. Ça avait été égoïste de sa part. Elle se sentit d'autant plus coupable que ses amis tentèrent de la consoler. Alice alla jusqu'à affirmer qu'elle n'y mettrait pas les pieds si elle n'y allait pas. Elle dut s'y prendre à plusieurs fois avant que son amie abandonne l'idée de boycotter le voyage. Elle prétexta d'aller voir ce que Marlène faisait pour pouvoir s'éclipser. Mais c'était sans compter sur la ténacité de James qui la suivit hors du compartiment.
– Evans attend ! l'interpella-t-il tandis qu'elle tentait de le semer dans la foule.
Elle tenta de l'ignorer et pressa quelque peu le pas mais le Capitaine de l'équipe parvint à la rattraper et la saisit par le bras, l'obligeant à se tourner vers lui. Elle leva les yeux vers lui et se mordit nerveusement la lèvre pour ne pas se laisser aller aux larmes. C'était idiot. Ce n'était qu'un stupide voyage, elle en avait parfaitement conscience. Mais le fait qu'elle ne puisse pas y aller la rendait non seulement triste mais provoquait chez elle un sentiment d'injustice profonde qui la révoltait. Elle était en colère. Elle s'était toujours félicitée de ne pas répondre à la haine stupide et au mépris irrationnel que provoquait son statut de sang. Après tout, que lui importait qu'une minorité de la population sorcière la considèrent comme inférieure... Cela ne l'avait pas empêché de poursuivre ses études dans l'une des meilleures écoles de magie.
Elle se souvenait de la première fois où leur Professeur d'histoire de la magie, Cuthbert Binns leur avait parlé des quatre fondateurs de Poudlard. Peu de personne prêtait attention aux cours du vieux fantôme, elle-même devait se faire violence pour garder les yeux ouverts tant la voix monocorde plongeait la classe dans une atmosphère soporifique. Pourtant ce jour-là, il ne lui fallut pas déployer autant d'énergie pour rester attentive tant le sujet l'avait passionné. L'union des plus grands mages et sorcières de l'époque dans le but de créer une école où les sorciers pourraient apprendre et pratiquer la magie sans avoir à se soucier de l'Inquisition qui sévissait à cette époque était de loin la partie de l'histoire du monde magique qu'elle trouvait la plus intéressante. Étrangement elle avait trouvé légitime la haine de Salazar Serpentard à l'égard des moldus. Après tout, la communauté sorcière avait été persécutée sans relâche par les moldus. Elle pouvait comprendre que ce dernier se soit opposé au fait que les enfants de leurs persécuteurs aient accès au savoir magique.
Les trois autres fondateurs furent ceux qui lui inspirèrent son attitude actuelle face au conflit qui agitait le monde magique aujourd'hui. Loin de tenir rigueur aux enfants des moldus, Helga Poufsouffle, Rowena Serdaigle et Godric Gryffondor décidèrent d'accepter les nés moldus. La connaissance éloigne l'obscurantisme. Elle allait jusqu'à approuver certains penseurs qui affirmaient que le secret n'était pas la solution. Les sorciers devraient révéler leurs existences. Les temps n'étaient plus les mêmes. Les moldus étaient plus ouverts d'esprit. Ses propres parents en étaient la preuve. Mais quand elle pensait à l'attitude de Pétunia ou encore à celle de père de Severus... Elle se disait qu'il était peut-être trop tôt. Mais dans quelque temps, cela serait possible. Elle en avait l'intime conviction. Sorciers et moldus coexisteraient.
Elle s'était toujours évertuée de se montrer compréhensive. Mais elle en avait assez. Assez de se voir écartée, rejetée, méprisé, humiliée de tous les côtés. Un mage noir voulait éradiquer son existence et sa sœur aurait aimé en faire de même ! Elle serra les poings. Elle était une sorcière à part entière. Elle était fière de l'être. Elle n'avait volé la magie de personne. Cette théorie qui affirmait que les sangs de bourbes étaient la cause des cracmols était ridicule ! La consanguinité était la principale raison de cet état.
– Tu iras à Durmstrang Evans. Dumbledore n'aurait jamais accepté un tel voyage si une partie des élèves en avait été écarté. Et si effectivement il te refuse le droit d'entrer alors on ira ailleurs ! Ce n'est pas la seule école ! Il y a l'Institut des Sorcières de Salem ou encore l'école japonaise... Je sais plus comment elle s'appelle...
– Mahoutokoro.
– À tes souhaits, lui répondit-il amusé.
– Tu ne dis pas ça uniquement pour me consoler n'est-ce pas ? lui demanda-t-elle.
– J'ignorais qu'un « à tes souhaits » avait le pouvoir de consoler les Lily Evans ! répliqua-t-il toujours amusé.
– Idiot, lui dit-elle en riant, lui donnant une légère tape sur le bras.
– Allumeuse, répondit-il sans détacher son regard du sien.
L'atmosphère avait changé. Elle ne comprenait toujours pas comment il était capable d'une telle chose mais toute sa colère avait disparu, il lui avait rendu le sourire en un rien de temps et voilà qu'il... Elle se rendit compte qu'elle avait retenu sa respiration. Elle se souvenait parfaitement de la dernière fois que cet échange avait eu lieu. Ça avait été la première fois qu'elle l'avait appelé...
– James, murmura-t-elle en soutenant le regard du garçon.
– Lily, lâcha-t-il en se rapprochant sensiblement.
Elle se mordit la lèvre, ses yeux toujours plongés dans le doré de ceux du Gryffondor. Il la frôlait presque et elle ne respirait toujours pas... Ses mains agrippèrent le bas de la chemise du garçon, l'attirant un peu plus prêt. Il sembla se tendre et elle ne put déchiffrer l'expression qu'il affichait désormais. Il posa ses mains sur les siennes, livrant une bataille dont elle ne connaissait rien. Quels étaient les camps ? La raison du conflit ? Tout ce qu'elle espérait était qu'à l'issue de cette guerre elle aurait le droit à une « nuit étoilées ».
– Il n'y a pas d'étoiles cette fois, dit-il d'une voix rendue plus grave sous l'effet du désir.
Elle sentit son cœur rater un battement. Il avait pensé à la même chose qu'elle. « Nuit étoilée ». C'est comme cela qu'elle appelait secrètement leur premier baiser... Et leur second... C'est comme cela qu'elle appellerait le suivant.
Elle lut dans son regard qu'il ne luttait plus.
Il la poussa à l'intérieur d'un compartiment vide, refermant la porte coulissante derrière lui. Elle tressailli en entendant le « clic » familier de la porte verrouillée. Elle agrippait toujours la chemise du garçon. Elle fit remonter ses mains, dessinant de ses doigts les jolies tablettes du Capitaine des Griffons. Elle s'humidifia les lèvres, sa langue passant avec gourmandise sur ces dernières. Elle le poussa contre la porte. La vitre de celle-ci vibra doucement sous le choc. Elle fit glisser le store tandis qu'il glissait ses mains sur sa taille. Il la plaqua contre lui sans pour autant prendre l'initiative du baiser. Elle fit remonter sa main droite jusqu'à son torse. Le cœur du garçon tambourinait avec force contre sa main. Elle laissa sa main poursuivre son chemin jusqu'à la nuque de celui-ci. Ses doigts se glissèrent dans ses cheveux éternellement en bataille. Il ne fit toujours pas mine de l'embrasser alors elle se hissa sur la pointe des pieds et fit un léger sourire en coin.
– Je vais t'embrasser Potter.
– Trouves toi tes propres répliques Evans, rétorqua-t-il amusé.
– J'aime les tiennes, répliqua-t-elle.
– Et moi les tiennes. Embrasse-moi Evans.
Elle s'exécuta. Il se figea surpris avant de lui rendre le fougueux baiser, entourant sa taille de ses bras, la soulevant.
Idiot. Allumeuse. James. Lily. Les étoiles. Lui la soulevant pour qu'elle soit à sa hauteur.
Chaque geste, chaque mot s'étaient transformé en une habitude. Une routine.
Elle aurait voulu que cela dure toujours.
Un rituel dont la fin serait inexorablement une « nuit étoilées ».
Un baiser.
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Holding a Heart - Tome 1
Fiksi Penggemar{TERMINÉE} Ce n'était plus de simples exercices dans une salle de cours. C'était réel et à tout moment elle pouvait mourir. Elle le vit courir dans la direction opposée. Vers les affrontements. Elle ne l'avait même pas remercier. Il venait de lui sa...