Chapitre 79 - Gertrude

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CHAPITRE 79

Lily observait le réfectoire de l'Institut Salem. On était bien loin du faste de la Grande Salle de Poudlard. Ici la nourriture n'apparaissait pas soudain dans les assiettes. Ces changements n'étaient pas aux goûts de tous. Les Serpentards habitués à être servi par les elfes de maisons semblaient vouloir fuir loin de cette école, le plus vite possible. Malheureusement pour eux, ils n'étaient ici que depuis trois jours et le voyage devait se prolonger durant encore deux semaines.

Lily attrapa un plateau sur lequel elle déposa des couverts. Marlène se plaignait pour la énième fois de la queue interminable qui s'étendait devant eux. Comme toujours la jolie sang-pur ne pouvait s'empêcher d'exagérer. Le nombre d'élèves s'élevait à 241.

Elle avait retenu ce chiffre à cause de Sirius qui lui ne se plaignait pas de la cantine mais d'un tout autre problème : le manque de temps. Le garçon avait calculé qu'en dormant huit heures par nuit et en ne prenant qu'une légère demi-heure pour se nourrir trois fois par jour, il ne disposait que de 235 heures pour coucher avec 241 filles. Elle avait voulu demander pourquoi il ne réduisait pas le temps qu'il consacrait à chaque fille mais un regard de Remus l'avait dissuadé de poser la moindre question sur l'emploi du temps du jeune Don Juan.

– Je ne comprends pas pourquoi ils ne font pas appel à des elfes ! Gertrude est odieuse !

– Elle ne s'appelle pas Gertrude, lui répondit Lily, et comprends la, elle ne fait pas le métier le plus valorisant au monde... Servir inlassablement des adolescents ronchons et ingrats.

– Ose appeler ça de la nourriture ! s'emporta Marlène en s'installant à l'une des tables.

– Arrête d'être aussi difficile princesse, lâcha Sirius en s'installant à la gauche de Marlène.

– Tu as le temps de venir me parler ? répliqua presque hargneusement la Serpentard.

– J'ai toujours le temps pour toi, lui répondit-il, visiblement amusé par la jalousie de la sulfureuse jeune fille.

– Un loup garou sur la Lune, ça donnerait quoi à votre avis ? demanda James en s'installant à côté de Lily.

– Il mourrait probablement asphyxié, tenta Lily en fronçant légèrement les sourcils.

– Fille cruelle ! répondit-il en affichant une expression faussement scandalisée. Ai-je dit que je l'y enverrai sans combinaison ?

– Quand on parle du loup ! intervint Sirius en regardant Remus s'installer face à lui à côté de James.

– Où est Peter ? demanda Remus.

– Probablement en train de négocier une ration supplémentaire avec Gertrude, répondit Sirius d'un ton ennuyé.

– Elle ne s'appelle pas Gertrude, le reprit Lily en levant les yeux au ciel.

– Ah oui et comment elle s'appelle alors ? demanda James en la défiant du regard.

– Je ne sais pas...

Elle s'apprêtait à répondre mais fut interrompu par l'arrivée de Dorcas Meadowes. Alice et la jolie sorcière de Salem s'étaient liées d'amitié pour le plus grand désespoir de Lily et Marlène. Dorcas, que les maraudeurs appelaient désormais « Doe » n'était pas parfaite... Mais elle avait un don pour agir comme si elle l'était. Les garçons lui vouaient une admiration inexplicable qui faisait naître chez les deux jeunes filles une jalousie qu'elles peinaient à dissimuler.

La jeune fille irradiait littéralement de popularité pour la seule et unique raison qu'elle effectuait lors des matchs de Quidditch, une sorte de danse, avec des figures de gymnaste. Capitaine des Pom-Pom Girl. James trouvait cette idée géniale et était partisans de l'idée d'importer cette pratique à Poudlard. Inutile de préciser que Sirius était plus qu'euphorique à l'idée que des filles à moitié dénudées scandent son prénom en se déhanchant pendant qu'il pratique son sport préféré.

– Je ne comprends pas ce que vous lui trouvez ! s'agaça Marlène en voyant les garçons suivre Doe du regard tandis qu'elle, et ses « coéquipières » traversaient le réfectoire.

– Elle est drôle ! répondit James.

– Tu dis ça parce qu'elle glousse à chacune de vos blagues !

– Parce que nos blagues sont drôles, lui répondit-il visiblement amusé par la situation.

– Vraiment ? Même celle de Sirius sur les 206 os du corps humain ? insista Lily.

– On a 206 os ? demanda Marlène.

– T'en veux un de plus ? lui susurra Sirius sur un ton qui ne laissait aucun doute sur ses intentions.

– T'es un porc, grimaça Marlène.

– Doe a trouvé ça très drôle, répondit Sirius. Et j'ai pu enterrer mon os...

– Doe trouve tout ce que vous faites drôle, intervint Lily en levant les yeux au ciel.

– Parce que tout ce qu'on fait est drôle ! répliqua James avec arrogance.

– Oh oui comme cette fois où Minerva t'avais dit qu'elle voulait te parler et que tu lui as répondu que si c'était au sujet du bal, tu avais déjà dit à Albus que tu étais pris ! Se remémorera Sirius en riant.

– Vous devriez arrêter de les appeler par leurs prénoms, les réprimanda Remus avec son habituelle douceur.

– Pourquoi ? demandèrent James et Sirius d'une même voix, ne remarquant visiblement pas où été le problème.

– Parce que ce sont des professeurs et que ça serait plus respectueux de...

– Minerva et moi sommes très intimes ! l'interrompit Sirius. Tu as vu les commentaires qu'elle me met sur mes copies ? « Très bon travail » ... C'est évident qu'elle ne parle pas juste de mon devoir !

– Et moi je passe plus de temps dans le bureau d'Albus qu'avec ma propre copine.

James ne sembla réaliser ce qu'il venait de dire qu'après avoir croisé les regards emplis d'incompréhension de ses amis.

– Enfin je veux dire... Dans l'hypothèse où j'aurais une copine, ajouta-t-il dans une maigre tentative pour se rattraper.

– Je ne pense pas que tu aies une copine hypothétique James, je pense qu'elle est bien réelle et que tu la cache, lui répondit Sirius en fixant Lily.

– Dis-nous juste qui c'est James, ajouta Remus avec douceur.

– Moi.

Lily qui avait soigneusement évité le regard des autres, se cachant derrière ses cheveux, priant pour que personne ne remarque les rougeurs qui étaient apparues de part et d'autre de ses joues, releva la tête.

– C'est moi, mais j'ai demandé à James de ne rien dire, expliqua calmement Dorcas Meadowes en posant ses mains sur les épaules du garçon qui semblait avoir momentanément perdu l'usage de la parole.

Lily lâcha la main du chef des Maraudeurs, qu'elle tenait sous la table depuis le début du repas. Peter arriva essoufflé et posa son plateau sur la table.

– Vous ne devinerez jamais quoi ! Lâcha Peter.

– Tu as sauté la cuisinière ? lui demanda Sirius sans lâcher Lily du regard.

– Non mieux ! Elle s'appelle vraiment Gertrude !

Holding a Heart - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant