10. Trois questions.

1.2K 57 62
                                    

« Parfois, heureusement certaines choses sont plus simples que prévues. »

-Guillaume Musso, Je reviens te chercher

···

Aria. Rouen.

En voyant l'appétit que retrouvait Nina qui engloutissait ses tartines, Aria lui proposa d'aller prendre l'air en se rendant au parc non loin de leur quartier. L'enfant acquiesça vivement et s'empressa d'aller s'habiller bien chaudement comme l'avait exigé sa grande soeur. Cette dernière se prépara également en passant un jean et un gros pull en mailles qui montait jusqu'à son cou, comme elle les affectionnait tant. Elle compléta le tout par un manteau épais qui avait appartenu à son père, ses vieilles Timberland jaunes et usées ainsi qu'un bonnet.

Malgré le froid, elles arrivèrent au parc remplis d'enfants dont les parents occupaient les journées en cette période de vacances scolaires. Nina se dirigea vers les toboggans tandis qu'Aria se posait sur un banc, profitant de ces derniers instants de calme et de liberté. Elle surveillait au loin sa petite soeur dont le visage était marqué par la fatigue, preuve de la nuit difficile qu'elle avait passée. La petite fille s'élança dans une descente à pleine vitesse mais ne parvint pas à se réceptionner correctement. Elle fit alors un vol plané vers l'avant et s'étala de tout son long. Son aînée, qui avait assisté impuissante à la scène se leva en toute hâte, pour se diriger vers elle et la consoler. Un homme qui se trouvait plus proche de la cascadeuse du jour arriva avant elle sur les lieux et s'agenouilla pour la ramasser. Bien que ce geste semblait partir d'une bonne attention, Aria n'aimait pas vraiment que des inconnus s'approchent de sa soeur. Elle se mit alors à trottiner pour les rejoindre.

« Nina ! Ca va ? Rien de cassé ? s'exclama-t-elle pour annoncer sa présence tant à sa cadette qu'à l'inconnu qui venait de la relever.

- Non, le Monsieur m'a aidée. Quelques larmes sur ses joues témoignaient encore de la douleur qu'elle avait dû ressentir.

- Son jean n'est même pas troué. Une vraie casse-cou ! ria le jeune homme en tournant la tête vers Aria. »

Son sourire s'effaça alors de son visage pour laisser place à la surprise. Il fronça les sourcils. Ce n'était pas possible. Pas encore lui ! La jeune femme commençait à croire que le destin s'amusait un peu trop avec ses nerfs. Pierre se tenait devant elle et le regard qui lui portait la paralysa. Elle avait tiré un trait sur lui lorsqu'elle avait décidé de rester avec Nina ce matin. La fillette brisa d'ailleurs le silence.

« Aria, je peux retourner jouer ?

- Je... je... Oui, mais tu n'as pas mal, tu es sûre ? questionna-t-elle en espérant trouver une porte de sortie.

- Non, ça va. Mais je crois que j'ai quand même besoin d'un bisou magique ! suggéra-t-elle en montrant à sa soeur un sourire qui laissait apercevoir toutes ses dents. »

Pour toute réponse, Aria s'abaissa et lui fit un gros bisou sur la joue en la serrant bien fort. Une fois libérée de son emprise, Nina repartit vers les autres structures, en reportant son choix sur le tourniquet, sa chute rapidement oubliée.

« Tu as déclaré forfait ce matin, fit remarquer Pierre en la rappelant à la réalité. On peut donc considérer que j'ai gagné, encore, même si ce n'est pas trop fair play.

- Je... J'avais des circonstances atténuantes. Je suis désolée si tu m'as attendue, s'excusa-t-elle alors.

- Des circonstances atténuantes ? Donc tu n'as pas eu peur de me revoir ? Il paraissait... soulagé. Oui, ses sourcils étaient défroncés et il souriait presque.

LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant