LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY

40. Au calme.

« Le plus grand bonheur après que d'aimer, c'est de confesser son amour. »

-André Gide, Journal

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Pierre. Spielberg.

Le week-end commençait si bien. Le pilote avait pu se hisser dans le top 10 suite aux qualifications. Mais ses efforts avaient été réduits à néants par une course sprint décevante qui l'avait relégué à la quatorzième place sur la grille. Résultat qu'il n'avait pas réussi à améliorer le dimanche, et pour couronner le tout, il avait également fait l'objet d'une pénalité. Depuis plusieurs courses, le français avait du mal à sortir de la tête de l'eau et à s'obliger à positiver.

Seul le coeur vert niché dans ses messages lui mit un peu de baume au coeur et lui permit d'esquisser un discret sourire. Une fois seul, il prit le temps de s'installer dans son motorhome pour joindre la jeune franco-italienne. Il la verrait dans quelques jours mais devait repasser par Milan pour gérer quelques détails avec son écurie avant le Grand Prix de France. Il voulait prendre la température, savoir comment s'étaient passées ses dernières journées, alors qu'elle avait refusé d'évoquer ses problèmes avant la course. Elle justifiait sa position en expliquant que c'était son moment, que l'heure était à la concentration et que son rôle était alors de le soutenir. Mais il voulait savoir... Elle avait accepté de lui faire lire ce qu'elle avait écrit à propos de son passé et Pierre avait été boulversé par ses mots. Cependant, il était aussi terriblement fier de la confiance qu'elle lui accordait et de la facilité avec laquelle elle se livrait de plus en plus. Lorsqu'il repensait à leurs débuts, il n'aurait jamais pensé parvenir à pénétrer ses défenses aussi facilement. Et pourtant, nous avions tous besoin de réconfort. Parfois, cela faisait du bien de le trouver auprès de quelqu'un qui ne nous connaissait pas vraiment et qui n'attendait rien de nous.

La tonalité se fit entendre une première fois, puis une seconde. Et la jeune femme décrocha instantanément.

« Je ne veux même pas en parler, soupira Pierre face au silence qui s'était immiscé. Aria ne voulait pas le heurter et elle avait toujours du mal à aborder ce sujet avec lui. Il lui était cependant reconnaissant d'éviter les questions évidentes auxquelles il devait souvent répondre telles que les "ça va ?".

- Tu vas pouvoir souffler pendant deux semaines. Et tu vas rentrer à Milan pour que vous puissiez regarder tout ça de plus près.

- On va bien finir par trouver une solution, mais la fin de saison va vite approcher maintenant.

- Tout est encore possible Pierre. Parfois il faut croire aux miracles, lui souffla Aria.

- On a déjà eu beaucoup de chance tous les deux en début d'année. J'ai peut-être usé mon quota, expliqua-t-il maladroitement pour signifier que le hasard n'avait pas sa place. Il entendit la brune bégayer au bout du fil. Que pouvait-elle répondre à ça en sachant combien sa carrière comptait pour lui. Je veux dire, reprit-il, le destin n'a pas vraiment sa place en Formule 1 tu sais... Et puis, si c'est le cas, ça en valait la peine, rattrapa-t-il. Un silence pesant s'installa suite à ses propos.

- Pierre... commença-t-elle finalement. A quoi avait-il pensé ? Il ne pouvait pas lui donner cette porte de sortie. Il ne voulait pas qu'elle interprète ses propos comme une excuse pour le repousser à nouveau.

- Alors, raconte-moi. Comment ça va Nina et toi ? Vous avez revu l'assistante sociale ? changea-t-il de sujet.

- Non, pas encore. Elle veut nous laisser un peu réfléchir à tout ça... Enfin surtout moi, avoua la jeune femme.