60. L'adversité.

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« Il est grand temps de rallumer les étoiles. »

-Guillaume Apollinaire

···

Aria. Milan.

« Voilà que je te trouve encore à contempler les étoiles, souffla Pierre en la rejoignant sur le balcon. La fête qu'ils avaient organisée pour le nouvel an en réunissant tous leurs amis battait son plein. La jeune femme avait eu besoin de s'éclipser quelques minutes pour prendre l'air et apprécier ce qu'elle était en train de vivre. Elle remercia le pilote qui posa une couverture sur ses épaules dénudées. Tu rêves de les attraper ?

- J'ai toujours cru qu'elles étaient inaccessibles. Qu'elles représentaient la promesse que tout était plus beau, vu de la haut, plus brillant, plus étincelant mais que jamais tu ne pourrais y goûter si tu n'étais pas leur niveau, expliqua-t-elle.

- Et maintenant ?

- Maintenant, j'ai pris conscience qu'il y avait aussi des étoiles qui peuplaient la Terre et qui pouvait simplement embellir ton quotidien si tu les laissais s'approcher. Et je ne les envie plus, celles qui restent là haut dans le ciel. J'ai même de la peine pour elles si elles sont condamnées à contempler notre bonheur sans jamais pouvoir éprouver ce que je ressens à cet instant. Elle prit le bras du châtain qui était enroulé autour de son cou et descendit jusqu'à sa main pour ouvrir sa paume. Elle y déposa un petit écrin qu'elle avait sorti de sa poche.

- Tu n'imagines même pas la tête de ma mère si elle apprend que c'est toi qui m'a demandé en mariage ! Se moqua-t-il alors qu'elle se retournait pour lui faire face, l'encourageant à l'ouvrir d'un regard amusé et bienveillant. Il y trouva une simple étoile dorée sertie de quelques paillettes dont le centre était ajouré. L'astre était monté sur une tige comme un pins.

- Je... C'est pas grand chose. Et je comprendrai que tu ne veuilles pas le porter. C'est juste que je ne pourrais pas te suivre tous les week-ends la saison prochaine. Alors, je voulais quelque chose de simple que tu pourrais épingler à l'intérieur de ta combinaison, se justifia-t-elle.

- Ton étoile sera parfaite pour veiller sur mon cœur, la rassura-t-il. Merci, il déposa ses lèvres sur sa tempe. On va devenir des habitués des déclarations au clair de lune, souffla-t-il.

- C'est une atmosphère propice aux confessions.

- C'est encore une autre de nos traditions, sourit le châtain.

- Encore une autre ? Répéta Aria. Parce qu'on en a déjà beaucoup ? On va devenir un vieux couple...

- Ça c'est impossible ! Quand on sera un vieux couple, je ne me lèverai pas tous les matin à l'aube pour aller courir dans le froid.

- Donc tu m'abandonneras ? Elle prit un ton boudeur.

- Tu resteras avec moi sous la couette, répliqua-t-il en passant ses mains sur les bras de la jeune femme pour la réchauffer.

- Je sais que tu adores ça.

- C'est parce que c'est notre moment. Et puis c'était notre premier rendez-vous. J'essaye de te faire une aussi bonne impression que ce matin là à Milan.

- J'étais terrorisée tu veux dire ! S'exclama-t-elle. Il y a un mec qui me courrait après tous les matins.

- Ça pour t'avoir couru après... glissa-t-il, songeur. Mais tu es revenue, tous les jours.

LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant