LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY

20. Fierté.

"This is the hardest story that I've ever told
No hope, no love, no glory
A happy ending gone forever more
I feel as if I'm wasted
And I'm wasted everyday
This is the way you left me, I'm not pretending
No hope, no love, no glory, no happy ending
This is the way that we love, like its forever
Then live the rest of our life but not together"

-Mika, Happy Ending

...

Nina. Spielberg.

L'adolescente se glissa dans un coin du box depuis lequel elle pouvait tout apercevoir. Et son regard glissa vers l'agitation extérieure. Les mécaniciens s'employaient à faire des entraînements intensifs pour réaliser de bons pit stop, n'ayant aucun droit à l'erreur en situation de course. Tous avaient à l'esprit que ce passage délicat pouvait parfois leur faire gagner ou leur faire perdre un Grand Prix. Chaque seconde comptait. Chaque centième était important.

Nina observait cette danse d'une précision folle. Chacun à sa place. Chacun était un rouage d'un ensemble bien plus grand que lui. Une machine qui se perfectionnait pour être parfaitement huilée. Elle effectuait une danse précise dont les pas avaient été répétés maintes et maintes fois. Et coordonnés les uns avec les autres, on assistait à un miracle. Et c'est cette perfection qu'elle espérait voir à nouveau à l'œuvre ce week-end. Ce travail d'équipe qui permettrait de porter un seul homme en triomphe. Elle avala sa salive, ne sachant pas comment Pierre faisait pour gérer toute cette pression qui pesait sur ses épaules. Avec son coéquipier, ils portaient les espoirs de tous les employés de l'écurie et des fans tout en pourchassant leur propre rêve de tutoyer les sommets.

Elle fut interrompue dans sa contemplation par une main qui vint se poser délicatement sur son bras pour y effectuer une légère pression.

« Ça te fascine toujours autant ? Demanda sa sœur qui venait de se poster à ses côtés. L'adolescente hocha simplement la tête pour répondre silencieusement, ne voulant pas briser la sérénité qui s'était emparée du garage. Je me souviens quand j'ai commencé à te montrer les courses à la télé, tu voulais systématiquement revoir tous les pit stop en replay. Tu pouvais repasser au moins dix fois la scène. Nina sourit en repensant à son comportement d'alors. Tu te rapprochais de l'écran, comme si ça te permettait de voir ce qu'il se passait de plus près, et tu essayais d'analyser chaque geste pour voir quel mécano pouvait s'améliorer. Et puis après, tu faisais un rapport à Pierre. C'était mignon, conclut-elle. La blonde se rappelait parfaitement de sa passion pour ce moment fort de la course.

- C'était un truc de gosse, souffla-t-elle presque dédaigneuse.

- Les trucs de gosse font naître des vocations, reprit Aria.

- C'est qu'un rêve ça. Je pourrais jamais être à leur place.

- Donc tu aimerais ? Souligna malicieusement son aînée.

- Je... Je sais pas. C'est une idée qui m'a traversé l'esprit. C'était, à vrai dire, bien plus qu'un songe. Cela faisait des années que sur les feuilles de renseignements au collège, elle écrivait, qu'un jour, elle serait mécanicienne. Mécanicienne en Formule 1. Elle devait entrer au lycée en septembre et elle avait passé du temps à se renseigner sur la meilleure manière d'atteindre son but, sans jamais en parler à personne. Ni à sa sœur, qu'elle ne voulait pas faire souffrir en la replongeant dans un environnement qui lui rappellerait son ex. Ni à Pierre parce qu'elle avait peur qu'il s'investisse dans ce projet et qu'il devienne réel. Elle préférait laisser son imagination divaguer et se représenter un futur où elle aurait la possibilité de s'épanouir en vivant de sa passion.