"Life as short as the falling of snow
And now I'm gonna miss you, I know"-Coldplay (ft. Gwyneth Paltrow), Everglow
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Merci pour vos réactions sur le chapitre précédent. Ça fait chaud au coeur 🫶
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Aria. Paris.
Elle ne tenta pas d'ouvrir les yeux. Sa tête lui faisait mal. Dans un long soupir, la jeune femme se retourna dans son lit pour tenter de se rendormir. Elle se heurta dans son mouvement à une masse. Un corps chaud qui semblait allongé à ses côtés et qui glissa une main endormie sur ses hanches.
Aria paniqua quelques secondes, essayant de se rappeler ce qu'elle avait bien pu faire la veille. Elle passa une main sur son front en se redressant et en s'échappant délicatement du bras qui était venu se poser sur son corps. Sa bouche était pâteuse. Le vin. Le nectar qui lui avait finalement permis de fêter une bonne nouvelle. Ses jambes engourdies. Et Pierre.
Il était plongé dans un profond sommeil. Ses mèches retombaient sur son front et venaient chatouiller ses paupières. Ses lèvres étaient étirées en un sourire qui lui donnait un air apaisé.
La brune se retint de passer ses doigts dans ses cheveux fins pour dégager son visage. Elle regrettait qu'il ait les yeux fermés. Parce qu'elle aurait voulu contempler ce calme bleu océan une dernière fois. Elle se souvenait de l'intensité du regard qu'il lui portait hier. Cette nuit avait été merveilleuse. C'était une certitude. Mais ça avait aussi été une erreur.
Alors, elle se leva avec la plus grande délicatesse pour qu'il puisse profiter encore quelques minutes du bien-être qui envahissait tout son corps. Elle passa rapidement dans la salle de bain et chaussa ses baskets pour partir faire ce qu'elle avait de mieux à faire. Mettre un pied devant l'autre. Et avancer. Courir. Se dépenser. Oublier. Ne serait-ce qu'un instant.
Cette soirée d'ivresse.
Cette nuit de caresses.
L'obscurité avait été témoin de cette tendresse.
Ils avaient cédé à leurs faiblesses.Aria prenait son chemin habituel. Elle n'avait pas besoin de plus de surprises. Elle avait besoin de retrouver sa routine. Un quotidien serein et simple. En remontant de l'autre côté du canal, elle se rendit compte que ne rien changer était sans doute une mauvaise idée.
Puisqu'il était là, se tenant devant la barrière, à contempler l'horizon. Il se tenait au lieu de leur point de rendez-vous. Là où leurs vies avaient plusieurs fois pris de nouveaux tournants. Là où se mêlaient passé, présent et avenir.
Elle se posta à ses côtés, regardant face à elle de peur de croiser ses pupilles bleues. Elles seraient sûrement moins calmes qu'hier soir. Elles seraient sûrement plus assombries. Et elle n'avait absolument pas le courage de les affronter.
« Je suppose que si tu es partie ce matin, c'est que tu ne veux pas vraiment en parler... avança-t-il. Son mal de crâne qu'elle pensait endormi la frappa à nouveau.
- Pierre, je... soupira-t-elle. Je ne sais pas quoi dire. Il prit son bras pour la forcer à croiser ses yeux.
- C'est bien la première fois que je n'arrive à pas à savoir à quoi tu penses.
- J'avais pas prévu ça non plus, avoua Aria.
- Mais... Il hésita. Tu en avais envie, non ? Elle ne pouvait pas le contredire. Elle avait apprécié chaque minute de la nuit dernière. Moi, j'en avais envie, compléta-t-il face à son silence.
- On devait se contenter de rester présents l'un pour l'autre. Et surtout, pour Nina.
- On peut faire les deux à la fois, répliqua le pilote.
- Je... »
Elle était à court de mots. A court d'arguments. Elle n'avait pas compris que Pierre avait encore ce genre de sentiments à son égard. Elle s'en voulait un peu plus. Elle n'aurait définitivement pas dû boire hier. Elle aurait dû une nouvelle fois se contrôler et ne pas céder à ces pulsions de désir.
« C'est vraiment ce que tu veux ? demanda-t-elle en haussant un peu trop le ton à son goût. Le châtain la dévisagea, outré qu'elle puisse douter de la véracité de ses sentiments. Je veux dire, reprit-elle. Tu viens de te séparer de ta copine. Nina s'est faite renversée, on a attendu ensemble son réveil. On s'est soutenu. On a eu peur qu'on nous l'enlève, dans tous les sens du terme. Et hier, on a fêté ça. Et... Et elle ne savait pas pourquoi elle racontait tout ça. Et c'était bien.
- Bien ? l'interrompit-il.
- C'était plus que bien, souffla-t-elle. C'était...
- Comme avant ?
- Comme avant ? répéta-t-elle difficilement. Mais rien n'est comme avant Pierre.
- Ça pourrait l'être. Ça pourrait être encore mieux.
- Tu ne peux pas te rattacher à cette image que tu as du passé. On a vécu de véritables montagnes russes d'émotions ces dernières semaines. Alors tu te raccroches au positif. Et à cette ancienne version de nous. Mais on n'est plus comme ça, souffla la jeune femme.
- Pourquoi on ne pourrait pas retrouver ce qu'on avait ? Explique-moi ! Qu'est-ce qui est différent aujourd'hui ? Questionna-t-il.
- Pierre... Je t'ai fait beaucoup trop de mal. Il soupira. Et je ne pourrais jamais le réparer. Comme je ne pourrais jamais combler le vide que j'ai causé dans ton coeur.
- Tu ne veux surtout pas essayer, rétorqua le châtain.
- Essayer quoi ? Il ne répondit rien. J'essaye de faire en sorte que tout se passe pour le mieux, explosa-t-elle. Pour toute le monde. En toute circonstance. Et là, on a cette chance que Nina reste avec nous. Je t'offre la possibilité de faire partie de sa vie. Je croyais que c'était ce que tu voulais. Une garde alternée. Une garde partagée. Est-ce que j'ai envie que tu sois présent dans ma vie et dans celle de Nina ? Bien sûr, lâcha-t-elle. C'est... C'est ta fille, dit-elle en se pinçant les lèvres. Et une fille a besoin de son père.
- Alors, on est juste les parents qui ne vivent plus ensemble et qui s'entendent bien ? »
Elle hocha la tête. Et elle était persuadée qu'elle ne faisait qu'alourdir sa peine. Encore. C'était tout ce qu'elle avait toujours réussi à faire.
« On doit nier tout ce qu'on ressent. On doit nier ce qu'il s'est passé la nuit dernière ?
- Pierre, c'était une erreur la nuit dernière, dit-elle à contre coeur. Il avala difficilement sa salive.
- Aria... Je te connais. Tu peux peut-être passer ta vie à douter de tout. A réfléchir à chaque geste avant de l'exécuter. A peser le pour et contre pour être sûre de ne pas être déçue. Pour être sûre de ne pas avoir mal. Mais la vérité, c'est que le doute n'empêche pas la peur. Comme la peur, n'évite pas le danger. Il y aura toujours mille raisons que le pire arrive. Mais tu ne peux pas laisser tes angoisses gagner. Tu ne peux pas passer ta vie à avoir peur d'être heureuse, parce que tu pourrais souffrir, si jamais ça se passait mal. »
Et il partit en petites foulées. Laissant Aria seule avec ses pensées. Le coeur encore un peu plus brisé. Parce qu'elle avait une nouvelle fois fracassé le sien. Elle était à nouveau seule. Seule avec cette anxiété qui lui tordait le ventre et les entrailles. Qui s'insinuait dans chacune de ses veines et qui crispait chacun des muscles de son corps.
Mais elle ne pouvait pas céder. Elle se devait de résister. Elle préférait qu'il est mal maintenant plutôt qu'il soit malheureux avec elle. Parce que s'ils se laissaient à nouveau aller à leurs sentiments, l'un des deux devrait renoncer aux perspectives qu'il avait imaginées pour son avenir. Et rien ne lui ferait plus de peine que Pierre renonçant à ses rêves. C'était une culpabilité qu'elle ne se sentait pas de porter.
...
Vous ne pensiez pas que ça serait aussi facile quand même...?
Et si je n'aimais pas les happy ends ?
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LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY
RomanceLui est pilote en F1 et ne pense qu'à travailler pour son avenir. Elle est étudiante et a tout perdu. Ou du moins, elle a beaucoup perdu et elle vit pour échapper à son passé. Une frontière sépare leurs deux mondes. Mais pourtant, ils se rencontrent...