51. Une dernière chance.

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« It's time to begin isn't it?
I get a little bit bigger, but then I'll admit
i'm just the same as I was
Now, I don't you understand
That I'm never changing who I am? »

-Imagine Dragons, It's time

···

Pierre. Paris.

Il baillait en quittant le périphérique. Il avait quitté Milan sur un coup de tête pour rouler toute la nuit. Ne parvenant à trouver le sommeil, Pierre avait décidé de retrouver celle qui hantait ses pensées. Il se tournait et se retournait dans son lit, seul, et ça l'avait profondément énervé. Il était incapable de penser à autre chose et les mots d'Aria tournaient en boucle dans sa tête.

"Je pensais que tu étais en train de m'aider à me reconstruire."

"Aujourd'hui, il ne reste plus que des ruines."

"devoir te ranger dans un tiroir que je préférerai oublier"

"Je ne sais pas si je le peux... Ni même si je le veux."

"Je n'avais qu'à courir plus vite... pour ne pas me laisser attraper."

Il était tombé sous son charme. Il était incapable de dire ce qu'il l'avait frappé en premier. Ses yeux uniques qui mêlaient toutes ces couleurs et dans lesquels reposaient un grand mystère. Ou était-ce son caractère qui transparaissait dans ses actes. Sa détermination. Sa pudeur. Son espièglerie. Son indépendance. Sa fatalité. Un mélange des deux sans doute. Après tout, c'est ce qui faisait d'elle cette personne si singulière qui avait su le toucher en plein coeur et qu'il avait envie de découvrir les multiples facettes qu'il ignorait encore.

Il avait voulu l'aider, sincèrement, être à ses côtés pour l'épauler. C'est ce qu'il attendait d'une relation. Un soutien mutuel fort. Une confiance certaine. Mais son passé avait rejailli sur le présent de la jeune brune et il impacterait forcément son avenir. Il était persuadé qu'il ne l'avait pas brisée, c'était sûrement impossible de mettre à terre un être aussi fort. Mais il lui avait fait du mal, indirectement. Encore une fois, il n'avait pas pu contrôler tous les paramètres de sa vie et il l'avait perdue. Pierre espérait avoir encore une chance de réparer ce qu'il s'était passé. Et si ce n'était pas le cas, il aimerait au moins pouvoir construire quelque chose de nouveau sur les ruines qu'il avait causées. Mais il en était sûr, il voulait bâtir ce futur avec elle.

Il s'était alors levé de son lit, déterminé à faire ce qu'il fallait et ne surtout pas rester à se morfondre. Il n'avait jamais été ainsi. La suite avait été naturelle. Il avait attrapé ses clés de voiture, mis quelques affaires en pagaille dans un sac et s'était installé derrière son volant. C'était sa place préférée au monde. Celle qui l'empêchait de penser à tout le reste. Tout semblait plus simple vu d'ici. Il suffisait de suivre la route, d'appuyer sur l'accélérateur et le paysage s'offrait à nous.

Et pendant ces neuf heures de route, rien d'autre ne comptait. Il ne pensait pas à ce qu'il l'attendait à Paris. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait lui dire et de la manière dont elle pourrait réagir. Tout ça n'avait aucune importance tant qu'il pouvait par son simple geste lui prouver qu'il était désolé mais qu'il l'aiderait à surmonter cette nouvelle épreuve.

La nuit noire le replongeait dans tous ces moments qu'ils avaient passés ensemble. Ce petit jeu qui s'était installé à Milan sous l'astre d'argent circulaire. Les étoiles brillantes du ciel rouennais qui leur avaient offert la chance de se retrouver. L'obscurité dans laquelle il avait été plongé lorsqu'il espérait simplement la revoir. La lune qui avait été témoin de leurs retrouvailles au bord de l'eau dans la capitale puis de leurs adieux temporaires. Le soleil qui avait si violemment mis en lumière son absence et les erreurs qu'il avait commises en se perdant sur différents chemins pour finalement lui montrer ce qu'il désirait vraiment. Les astres italiens qui parsemaient le ciel avaient à nouveau été témoins de partage et de sincérité quand ils s'étaient confiés l'un à l'autre et qu'ils s'étaient silencieusement promis d'être là, l'un pour l'autre. Et la lune qui les avait un instant séparés puis réunis ce matin là dans la capitale française. Les étoiles monégasques avaient assisté à leur tout premier baiser et la lune parisienne de leur première nuit qui avait été si douce et sincère.

LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant