LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY

6. Personne.

"I'm hunting high and low
And now she's telling me she's got to
Go away"

-A-Ha, Hunting high and low

...

Aria. Monaco.

La jeune femme arriva par le train de nuit au petit matin sur le rocher monégasque. Elle avait finalement mis sa fierté de côté pour envoyer un message au français. Et elle avait été soulagée lorsqu'il lui avait confirmé que Nina venait de débarquer chez lui. Elle n'avait pas pris vraiment le temps de réfléchir. Il fallait qu'elle parle à sa soeur, alors elle s'était empressée de trouver un moyen de se rendre à Monaco. Elle se laissa guider par son GPS pour trouver l'adresse que Pierre lui avait indiquée. Mais maintenant qu'elle était devant la porte, elle appréhendait de le revoir. La brune savait qu'elle n'avait pas vraiment tourné la page mais elle essayait d'avancer avec les éléments qu'elle avait à sa disposition.

Elle poussa un long soupir avant de taper sur le digicode. Très prévenant, le pilote lui avait exactement indiqué comment trouver son appartement. La porte s'ouvrit et elle pénétra dans l'immeuble avant de s'engouffrer dans l'ascenseur. Elle se posta devant la porte et tapa deux ou trois fois alors que sa main tremblait. Aria essaya de le masquer en jouant frénétiquement avec ses doigts. Tous les scénarios qu'elle avait imaginés dans sa tête ne l'avaient pas préparée à ça. A ses yeux bleus qui ne savaient pas quelle posture adopter lorsqu'il l'invita à entrer. C'était maladroit. Et ça lui brisait le coeur. Comment en étaient-ils arrivés à être de parfaits inconnus après tout ce qu'ils avaient vécu ?

Elle passa le seuil et se décida à briser ce silence gênant.

« Merci de m'avoir dit qu'elle était avec toi... souffla-t-elle.

- C'est normal. Je sais que tu t'inquiétais. Elle dort encore, indiqua Pierre alors que la jeune femme hocha la tête pour toute réponse. Tu veux boire quelque chose ?

- Je veux bien, merci. Comme un vieux réflexe d'une vie commune, il versa du lait dans une tasse sous son regard. Il s'arrêta et sembla hésitant.

- Tu... Tu ne bois toujours pas de café ?

- Non, encore du chocolat chaud. Il sourit et elle en fit de même en constant qu'il n'avait pas oublié ses habitudes quotidiennes. J'ai... J'ai ramené quelques viennoiseries, déclara-t-elle finalement en sortant le paquet en kraft de son sac.

- Oh... Tu n'étais pas obligée, commenta-t-il.

- Je sais. Il posa la tasse fumante devant elle après l'avoir passée au micro-ondes. Leur échange manquait cruellement de naturel.

- Il ne sera sûrement pas aussi bon que le tien.

- Merci Pierre.

- Aria ? Les deux adultes furent interrompus par une voix qui peinait à se réveiller. Qu'est-ce...? Tu l'as appelée ? Accusa-t-elle le jeune homme en haussant le ton pour montrer qu'elle se sentait trahie.

- Non Ninouche... commença-t-il.

- J'ai deviné ! intervint sa soeur. J'ai tout essayé à Paris. La salle de boxe. Marie. Thomas. Les buttes de Chaumont. Le canal. Et puis, en rentrant, j'ai vu le colis sur la table. Le paquet bleu.

- Pourquoi tu es là ? demanda-t-elle.

- Je vais vous laisser discuter, signifia le pilote alors qu'il se dirigea vers la salle de bain.

- Pour te parler.

- Parler de quoi ? De mon père qui va sortir de prison ?! s'énerva-t-elle. De moi qui vais devoir aller vivre avec lui ?