45. Complet.

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"Tap on my window knock on my door
I want to make you feel beautiful
I know I tend to get so insecure
It doesn't matter anymore
It's not always rainbow and butterflies
It's compromise that moves us along
My heart is full and my door's always open"

-Maroon 5, She will be loved

...

Aria. Monaco.

Cela faisait déjà deux heures que la jeune femme était assise là, à attendre, dans ces mêmes escaliers où elle avait, il y a quelques mois, eu la première discussion sincère avec Pierre depuis leur séparation. Le jour où elle avait accepté de lui laisser Nina. Elle se souvenait avoir essayé de cacher ses larmes. Elle se souvenait de sa détresse, ne sachant pas comment gérer cette situation. Elle se souvenait de la promesse qu'elle lui avait faite. « Essayer de prendre soin d'elle. »

Encore un engagement qu'elle avait pris sans être bien sûre de pouvoir s'y tenir. Elle lui avait promis. Elle avait promis autre chose à Nina la veille. Et on ne brise pas une promesse. C'est ce que sa Nonnina lui avait appris. C'était la chose la plus importante pour elle. "Rispettare le promesse fatte alle persone che ami." « Respecter les promesses faites à ceux qu'on aime. »

Cette phrase raisonnait en boucle dans sa tête alors qu'elle se demandait ce qu'elle faisait là. Ce qu'elle espérait en abandonnant sa sœur à Paris, prétextant un déplacement professionnel urgent, après l'avoir vu partir pour sa première journée de cours et en sautant dans un train, direction Monaco.

Ce n'était que pure folie. Elle avait trouvé porte close en arrivant chez le pilote, sûrement pas encore rentré de son déplacement à Spa, pour le Grand Prix du week-end. Ou déjà reparti sur les routes pour préparer la fin de la saison. Elle se trouvait ridicule.

Après tout, à quoi elle s'attendait. Elle lui avait brisé le cœur à plusieurs reprises. Elle l'avait malmené. Elle était retombée dans ses travers en le repoussant encore une fois. Elle ne pouvait pas espérer qu'il lui ouvre grand les bras, comme dans n'importe quel film romantique à l'eau de rose qu'elle détestait tant.

Elle soupira en entendant des pas claquer sur les marches et se leva pour ne pas gêner le passage. Aria était décidée à en profiter pour aller faire un tour dans la ville, et peut-être, rentrer à Paris.

Mais alors qu'elle se mît sur ses jambes légèrement endolories par leur immobilité, son regard croisa deux pupilles bleu océan écarquillées de surprise. Elle le détailla un instant.

Ses cheveux étaient en bataille. Des petites cernes sous ses yeux trahissant la fatigue de ce week-end qui n'étonnèrent pas la jeune femme. C'était toujours une date difficile dans le calendrier. Des fossettes naissantes au coin de ses lèvres qu'elle aimait tant. Un style vestimentaire élégant et classique qui, elle trouvait, correspondait bien à sa personnalité et ajoutait un je-ne-sais-quoi à son charme. Un simple t-shirt blanc sur un pantalon large gris clair. Ses éternelles grosses sneakers, aujourd'hui de couleur rouge. Sa valise dans une main, tenant ses lunettes de soleil du bout des doigts. Dans l'autre, les clés qui s'entrechoquaient tandis qu'il jouait avec.

« Qu'est-ce... La suite de sa phrase mourut entre ses lèvres. La brune avait préparé plusieurs scénarios dans sa tête, mais elle semblait avoir tout oublié.

- Je t'attendais, il n'en fallut pas plus pour déclencher le rire du rouennais qui se fracassa contre les murs de la cage d'escalier, raisonnant en écho. Quoi ? Demanda-t-elle désemparée par sa réaction.

- Je... commença-t-il. J'ai pris la route tôt ce matin. J'ai pas pris l'avion avec l'équipe parce que je voulais faire un arrêt en route. Aria ne comprenait pas où il voulait en venir. J'étais dans la même position que toi, je t'ai attendu à Paris ce matin. J'ai appelé Nina et elle m'a dit que tu étais en déplacement. »

C'était à son tour de se montrer surprise. Ils avaient eu la même idée. Ce n'était peut-être pas tant une folie que ça, finalement. Ou alors ils étaient vraiment perdus, tous les deux. Elle bégaya, incapable de savoir quoi faire. Pierre l'invita alors à entrer dans son appartement et elle accepta le verre d'eau qu'il lui tendit.

« Alors, elle se racla la gorge, cherchant la force de rompre le silence, pourquoi tu as fait un crochet à Paris ?

- Parce que c'est la rentrée de Nina. Et puis aussi, pour la même raison que tu es là à m'attendre je suppose. Du moins, je l'espère. La jeune femme reconnaissait là son côté joueur et mystérieux. Il n'allait pas dévoiler toutes ses cartes si elle n'en faisait pas autant. Je me trompe ? »

Elle plongea son nez dans son verre pour tenter de fuir et de cacher son visage qu'elle sentait rougir. Pourquoi elle se dérobait ? Après tout, elle avait traversé la France pour lui dire ce qu'elle pensait. C'était déjà trop tard. Si ses paroles n'éclairaient pas la situation, ses actes l'avaient déjà trahie.

« Je... Je me suis jamais pardonnée pour notre rupture.

- Aria... la coupa-t-il.

- Attends, il n'y a pas que ça... Laisse moi finir, s'il-te-plaît. Tu le sais. J'ai pas confiance en moi, commença-t-elle. Je doute tout le temps. Je me prépare au pire. Je suis angoissée par rapport à l'avenir, débita-t-elle en jouant avec ses doigts pour tenter de se calmer. Mais s'il y a un truc sur lequel je n'ai jamais eu le moindre doute, même pendant ces deux dernières années, c'est la confiance que j'ai en toi, soupira-t-elle. Et donc, je pense que je peux logiquement te croire quand tu dis que toi, tu crois en moi.

- Je suis content que tu sois déterminée à faire un travail sur toi Aria. Tu mérites d'être heureuse, ajouta-t-il en la fixant de ses yeux pétillants.

- Tu comprends pas. Je crois en toi. Et j'essaye de croire en moi. Alors, je... Elle hésita. Enfin, ça me donne envie de croire en nous. »

Voilà. La bombe était lâchée. Et elle voulut trouver toute la force du monde pour détourner le regard. Pour arrêter de voir ses pupilles qui la transperçaient pour essayer de lire dans ses pensées. Comprendre ce qu'elle avait en tête.

Ça faisait quelques semaines qu'elle cherchait à faire la même chose. Et tout s'était remis naturellement en place. Nina qui resterait à ses côtés une bonne fois pour toutes. Le bonheur d'être une famille soudée. La chance d'être à nouveau réunis. Et sa promesse de prendre soin d'elle se conjuguait avec celle d'avoir confiance en elle-même.

Elle en était certaine. Et la brune n'avait vu qu'une seule manière de les tenir. Rester maître de son destin. Et confier les clés de son cœur aux deux personnes qui croyaient le plus en elle.

« Tu es sûre que tu veux te lancer là-dedans ? Demanda finalement Pierre. »

Elle eut l'impression de recevoir un coup de poing en pleine poitrine. Et elle regretta d'avoir mis ses sentiments sur la table. D'avoir été assez naïve pour se mettre à nue, encore. Tout était une question de timing et une nouvelle fois, Aria était à contre-temps.

Elle avait sans doute été stupide de croire qu'elle pourrait enfin reprendre le cours de sa vie qui semblait avoir été mise sur pause il y a deux ans. Rien n'était aussi simple.

Il dut voir ses larmes menacer de couler parce qu'il s'empressa d'ajouter.

« C'est juste que, tu me connais, je ne fais jamais la même erreur. »

Son dernier mot raisonna dans sa tête. C'était donc comme ça qu'il voyait leur histoire. Une erreur.

« Cette fois, je ne compte pas te laisser partir. »

Et la douleur qui enserrait sa cage thoracique s'évapora d'un coup d'un seul. Les pleurs s'échappèrent de ses yeux, trahissant son soulagement. Sa lèvre inférieure tremblait et le pilote s'empressa de venir la capturer dans un long baiser mêlant larmes salées et rires nerveux, amour et perspective de jours heureux.

Elle avait raison de lui faire confiance. C'était le seul qui avait la recette pour recoller son cœur qui lui paraissait enfin complet. En un seul morceau. Battant à l'unisson.

...

J'espère avoir réparé un peu vos cœurs.

LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant